Tout le monde peut travailler dans la cybersécurité !

OPINION. Face au risque cyber qui ne cesse de croître, la France doit impérativement se donner les moyens d'assurer la sécurité des espaces numériques. Dans ce jeu de surenchère entre pyromanes et sauveteurs, le premier capital à investir doit être le capital humain. Par Bruno Bonnell, secrétaire général pour l'investissement en charge de France 2030.
(Crédits : DR)

Depuis quelques années, on observe une forte hausse du nombre de cyberattaques, avec une augmentation de plus de 37% entre 2020 et 2021, selon l'Agence nationale de la sécurité informatique (ANSSI). Le fulgurant développement du numérique dans notre quotidien impose le renforcement de la protection de nos données, pour des raisons de sécurité et de souveraineté. L'extension spectaculaire de « l'espace cyber » augmente notre vulnérabilité, tant individuelle que collective. Banques, entreprises, écoles, hôpitaux, collectivités, individus... Nul n'est à l'abri. Afin de nous prémunir du risque que font peser les pirates isolés, groupes terroristes, puissances étrangères, ou simples petits arnaqueurs, la France n'a d'autre choix que d'investir massivement dans la cybersécurité. Dans les solutions techniques certes, mais aussi - et surtout - dans le capital humain.

Plus que jamais, il faut accompagner la formation massive d'expertes et d'experts en la matière. Aujourd'hui, on estime à 15.000 le nombre de postes vacants dans le secteur. Un besoin qui ne fera que croître au fil des années. Or, nous manquons déjà d'ingénieurs généralistes en France : nous n'en diplômons que 44.000 par an, quand nous devrions en former près de 60.000 pour les besoins de notre économie. Devant ce constat, il est plus que temps d'accélérer, pour mettre fin à la pénurie de compétences.

La création d'un écosystème cyber français puissant, capable de résister aux menaces, nécessite certes d'investir pour l'innovation technologique, dans la recherche fondamentale et le développement de solutions nouvelles. Toutefois, ce sont bien les femmes et les hommes qui porteront demain assistance aux victimes des catastrophes cyber. L'écosystème français doit donc s'ouvrir à des profils nouveaux, en dehors des cursus scientifiques traditionnels. Il est urgent de décloisonner les filières dans l'informatique et de chasser l'a priori voulant que la cybersécurité soit réservée aux techniciens et ingénieurs.

« Compétences et métiers d'avenir »

Parallèlement aux enseignements technologiques de haut niveau, nous devons former du personnel spécialisé dans l'assistance, l'empathie et l'accompagnement, autant de capacités décisives pour faire face aux crises. Que l'on soit une femme ou un homme, de la ville ou de la campagne, jeune ou âgé, on peut s'orienter ou se reconvertir dans ces métiers, tant les besoins sont grands et les missions variées. Des compétences et savoirs transverses tels que la capacité à anticiper, la résistance au stress ou encore l'analyse des situations doivent permettre à de nombreux étudiants et actifs de, peut-être, devenir des professionnels de la cybersécurité.

Et si l'État prend sa part en investissant massivement dans la formation et la reconversion dans ce domaine, créant 80.000 places de formation d'ici 2030 à travers l'initiative « Compétences et métiers d'avenir », les entreprises ont, elles aussi, une responsabilité, celle d'assurer l'intégration de ces nouveaux profils.

Cette approche duale, technique et sociale, de la cybersécurité, est une singularité culturelle française. Face à des menaces virtuelles aux lourdes conséquences matérielles, la France ne peut se contenter de brandir des rétorsions à l'égard des agresseurs, elle doit ajouter l'attention humaine. Cette bataille culturelle et éducative prédestine aux batailles technologiques à venir, comme à la reconnaissance des talents français en Europe et dans le monde.

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Commentaires 2
à écrit le 10/11/2023 à 9:30
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Peut on déjà faire confiance en la cybersécurité qui est en première ligne pour imposer l'impérieuse nécessité de son existence ? ;-)

à écrit le 10/11/2023 à 8:17
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Ce n'est pas très crédible en ce qui concerne cette cybersécurité non ? Puis il faut y croire or quand on connait internet c'est vraiment difficile d'y croire. Alors certes par contre en apprenant à nos entrepreneurs les gestes à éviter cela permettr...

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