À Vernon, le site fondateur de l'aventure spatiale européenne reprend vie

Les présentateurs des JT des années 1950 le décrivaient comme une « cité de science-fiction ». Fermé en 2013, le Laboratoire de recherche balistique et aérodynamique se replace sur le pas de tir sous le nom de Campus de l'Espace.
Le Campus de l'Espace a pour vocation de soutenir l'implantation et le développement d'entreprises de l'aérospatiale.
Le Campus de l'Espace a pour vocation de "soutenir l'implantation et le développement d'entreprises de l'aérospatiale". (Crédits : DR)

Dans la mémoire des historiens de l'aérospatiale, le Laboratoire de recherche balistique et aérodynamique (LRBA) a accédé au rang de mythe. C'est sur cet espace de 70 hectares, au creux d'une forêt, qu'est née dans les années soixante la première fusée française, la Véronique (contraction de Vernon et d'électronique), ancêtre d'Ariane. À l'époque, l'endroit est une véritable ville, maillée de routes, truffée de bâtiments, d'usines et flanquée d'une cité jardin. Las. La réforme de la carte militaire, lancée en 2008 par Hervé Morin, ministre de la Défense, sonne le glas du LRBA quatre ans plus tard.

Revendue pour un euro symbolique à la municipalité et confiée aux bons soins d'une société publique locale, l'ancienne friche militaire tente depuis de se réinventer sous l'oeil attentif de... Morin Hervé, devenu président de la Région Normandie. À la manœuvre, Sébastien Lecornu, ex-maire de Vernon, aujourd'hui ministre des Collectivités. L'édile se dépense sans compter pour repeupler les 50.000 m² de bureaux et d'ateliers et les 130 maisons et immeubles restés debout après démolition des locaux les plus vétustes. « On s'est beaucoup astiqué les petites cellules grises pour imaginer un rebond industriel », raconte-t-il.

Le site, qui jouxte l'usine d'ArianeGroup, est rebaptisé Campus de l'Espace et se voit assigner une vocation, « soutenir l'implantation et le développement d'entreprises de l'aérospatiale », assise sur le trépied qui assure le succès des campus américains : formation + recherche + entreprises.

Safran et SKF en orbite

Les « deux grands voisins » comme les appelle le ministre viennent à la rescousse. Né du savoir-faire du LRBA, le champion européen des paliers magnétiques, SKF-S2M, installé à quelques kilomètres de là, y implante un laboratoire de R & D en 2017. La même année, Safran Aircraft Engines, filiale d'ArianeGroup en forte croissance, emménage dans un bâtiment de 1.200 m² pour y développer la fabrication de ses moteurs plasmiques pour les satellites.

Dans leur sillage, arrivent plusieurs PME innovantes, attirées par la proximité de ces grands donneurs d'ordre et par le zonage AFR qui ouvre droit à des exonérations fiscales. À leur suite, l'UIMM apporte sa contribution. Avec l'aide de la Région, son Institut des techniques d'ingénieurs de l'industrie (ITII) rachète l'ancien siège du laboratoire. Les élèves logeront dans une résidence étudiante ripolinée de frais. Le Campus, désormais fort de 300 salariés et 250 étudiants, reprend vie. Les loyers encaissés par la Société publique locale (SPL) permettent d'investir 3 millions d'euros par an. « Le taux d'occupation de zéro en 2014 atteint 75% aujourd'hui », salue Jérôme Taconnet, directeur de la SPL. « Un jour, vous me remercierez d'avoir fermé le LRBA », lance de son côté Hervé Morin, bravache.

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ZOOM

Jean-Bernard Lévy : Fiat Lux sur le campus

En visite sur le site le 8 mars avec Sébastien Lecornu, le PDG d'EDF a annoncé vouloir faire du Campus de l'Espace « un démonstrateur territorial du savoir-faire d'EDF en matière de transition énergétique ». Parmi les projets, l'implantation d'une centrale solaire de 30 MW, la construction de bornes de recharge avec ombrières solaires, le déploiement d'un système Lifi et une expérimentation en vraie grandeur des batteries Zinc Air développées par sa startup ZnR, sur lesquelles EDF mise pour rendre l'habitat autonome.

Couplées à des panneaux solaires et à des radiateurs intelligents, elles équiperont une quinzaine de villas. Coût de l'opération : plus de 800.000 euros, financés pour moitié par l'Europe « en raison du caractère très innovant de l'expérimentation », signale EDF.

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Commentaire 1
à écrit le 26/03/2019 à 20:18
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