« L'allégation de génocide est une aberration douloureuse pour Israël » (Alona Fisher Kamm, ambassadrice d'Israël en France)

OPINION- L'ambassadrice Alona Fisher Kamm, chargée d'affaires d'Israël en France, s'élève contre les accusations de génocide portées à l'encontre de l'État hébreu par l'Afrique-du-Sud devant la Cour internationale de Justice.
Alona Fisher Kamm, ambassadrice, chargée d'affaires d'Israël en France (DR)
Alona Fisher Kamm, ambassadrice, chargée d'affaires d'Israël en France (DR) (Crédits : DR)

Le 7 octobre dernier, le Hamas et d'autres groupes terroristes ont déclenché une guerre contre Israël et se sont livrés à des actes d'une sauvagerie sans précédent, notamment en massacrant, torturant, mutilant et violant plus de 1 200 Israéliens. Le Hamas a également pris en otage 240 personnes, dont des enfants en bas âge, des personnes âgées dont certains étaient des survivants de la Shoah ainsi que des personnes malades. Les atrocités commises par le Hamas constituent un crime contre l'humanité, tout comme le traitement brutal infligé aux otages, et qui subissent toujours des tortures et pour lesquels le Hamas refuse le droit de visite du Comité international de la Croix rouge.

Israël, conformément à son droit et à son obligation de se défendre ainsi que de protéger ses citoyens a dû réagir avec force, cherchant à obtenir la libération des nourrissons des enfants, des femmes et des hommes retenus en otage à Gaza. Dans le même temps, Israël doit empêcher le Hamas et les autres groupes armés de Gaza d'avoir la capacité et les moyens de continuer à attaquer les citoyens israéliens de son territoire, comme ils l'ont explicitement juré de « renouveler d'autres attaques encore et encore et encore» (1).

Le Hamas utilise les civils comme boucliers humains et s'efforce d'obtenir un nombre élevé de victimes

L'intensité des combats et l'ampleur des dégâts civils à Gaza résultent en grande partie de la stratégie du Hamas qui consiste à intégrer ses combattants dans la population civile de Gaza, notamment au sein d'infrastructures civiles telles que les mosquées, les hôpitaux, les écoles et même dans des institutions des Nations unies, ce qui constitue des crimes de guerre évidents. Le Hamas utilise les civils comme boucliers humains et s'efforce d'obtenir un nombre élevé de victimes afin de galvaniser l'opinion publique contre Israël.

Les forces israéliennes sont contraintes de mener une guerre asymétrique dans un paysage urbain dense que le Hamas a préparé à cette fin depuis plus d'une décennie, notamment en utilisant un réseau de tunnels inégalé déployé sous les zones civiles.

Le 29 décembre dernier, l'Afrique-du-Sud a déposé auprès de la Cour internationale de Justice une requête introductive d'instance contre Israël, alléguant que ce dernier commet un génocide. L'utilisation abusive de la Convention sur le génocide à l'encontre d'Israël est un scandale.

Israël n'a pas l'intention d'occuper Gaza de manière permanente, ni de déplacer sa population civile

L'Afrique-du-Sud fonde son argumentation sur deux affirmations, dont aucune ne résiste à un examen approfondi. Les diverses citations utilisées pour suggérer qu'Israël a l'intention de commettre un génocide ne sont pas convaincantes, et ne reflètent pas les actions d'Israël dans la pratique. En outre, ils ignorent les nombreuses déclarations des principaux dirigeants politiques et militaires israéliens qui tiennent à clarifier les positions réelles et officielles d'Israël visant à limiter par tous les moyens les dommages causés aux civils et à garantir l'accès de l'aide humanitaire. Il suffit de lire la déclaration du Premier ministre Netanyahu la semaine dernière, selon laquelle Israël n'a pas l'intention d'occuper Gaza de manière permanente, ni de déplacer sa population civile.

