Condamnée à subir les lois du marché, la démocratie est-elle en danger ?

Si le socialisme est éculé, la bataille du social n'est pas perdue. Trois idées nouvelles pour le prouver. Par Richard Sitbon, économiste, auteur de 'l'économie selon la Bible"

 C'est cette question que pose à tous les citoyens, indirectement le président Hollande avec la nouvelle direction économique en faveur d'une politique de l'offre . Décrite comme un tournant ou une rupture dans la pensée économique socialiste, cette nouvelle route ne serait pas plutôt un constat d'échec ?

 Précarisation de l'emploi et ultra-riches à la fortune exponentielle

Si tel est le constat, alors se réaliserait définitivement la prophétie de Karl Polanyi qui écrivait dans son livre "la grande transformation" : "la privation de liberté est à vrai dire le résultat inéluctable de la philosophie libérale qui prétend que le pouvoir et la contrainte sont le mal et que la liberté exige qu'ils n'aient point de place dans une communauté humaine". Partout ce nouveau capitalisme a apporté la même précarisation du marché de l'emploi, grignotant pour beaucoup ce que les économistes appellent "le pouvoir d'achat libéré", ou ce petit supplément qui laisse à la vie sociale un goût sucré. Dans chaque pays la même minorité d'ultra riches voit leur fortune se multiplier au gré des systèmes de défiscalisation très avantageux.

 La pensée socialiste est éculée, mais la bataille du social n'est pas perdue

Il fut un temps lointain des élections ou les socialistes nous montraient du doigt cet ennemi invisible : la finance. En réalité il n'y a ni ennemi, ni ami. Il n'y a seulement que des modes de vie, des idées qui s'affrontent. Et dans la réflexion, les tenants du capitalisme sont allés jusqu'au bout de leurs idées. La pensée socialiste, elle, restant éculée, nostalgique d'un passé. Est-ce à dire que la bataille du social, de l'humanisme est perdue ? Non.

1) 600 euros par personne au titre d'un "revenu minimum de survie"

 Le défi est à des idées nouvelles. Le changement doit se faire en trois actes :

Le premier est tiré de ce verset de la Bible : Abraham planta un bouquet d'arbres à Beer Sheva. Dans le texte original, il est écrit le nom de l'arbre, "echel", en hébreu, qui correspond, toujours en hébreu, aux initiales de trois mots : nourriture, boisson et logis. Ces termes expriment le minimum que la société doit apporter aux hommes. Actualisée à nos sociétés modernes, cette idée nous demande d'octroyer à chaque adulte "un revenu minimum de survie". Ce "RMS" devra être donné à chaque citoyen âgé de 20 ans, sans distinction de revenu, de statut ou de situation, tout au long de la vie. Les dépenses de protection sociale dépassent aujourd'hui 620 milliards d'euro par an.

A elles seules les prestations de survie, emploi, vieillesse-survie, famille, logement, pauvreté-exclusion, représentent une dépense de plus de 400 milliards d'euros. Cette somme permettrait de verser plus de 600 euros par mois à chacun au titre du RMS. Elle contribuerait, concernant la finance, a une source d'épargne, de consommation et serait un levier gigantesque pour l'économie. Enfin et surtout, le RMS serait pour l'ensemble des citoyens une progression sociale.

2)  Une année sabbatique tous les six ans

Le deuxième acte repenserait le travail et son temps. Ici aussi un texte tiré de la Bible pourrait nous aider : pendant six ans, tu ensemenceras tes terres et tu en engrangeras les produits. Mais la septième année, tu les laisseras en jachère. Ce que propose le texte est de mettre fin à une réalité économique où l'unique objectif serait la poursuite illimitée du gain et de la croissance, pour nous proposer une économie qui inclue une pause dans celle-ci. Non un arrêt, mais un ralentissement ayant pour objectif après 6 ans de travail, une croissance zéro. L'année sabbatique devancerait les cycles des crises courtes, permettrait de lisser les évolutions de la production dans le temps, soit pour éviter les périodes de sous-emploi, soit pour éviter les périodes de surchauffe qui risqueraient d'entraîner des dysfonctionnements.

 3) Des groupes uniques mais solidaires

Enfin le troisième acte, serait de repenser la cohésion sociale. Un dernier texte tiré lui aussi de l'ancien testament nous montrerait la voie: Et Dieu dit à Moshé : chacun selon son drapeau selon la maison de son père.

La société est repensée. Le terme de "shevet" ou de "matteh" est utilisé en hébreu pour désigner "la tribu". "Shevet" est tiré du terme "assis", qui donne son assise à la société. "Matteh" est un terme qui signifie "bâton", sur lequel toute la communauté entière peut s'appuyer. La société proposée ici est une association de communautés à la fois solidaires de la société générale, mais uniques dans leurs caractéristiques. Ainsi, face au défi du communautarisme et des groupes, en s'inspirant de la Bible, une idée nouvelle nous est avancée: "le communautarisme intégré". Une société dans laquelle les groupes seraient uniques mais solidaires, avec un dénominateur commun : le pays et ses lois.

La crise, que nous traversons, est synonyme d'espoir pour une reconstruction et l'émergence d'idées nouvelles, où le personnage principal de cette reconstruction ne sera ni l'état, ni la liberté des marches, mais tout simplement l'homme.

