La face cachée des soft skills

LE TRAVAIL DANS TOUS SES ÉTATS. Tout un ensemble de compétences préalablement associées aux soft skills glisse désormais vers des compétences opérationnelles. Par Francis Portogallo, conférencier et consultant en IA et RH.
(Crédits : Pixabay)

L'attention portée sur les aspects comportementaux est-elle en voie de prendre le pas sur les savoir-faire opérationnels ? L'équilibre entre hard et soft skills, s'il représente la panacée en société, n'est pas la recette miracle du succès en affaires. L'image d'un Steve Jobs, comme celle de beaucoup de ses condisciples, est bien là pour nous le rappeler. Il est clair que la problématique de la direction d'Apple ne se reproduit pas dans tous les secteurs de l'entreprise, quelle que soit sa taille, cependant si le besoin se porte sur une efficacité opérationnelle bien précise, les choix comportementaux viennent au second plan.

En fait si ce thème est de plus en plus évoqué, c'est plus dû au changement de paradigme dans l'organisation de la production qu'à une prise de conscience purement sociétale. Les mutations industrielles sont responsables de plusieurs changements structurels de différents ordres. Tout d'abord, la forte automatisation de la production, et plus généralement des processus formalisés, déplace l'évaluation du travail plus vers les attentes en matière de management et de communication que vers l'expertise proprement dite.

Laquelle est de plus en plus déléguée à la machine. Ensuite, la globalisation a restructuré l'organisation de la production en îlots de spécialités qu'il faut aujourd'hui faire coopérer. C'est une des variables prépondérantes dans le champ concurrentiel. Ces îlots sont répartis aux quatre coins du monde, mêlant des problématiques culturelles et logistiques qui vont demander des trésors d'adaptation et de compromis. De plus, la cohérence de ces îlots est remise en cause en permanence car c'est de leur bon fonctionnement que dépendent les facteurs qui, in fine, feront la différence compétitive.

Les RH en première ligne

Que l'on soit à l'intérieur d'un îlot ou dans leur supervision n'imprimera pas la même acuité aux "soft" ou "hard skills". En d'autres termes, l'appréciation qualitative n'est plus une valeur indépendante des processus. C'est une preuve supplémentaire de la nouvelle place des RH au sein des mécanismes de production et de leur participation effective à la chaîne de valeur. De fait, la frontière entre hard et soft skills devient beaucoup plus ténue. Tout un ensemble de compétences préalablement associées aux soft skills glisse vers des compétences opérationnelles. On pourra les distinguer des aptitudes comportementales générales par leurs associations directes à un processus opérationnel.

Cette nuance qui peut apparaître un tant soit peu académique prend toute son importance si l'on se place du point de vue des techniques d'intelligence artificielle. En effet, les nouveaux algorithmes qui apparaissent permettent de mettre en évidence cette nouvelle segmentation au travers de grands volumes de profils. La prise en compte des schémas organisationnels de la production, désormais facteurs prépondérants de différentiation, offre une plus grande pertinence dans l'appréciation des profils. Fondamentalement, l'approche comportementale ne perd en rien de son acuité et se trouve parfaitement valorisée dans les approches plus sociétales des communautés de plus en plus diverses qui gravitent autour de l'entreprise. Bien être dans l'entreprise sans lui appartenir sera le prochain challenge qui s'imposera à nous.

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Commentaire 1
à écrit le 16/10/2019 à 9:12
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Hier un super reportage sur france culture et tous ses nouveaux métiers sous payés de la "révolution numérique", il n'y a pas d'alternative il faut se faire humilier et exploiter par les marchés financiers.

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