Aussi, la véritable preuve de toute volonté intentionnelle de commettre un génocide réside dans les efforts continus déployés par Israël pour faciliter l'accès à l'aide humanitaire (plus de 8 000 camions depuis le début de la guerre. 160 000 vaccins pour éviter les maladies). Environ 160 000 tonnes d'aide humanitaire sont entrées à Gaza, le point de passage de Kerem Shalom a été ouvert pour assurer un passage supplémentaire de l'aide humanitaire, des corridors humanitaires et des pauses tactiques dans les combats ont été mis en place pour assurer le passage de l'aide humanitaire. Israël contribue même à la réparation des canalisations d'égouts et à la connexion d'Internet, et continue de coopérer étroitement ave les agences de l'ONU opérant à Gaza. Une grande partie des personnes évacuées de Gaza se trouve dans des zones humanitaires où tous leurs besoins sont satisfaits. Il n'y a ni famine, ni épidémie à Gaza.

Le génocide est défini par l'intention de « détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».

En outre, l'armée israélienne prend des mesures considérables pour limiter au maximum les pertes civiles, notamment en avertissant la population des attaques et en prenant des mesures de précaution vis à vis d'elle qui augmentent souvent les risques pour la sécurité de leurs propres forces. En effet, le porte-parole du Conseil national de Sécurité des États-Unis a déclaré qu'Israël "a publié en ligne des cartes des lieux où les civils peuvent se déplacer ou non. Israël télégraphie ainsi ses coups ave la carte d'évacuation dans le sud de la bande de Gaza. Très peu d'armées modernes dans le monde feraient cela. Je ne sais pas si nous le ferions" (2). Il ne s'agit donc pas d'une intention génocidaire.

En utilisant une terminologie qui fait référence à la Shoah alors qu'Israël défend des valeurs qui sanctifient la vie, l'allégation de génocide qui est une aberration est particulièrement douloureuse à l'encontre d'Israël dont la population a été quant à elle victime de massacres intentionnels le 7 octobre dernier.

La définition du génocide a été inventée en 1944 par l'avocat juif Raphael Lemkin, qui a encouragé l'établissement de la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, après la Shoah, l'extermination commise par les nazis contre le peuple juif pendant la Seconde Guerre mondiale. Souvent considéré comme le "crime des crimes", le génocide est défini par l'intention particulière de "détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux".

Néanmoins, comme la Cour international de Justice l'a elle-même déjà précisé, l'usage de al force, même à grande échelle, "ne put en soi constituer un acte de génocide". La prolifération des utilisations abusives d'allégations de génocide est fort inquiétante et menace de priver le terme originel de son statut particulier. Si chaque guerre est un génocide, le terme est vidé de son sens et nuira également à la Convention sur le génocide si les États s'en retiraient, pour éviter qu'elle ne soit utilisée comme une arme contre eux.

100 jours après cette attaque terroriste, d'une barbarie absolue rappelant les pires exactions jamais commises dans l'histoire, 136 otages sont toujours captifs du Hamas dont des jeunes enfants et des femmes. Alors que nous sommes toujours la cible de tirs de missiles tant au nord qu'au sud d'Israël, nous devons faire face aussi à des allégations sans fondement qui ne font que renforcer le Hamas et sa volonté délibérée de réitérer le 7octobre ou les attaques du 7 octobre.

(1) https://www.gov.il/en/Departments/General/swords-of-iron-faq-6-dec-2023#1

(2) https://www.whitehouse.gov/briefing-room/press-briefings/2023/12/13/press-briefing-by-press- secretary-karine-jean-pierre-and-nsc-coordinator-tor-strategic-communications-john-kirby-33/

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Commentaires 4
à écrit le 14/01/2024 à 13:31
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La "victimisation" est un plat qui se mange froid et se conserve au réfrigérateur ! ;-)

à écrit le 13/01/2024 à 8:35
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Parler de génocide au lieu de massacre est déjà un détournement sémantique qui profite aux deux camps mais pas à la vérité. Mais enfin que vous a t'elle fait la vérité pour que systématiquement.

à écrit le 13/01/2024 à 0:51
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Quand on voit l'état de Gaza et le nombre de morts Palestiniens, même si l'origine est l'attaque terroriste du Hamas, génocide est le mot qui convient. Implicitement le sionisme est l'origine du Mal.

à écrit le 12/01/2024 à 16:44
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Et pourtant...

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