Explosion AZF : le drôle de jeu des RG

Pourquoi une note rédigée dans l'urgence s'est retrouvée dans la presse donnant corps à l'hypothèse d'un attentat, aujourd'hui abandonnée ?

Le procès sur l'explosion de l'usine AZF de Toulouse s'est attaqué, hier mercredi 29 avril 2009, à une curieuse "note blanche" des Renseignements généraux. Cette note évoque la possibilité d'un attentat à l'origine de l'explosion qui a fait 30 morts et 2500 blessés, le 21 septembre 2001. Dans ce procès, Serge Biechlin, directeur de l'usine, et son propriétaire Grande Paroisse, une filiale du groupe Total, sont poursuivis pour homicides involontaires.

Datée du 3 octobre 2001, la "note blanche" des RG, sans indication de service ni signataire, recensait un certain nombre de "renseignements" mettant en cause un ouvrier et laissant penser qu'une bombe avait été déposée sur le site par des terroristes musulmans. Ces "renseignements" se sont révélés inexacts au fil de l'enquête.

Hier, donc, Joël Bouchité, ancien directeur central des renseignements généraux de 2006 à 2008, et, surtout, directeur départemental des RG de Haute-Garonne à l'époque de l'explosion, en 2001, était entendu par le tribunal pour s'expliquer sur cette note. Bilan de sa déposition : il l'assume mais il reconnaît que "cette catastrophe n'a pas d'origine terroriste".

Alors pourquoi cette note ? Joël Bouchité le laisse entendre, mais un policier ayant participé à l'enquête nous l'avait glissé plus crûment à l'époque : "Nous avions une pression terrible de la part de Paris pour ramasser tous les renseignements possibles et les transmettre à la Centrale (NDR : la DCRG) afin qu'ensuite on ne puisse pas nous reprocher d'avoir laissé passer quelque chose d'important". L'usine AZF a explosé 10 jours après les attentats du 11 septembre 2001 contre les Twin Towers de New York et le Pentagone. Le monde policier était en ébullition totale.

Si la rédaction de cette note s'explique, en revanche, la suite est tout à fait curieuse. La note est publiée dans la presse, bien avant d'être consignée au dossier d'enquête. C'est là que tout change. Dans la panique post-11 septembre, l'hypothèse d'un attentat prend corps avant même que l'enquête de police judiciaire puisse vérifier les assertions des RG. Une hypothèse, et une fuite, qui arrange finalement bien la défense de Grande Paroisse.

Dans sa déposition, Joël Bouchité indique "Le pire, c'est qu' [elle] soit rentré dans la presse, dans "Valeurs Actuelles" notamment". Ce n'est pas sûrement pas un hasard si l'actuel préfet à la sécurité de la région Nord-Pas-de-Calais cite l'hebdomadaire. A l'époque de l'explosion, le Directeur central des renseignements généraux s'appelait Yves Bertrand. Il écrira un livre avec l'un des responsables de Valeurs actuelles, Eric Branca. Un livre intitulé "Je ne sais rien, mais je dirai (presque) tout". Chiche ...

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