Auxiliaires de vie : au cœur du défi du vieillissement en France

OPINION. Face au vieillissement démographique en France, il est urgent de revaloriser le métier d'auxiliaire de vie. Aux côtés des pouvoirs publics, des initiatives innovantes doivent se poursuivre pour améliorer l'attractivité de ces professions essentielles. Par Victor Sebag, co-fondateur de Ouihelp (*)
(Crédits : DR)

Dans les dix prochaines années, le nombre des Français âgés de 75 à 84 ans, va augmenter de 50% passant de 4,1 à 6,1 millions. Dans une société où la longévité est en constante augmentation, la question du bien-être des personnes âgées en perte d'autonomie devient cruciale. Cependant, la condition des auxiliaires de vie, pilier essentiel de ce soutien, reste largement sous-évaluée. Il est temps d'appeler à un changement significatif et enfin de valoriser ceux qui prennent soin des autres.

Les chiffres actuels dressent un tableau alarmant

En France, le secteur de l'aide à domicile emploie plus de 830.000 personnes (Sources : DREES), avec un turnover annuel dépassant les 35% (Source : rapport 2017 de la Branche de l'aide, de l'accompagnement, des soins et des services à domicile). Ces travailleurs, souvent invisibles aux yeux de la société, sont confrontés à des réalités difficiles : bas salaires, horaires fragmentés, et un manque de reconnaissance professionnelle. Selon une étude de la Fondation April, 60% des auxiliaires de vie éprouvent une détresse psychologique liée à leur emploi.

L'un des défis les plus urgents dans le secteur de l'aide à domicile est la pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Selon une étude de la FEPEM (Fédération des Particuliers Employeurs de France), plus de 300.000 postes d'auxiliaires de vie seront à pourvoir d'ici 2030, une nécessité amplifiée par le vieillissement de la population. Cependant, le secteur peine à attirer des candidats, en grande partie à cause des conditions de travail et de rémunération peu attractives. Le taux de vacance des postes dans ce secteur est l'un des plus élevés, reflétant une crise de recrutement alarmante.

La réponse des pouvoirs publics reste insuffisante

Bien que des efforts aient été faits, ils s'avèrent souvent fragmentaires et peu adaptés aux défis réels du terrain. La revalorisation du métier d'auxiliaire de vie ne peut se limiter à des mesures ponctuelles ; elle nécessite une vision globale et des actions concrètes.

Dans ce contexte, des entreprises de la silver économie déploient des efforts considérables pour rendre le métier plus attractif et améliorer les conditions de travail. Leur rôle ne se limite pas à fournir des services, mais à être moteurs de changement.

Nous avons vu des initiatives disruptives : des technologies de matching pour associer efficacement les aides à domicile avec les personnes âgées, des applications mobiles pour assurer un meilleur suivi des plannings des interventions, des programmes de formation continue pour développer les compétences et l'accès à des certifications reconnues ainsi qu'à des opportunités de carrière claires, ou encore la proposition d'avantages sociaux comme le salaire à la demande. Ces innovations - portées parfois par des investissements lourds dans la technologie - représentent une nouvelle manière de valoriser, de faciliter et de reconnaître le travail essentiel, mais difficile des auxiliaires de vie.

Ces efforts ne doivent pas se substituer à l'action gouvernementale

Le gouvernement doit accélérer la mise en place de mesures pour revaloriser ce métier, à travers une rémunération plus juste, une meilleure protection sociale, et une reconnaissance accrue de ces métiers dans les politiques publiques. Aux côtés de la FESP nous nous battons pour revaloriser les tarifs plancher APA et PCH à destination des publics fragiles, et pour que l'état accompagne de manière homogène tous les acteurs du médico-social sans exception pour la revalorisation des salaires de leurs intervenants. Si fin 2023 l'ancienne ministre des Solidarités et des familles Aurore Bergé a annoncé une loi de programmation pluriannuelle pour le grand âge, son contenu et ses moyens financiers restent encore flous.

Il est essentiel de poursuivre les efforts d'innovation et de plaider pour une prise de conscience collective. Sans une main-d'œuvre suffisante et qualifiée, il sera impossible de répondre aux besoins croissants des personnes âgées. Revaloriser le métier d'auxiliaire de vie, c'est investir dans notre futur, dans une société qui prend soin de ses aînés avec respect et dignité. C'est un engagement que nous devons tous prendre, pour une société plus juste et plus attentive à ses aînés.

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(*) Victor Sebag est ingénieur diplômé de l'École Polytechnique et de l'École des Mines, a accumulé 5 ans d'expérience en conseil en stratégie chez Boston Consulting Group. En 2014, il fonde Ouihelp, une solution innovante d'aide à domicile pour les personnes en perte d'autonomie. En tant que Directeur Général, il supervise la qualité de service et les processus pour offrir le meilleur service possible à tous.

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Commentaires 3
à écrit le 19/03/2024 à 11:48
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Je trouve aberrant de continuer à réclamer une loi grand âge qui serait ségrégative alors que depuis le 7 août 2020 a été créée une branche de Sécurité Sociale , branche « Autonomie » dont le rôle est de financer l’accompagnement des personnes quelq...

le 19/03/2024 à 17:00
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Sauf que la financer sans creuser les déficits supposerait de baisser les pensions des électeurs de Macron...

à écrit le 16/03/2024 à 9:55
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Merci beaucoup, elles s'occupent de nos praents tandis que nous faisons semblant que tout va bien donc oui elle mérite de véritables salaires mais si vous saviez comme la génération des trente, à savoir celel dont elles s'occupent patiemment est exéc...

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