Inflation : il faut améliorer l'information sur la consommation énergétique des produits

OPINION. La hausse générale des prix pousse les consommateurs à acheter des équipements électroniques et électroménagers les moins coûteux, mais souvent énergivores. Pour faire un choix plus éclairé, il est nécessaire d'avoir une meilleure information. Par Romain Gavache, Country Manager France pour leDénicheur.
(Crédits : Reuters)

C'est un phénomène inédit depuis les années 1980 : au 1er octobre, la hausse des prix en France a dépassé les 7,1% sur un an. Un taux d'inflation qui reste le plus faible de la zone euro, dont la moyenne dépasse désormais les 10%, mais qui pèse d'autant plus lourdement sur le budget des Français que leurs salaires augmentent moins rapidement que la plupart de leurs voisins européens. Dans ce contexte, les consommateurs se tournent logiquement vers les équipements électroniques et électroménagers les moins coûteux. Pourtant, du fait du caractère souvent énergivore de ces produits et de la hausse vertigineuse des prix de l'énergie, ce choix se révèle extrêmement contre-productif sur le long terme. Pour permettre aux consommateurs de faire des choix plus avisés et plus vertueux écologiquement, une plus grande transparence énergétique devient urgente !

Les produits bas de gamme ont la côte

Face à l'inflation, tous les consommateurs ne sont pas égaux. Si les plus aisés peuvent conserver leurs habitudes de consommation, beaucoup revoient significativement leurs critères de sélection, en particulier lorsqu'il s'agit d'équipements coûteux : réfrigérateurs, lave-linges, lave-vaisselles, etc. Mais cette nouvelle évaluation se cantonne encore trop souvent au prix affiché de chaque produit. Les produits électroniques et électroménagers bas de gamme ont donc la côte. Pourtant, un rapide calcul pourrait pousser les consommateurs à adopter une conduite beaucoup plus avantageuse sur le long terme. Car si l'inflation est bien estimée à 7,1% pour l'ensemble des produits, elle atteint 19,2% lorsque l'on ne considère que les prix de l'énergie. La consommation énergétique des équipements prend dès lors une part de plus en plus importante dans leur coût total de possession.

Deux réfrigérateurs sur le grill

Pour illustrer cet écart, comparons deux réfrigérateurs largement distribués en France.

  • Le premier, un Siemens KG39EAWCA, est vendu à 654€ et consomme environ 168 kWh par an. Si au cours des dix prochaines années le prix de l'électricité connaît la même croissance qu'au cours des dix précédentes (ce qui est une projection relativement optimiste), son coût total de possession sera de 1003€.

  • Le second, un Haier A3FEE635CGJE, est vendu 550€ et consomme 337 kWh par an. Sur dix ans, son coût total de possession sera de 1249€, soit 246€ de plus que son concurrent malgré un prix de vente inférieur de 104 euros !

La classe énergétique ne suffit plus

De tels calculs pourraient encourager les consommateurs à mieux prendre en compte un paramètre déterminant et d'ores et déjà présent sur de nombreux produits : l'étiquette-énergie. Depuis 1995, ce dispositif vise à informer sur la consommation des équipements électroménagers en leur attribuant une classe énergétique de A à G et en détaillant leur consommation électrique annuelle ou pour cent utilisations. Mis à jour en 2021 pour devenir plus exigeant et plus clair, il reste cependant encore relativement abstrait pour les consommateurs, du fait de la difficulté à traduire ces informations en dépenses chiffrées. Pour une meilleure prise en compte du coût total de possession sur le long terme de ces équipements, l'étiquette-énergie pourrait donc être complétée pour afficher une estimation du type de celle calculée plus haut.

Faire de la crise inflationniste une opportunité écologique

La période de forte inflation que connaît le monde entier transforme en profondeur les modes de consommation. Pour que cette évolution des comportements soit réellement vertueuse, l'information des consommateurs est un élément-clé que les pouvoirs publics et les entreprises ont la responsabilité de prendre en charge. Sur le modèle de l'indice de réparabilité, qui permet de mettre en valeur les produits les plus durables, une meilleure information sur la consommation énergétique globale des équipements pourrait faire de cette épreuve collective une opportunité écologique. Car sur le long terme, les choix les plus avantageux pour les consommateurs sont aussi les plus vertueux pour l'environnement et le climat !

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 17/11/2022 à 16:13
Signaler
J'ai cru entendre que les valeurs de consommation modernes ne tiennent plus compte de l'ouverture des portes (donc à l'usage 'moyen', sans doute tabulé par les gens du métier, entre une personne seule ou famille de 4, ça change l'utilisation) afin d'...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.