« Grand bla-bla » pour les plus réfractaires des « Gilets jaunes », grand fatras pour le plus grand nombre qui auront bien du mal à se retrouver dans les innombrables contributions individuelles et collectives versées aux cahiers de doléances, le Grand débat national qui vient de s'achever fait penser à la formule : le problème de la France, c'est qu'il y a 66 millions d'entraîneurs de l'équipe de football ! Surtout quand elle perd... Emmanuel Macron, qui doit dire ce qu'il retient de cet exercice démocratique inédit qu'il a voulu pour renouer avec les Français, est conscient de ce risque : « Il n'y aura pas de sortie positive si chacun ne prend pas sa part de responsabilité », a-t-il prévenu. Pas sûr qu'il soit entendu quand il s'agira, bientôt, de réformer l'État, l'assurance-chômage et les retraites...
N'en déplaise aux esprits grincheux, pour qui le pouvoir n'a retenu que ce qui l'arrangeait et qui s'étonnent qu'il ait fallu cinq mois depuis le déclenchement de la crise, le 17 novembre dernier, pour se rendre compte que le ras-le-bol fiscal était devenu une exaspération, il faut se féliciter qu'on entre enfin dans l'acte II du quinquennat avec un cap clair et cohérent : baisser les impôts et réformer l'État. Au sortir du Grand débat, le président de la République se retrouve cependant face à une exigence : ne pas décevoir à nouveau les Français. Le chef de la maison France doit s'appliquer la même règle que tous les bons managers : on a le droit de faire des erreurs, mais si possible pas deux fois la même... À Emmanuel Macron de démontrer que « nous ne reprendrons plus le cours normal de nos vies », en oubliant que ce qui a déclenché cette crise, ce sont trente ans de renoncements et d'impuissance publique.
La question de l'ISF et de l'âge de départ à la retraite
Sur la baisse des impôts, il doit faire des choix cohérents avec l'exigence de justice exprimée par les Français, qui ont toujours l'impression de payer pour les autres. La conditionnalité de la suppression de l'ISF a été mise sur la table par le président lui-même. Elle pourrait débloquer politiquement tout le reste et permettre d'enclencher une grande simplification fiscale, en allégeant l'impôt des classes moyennes, qui ont payé très cher la crise de 2008.
Le cas des retraites est tout autant emblématique. C'est Emmanuel Macron qui a souhaité que la question de l'âge effectif de départ soit posée en même temps qu'est menée la réflexion sur la fusion des régimes pour passer à la retraite à points. Reporter progressivement d'un, voire de deux ou trois ans, l'âge de départ est un des moyens les plus simples de garantir à long terme le niveau des pensions face au vieillissement. Emmanuel Macron, qui s'est engagé à ne pas toucher à l'âge légal de départ, osera-t-il ouvrir ce nouveau chantier ? Si c'est le cas, il devra là aussi le faire dans la transparence et dans la justice. Une occasion pour lui de renouer le dialogue avec la démocratie sociale et les syndicats.
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