Emballages papier vs réemployables : le verdict des experts de la Commission européenne

OPINION. Entrée en vigueur début 2023, la loi "anti-gaspillage" AGEC imposant le réemploi pour la consommation en salle dans tous les établissements de plus de 20 couverts a engendré un retour massif du plastique sous la forme d'une vaisselle "réutilisable" pas toujours réutilisée. Était-ce bien la bonne solution pour l'environnement ? Par Matti Rantanen, Directeur général de l'Alliance européenne des emballages en papier (EPPA)
(Crédits : DR)

Le Centre Commun de Recherche de la Commission européenne (« JRC ») vient de statuer en rendant son rapport ; on y lit dans sa synthèse et sa conclusion que « lorsque l'on considère les données du cycle de vie des cartons à faible impact environnemental, les performances des emballages à usage unique sont clairement meilleures, en particulier pour la catégorie d'impact de la consommation d'eau et, dans une moindre mesure, pour la catégorie d'impact du changement climatique ainsi que pour la note globale de l'emballage à usage unique (Single Score) ».

Concernant la vente à emporter, l'impact sur le changement climatique des emballages à usage unique à base de papier est toujours inférieur à celui des emballages réemployables que l'on utilise des données obsolètes de 2012 sur la production de carton ou des données plus récentes fournies par l'industrie.

Concernant la vente en salle, les emballages en papier à usage unique ont un impact climatique inférieur à la vaisselle réemployable dès qu'un taux de recyclage de 70% est atteint en utilisant les données de 2012, et dès 50% en utilisant les données récentes.

Ces résultats confortent ceux des deux analyses de cycle de vie (ACV) concernant la vente en salle et la vente à emporter en restauration rapide qui confirmaient déjà des « bénéfices très significatifs » en faveur des emballages papier en raison de l'impact environnemental des phases de lavage-séchage et de logistique indispensables pour la vaisselle réemployable.

Des résultats qui devraient être encore meilleurs pour l'emballage papier

Une analyse experte  de l'étude du JRC révèle que les résultats devraient être encore meilleurs pour les emballages de restauration en papier : le JRC fait par exemple le choix d'utiliser un mix énergétique européen pour la consommation d'énergie et d'eau ce qui  pénalise de 15 à 28% l'impact des emballages papier alors qu'il est démontré que 80% de la production de papier vierge est réalisée dans les pays nordiques comme la Suède et la Finlande dont le mix énergétique est bas carbone et les ressources en eau abondantes.

Le choix de nombreuses hypothèses clés n'est également ni équilibré ni symétrique, ce qui aboutit à surestimer l'impact du papier et sous-estimer celui du plastique « réemployable ». En voici quelques exemples : les emballages papier choisis sont pénalisants et non représentatifs tandis que le poids des emballages plastiques est fortement sous-estimé (33g contre 50 à 120g) ; les taux de recyclages sont de 41% pour la vaisselle plastique, mais seulement de 15% pour l'emballage papier ; la vaisselle plastique réemployable est rapportée à 90% au restaurant et aucun lavage préliminaire n'est considéré, une erreur dans la base de données surestime la consommation d'eau pour le papier de 60%, etc.

Quelles leçons en tirer ?

L'étude du JRC apporte une pierre supplémentaire à l'édifice rationnel qui devrait guider les choix publics : il intervient en effet dans le contexte du vote de la réglementation européenne sur les emballages et déchets d'emballages (dite « PPWR ») et arrive à point nommé pour dire au Conseil européen composé des États membres que le Parlement a eu raison de ne pas vouloir imposer à niveau européen la loi AGEC française et de ne pas l'étendre à la vente à emporter.

Incidemment, il a reconnu que le papier, ce matériau renouvelable, recyclable et performant, permet à l'Union européenne d'atteindre le meilleur résultat pour l'environnement tout en étant essentiellement produit, transformé, utilisé et recyclé en Europe dans une filière séculaire qui assure aux Européens une meilleure maîtrise de leurs coûts.

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Commentaire 1
à écrit le 07/03/2024 à 8:07
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Ben oui mais le plastique c'est le lobby pétrolier et chimique, deux énormes lobbys, sachant que 4000 lobbys siègent à l'assemblée européenne contre 800 députés seulement, on se doute que c'est celui-ci qui a gagné et du coup fait voter la loi. Pour ...

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