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Commentaires 23
à écrit le 18/06/2014 à 21:41
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Le démocratie a disparue depuis longtemps... Nous vivons dans un oligarchie....

à écrit le 18/06/2014 à 15:13
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Ces propositions sont misérablement superficielles. La démocratie souffre clairement des vices du systèmes électoral : non représentatif (abstention et non inscrits croissants), entretenant les discriminations (peu d'élus femmes ou issus de l'immigr...

à écrit le 18/06/2014 à 14:28
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Bel apriori l'idée qu'économie de marché est opposé à démocratie, et même à humanisme. Alors que notre économie de marché a pris sa place en parallèle à la montée intellectuel de l'humanisme, et que le résultat de l'intellectuel humaniste et de la né...

le 19/06/2014 à 8:08
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Ah bon !!! c est la description de notre systeme, non?!

à écrit le 18/06/2014 à 13:00
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Oui. Mais bon. Si quelqu'un n'a pas encore réalisé que la planète entière est passée en mode oligarchique, faut qu'il retourne en primaire. Tous nos enfants sortent maintenant du primaire en rêvant de devenir oligarques aussi. Génial, non..??

à écrit le 18/06/2014 à 12:58
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Un beau retour de la société tribale qui a toujours donné des pouvoirs exorbitants au chef voire des attitudes mafieuses, voir aujourd'hui le tribalisme de certains peuples sémites. La liberté individuelle c'est aussi l'autonomie dans le sens de choi...

à écrit le 18/06/2014 à 12:12
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le libéralisme ? oui mais total : plus aucune subvention de l'état aux entreprises privées. Que feraient ces messieurs sans la perfusion financière de notre état ?

à écrit le 18/06/2014 à 11:41
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Je réagis parce que je n'en peux plus de lire les mêmes mensonges répétés avec autant d'arrogance et de ferveur religieuse socialiste. "Partout ce nouveau capitalisme a apporté la même précarisation du marché de l'emploi, grignotant pour beaucoup ...

à écrit le 18/06/2014 à 11:36
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Ce monsieur passe tout son article à critiquer le libéralisme, pour terminer par une affirmation du principe même du libéralisme : le personnage principal c'est l'individu. Et cela implique donc la liberté des marchés, et surtout pas l'état. Ce monsi...

à écrit le 18/06/2014 à 11:32
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Le libéralisme est la seule philosophie humaniste, puisque c'est la seule qui défend l'individu. Ce monsieur affirme des choses fausses (seul le libéralisme a sorti de la misère des milliards de gens) et affirme toujours les mêmes énormités des en...

le 18/06/2014 à 12:01
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"seul le libéralisme a sorti de la misère des milliards de gens". rassurez-vous, il est en train de les remettre de là où il les a sorti.

à écrit le 18/06/2014 à 10:12
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La démocratie est en train de disparaitre insidieusement afin que l'on ne puisse se rebeller tel la fameuse théorie de la grenouille nageant dans l'eau d'une casserole entrain de chauffer!

à écrit le 18/06/2014 à 9:47
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Système libéral? Avec un état qui représente 60% du PIB, on en est très loin. Quant à suivre la Bible, que Sitbon et ses potes de gauche respectent déjà le décalogue, après on verra...

le 18/06/2014 à 10:51
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Mais au contraire, les libéraux aime l'état... Avec tous les projets qu'elle finance, les entreprises se frottent les mains. L'état assure même la consommation des pauvres... Nous sommes bien dans un système libérale soutenu par l'état, qui ne fait ...

le 18/06/2014 à 12:31
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@ yurf : les libéraux aiment l'état... Vous connaissez 1984 d'Orwell et la novlangue ? la liberté, c'est l'esclavage, la misère, c'est la richesse, la faiblesse, c'est la force ...

le 18/06/2014 à 16:19
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En France on est dans un système communiste radical pire que sous Staline, c'est prouvé , une enquète americaine indépendante l'affirme.

à écrit le 18/06/2014 à 9:34
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C'est agréable d'avoir des avis un peu dissonants. Ce ne sont pas des stupidités, au contraire. Un RMS plat pour tout le monde permettrait au contraire d'avoir une vraie incitation à travailler, alors qu'aujourd'hui, il y a peu de différence entre un...

à écrit le 18/06/2014 à 8:27
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La France n'a jamais connu d'état libéral. Elle vit sous un système collectiviste depuis un siècle qui aboutit à une faillite sociale, économique et financière. Son modèle ne marche plus que grâce a une dette qui dépasse 2000 milliards d'euros. Il f...

le 18/06/2014 à 10:15
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Cela ne fonctionne pas parce l'on a voulu imiter nos voisins libéraux, ce qui n'était pas le cas auparavant!

à écrit le 18/06/2014 à 8:24
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il n'a rien d'autres à faire que de dire des stupidités ?????

le 18/06/2014 à 9:44
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voir l article dans le figaro d une semaine qui va dans ce sens

le 18/06/2014 à 9:49
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Grâce à la Bible, Israël est dans une situation idéale : paix et amour avec ses voisins, respect de toutes les personnes, dépenses militaires au plus bas...

le 18/06/2014 à 20:15
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Israël c’est surtout : - la haine de ses voisins, et ce depuis 1948 (et bien avant) - un budget militaire hélas (et heureusement) en conséquence… Mais c’est aussi : - un microcosme de l’Humanité (Ashkénazes, Séfarades, Yéménites, Ethiopiens, Russ...

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