Restaurer la confiance, c’est aussi agir en faveur de la solidarité !

OPINION. Contrairement aux idées reçues, les dons aux associations ne sont pas uniquement conditionnés par le pouvoir d'achat des Français et leur générosité. Rachel Guez, Directrice générale du Don en Confiance, rappelle l'importance de restaurer la confiance au sein de la société car elle est un pilier du don.
(Crédits : DR)

Le pessimisme des Français n'est pas un mal sans conséquence. Celui-ci semble régner en maître au sein de la société française. Nous nous sommes habitués à faire partie des peuples les plus pessimistes du monde, au même titre que nous sommes perçus comme férus de gastronomie ou de randonnée. Un particularisme culturel parmi d'autres !

De nombreuses études viennent régulièrement illustrer cet état d'esprit. Ainsi, l'enquête Prédictions d'Ipsos nous indique que seuls 46 % des Français estiment que 2024 sera meilleure que l'année dernière. Soit 24 points de moins que la moyenne qui s'établit à 70 %, calculée sur 34 pays. Et ce niveau de pessimisme empire avec le temps, puisqu'une autre étude menée par l'IFOP nous apprend que 58 % des Français pensent que le monde connaîtra à l'avenir une période de régression, un score en hausse de 6 points !

Un état d'esprit morose que l'on a tendance à expliquer par l'actualité sociale chargée (inflation, tensions sur les questions liées à l'éducation, tensions avec les agriculteurs ...) et un contexte international extrêmement tendu (guerre Israël-Hamas, guerre en Ukraine ...) Mais ces éléments n'expliquent pas pourquoi notre niveau de pessimisme est pire que celui de nos voisins. Et considérer cette situation comme naturelle et inéluctable pourrait bien avoir des conséquences très graves sur la société.

Le piège du fatalisme

Nous pourrions penser que plus les difficultés sont intenses, plus la solidarité se développe. Justement parce qu'il y en a davantage besoin et que les problèmes sont identifiés. Mais le pessimisme ambiant fait porter un risque sur cette solidarité. Y compris de manière très concrète sur les dons versés aux associations, qui jouent un rôle déterminant dans la solidarité nationale et internationale. La morosité et les incertitudes sur l'avenir sont susceptibles de conduire davantage au repli de chacun plutôt qu'à des démonstrations de générosité.

Les résultats de deux enquêtes alertent sur ce point.

Tout d'abord, une étude publiée par DGFIP Analyses a montré que si le don moyen était en hausse après des particuliers, il existait une véritable baisse du nombre de foyers fiscaux donateurs. Les donateurs donnent plus. Mais ils sont moins nombreux. Et ne regarder que le montant global des sommes récoltées pour la solidarité masque un angle mort : celui de la dynamique.

L'autre étude est le baromètre de la confiance (Viavoice - Don en Confiance), qui cherche à comprendre les mécanismes qui incitent au don. Sa dernière édition révélait un lien entre le niveau d'optimisme et le fait de réaliser des dons réguliers aux associations. Et il s'avère que plus on est optimiste, plus on est confiant envers les autres et plus on donne. Ainsi, 67 % des donateurs déclarent faire confiance aux autres (contre 59% en moyenne parmi la population). 56% d'entre eux sont confiants pour leur avenir (contre 51 % dans la population générale) et 26 % sont confiants pour l'avenir de la société (23 % au global).

Le don est donc intrinsèquement lié à la confiance, il n'est pas qu'une affaire de générosité ou de pouvoir d'achat. Et à ce titre, la défiance et le pessimisme sont les ennemis de la solidarité.

Il est désormais urgent de prendre conscience que le déclinisme ambiant n'est pas qu'un trait culturel amusant. Il nous pousse à la méfiance, met en lumière ce qui nous oppose plus que ce qui nous rassemble et nous conduit finalement à un état d'esprit bien plus grave que le pessimisme : le fatalisme. Car le fatalisme, c'est l'inaction.

Lutter contre l'inaction

Fort de ces constats, il devient de notre responsabilité à tous de nourrir des contre-discours, en montrant que les raisons de restaurer la confiance au sein de la société existent.

En labellisant des associations au quotidien, on ne peut que constater leur impact sur la société et ce qu'elles permettent de réaliser. Leurs actions sont peut-être moins porteuses médiatiquement que les diatribes énoncées tout au long de la journée, mais elles démontrent que la société est en capacité d'inventer des solutions, y compris dans les moments difficiles. Une société qui s'améliore est une société qui croit en elle et valorise ceux qui agissent, plus que ceux qui critiquent. Une société dans laquelle nous connaissons tous le rôle fondamental joué par le tissu associatif et le soutenons.

En ces temps difficiles, montrer ces actions permet de reprendre confiance. De constater que tout ne décline pas. Mais si personne ne le voit, si personne ne le sait, comment croire en la société de demain ?

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Commentaires 3
à écrit le 07/03/2024 à 8:56
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"Lutter contre l'inaction" Nous votons pour des dirigeants politiques, nous payons des impôts multiples et variés pour justement que ces gens règlent ces problèmes, c'est le principe des élections or qu'ont ils fait ? Ils ont privatisé ces problèmes ...

le 07/03/2024 à 10:22
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"pour justement que ces gens règlent ces problèmes" si Bercy donnait de l'argent, par ex, aux restos du cœur, ça serait à quelle hauteur ? 50% de ce qu'on donne ? 10% en période difficile ? 0 quand les dettes sont trop fortes ? Nous permettre de dédu...

le 07/03/2024 à 10:26
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"si Bercy donnait de l'argent, par ex, aux restos du cœur, ça serait à quelle hauteur ?" Non l'idée c'est justement qu'il n'y ai plus de gens qui aillent aux restos du cœur. Ah tu as du mal avec les concepts clairs toi hein. On te donne un truc simpl...

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