Immobilier : Dijon assure avoir atteint le seuil de 20% de logements sociaux

Comment atteindre le seuil légal de construction de logements sociaux sans créer de nouveaux ghettos ? C’est la problématique à laquelle a tenté de répondre François Rebsamen, durant les 22 dernières années, à la tête de la ville de Dijon. Une politique volontariste attachée à la mixité sociale et à l’environnement qui atteint en 2023, le seuil légal.
« Ce sont majoritairement des Parisiens et des Lyonnais, voire des Strasbourgeois qui quittent les grandes villes pour venir s'installer en famille à Dijon. Ou encore des couples âgés qui reviennent du sud de la France », remarque François Rebsamen.

La loi SRU impose aux communes de plus de 3.500 habitants (1.500 en Île-de-France) de disposer d'ici à 2025 de 20 % de logements sociaux. Pour la ville de Dijon, ce seuil aura été atteint en 2023, non sans difficultés... « Nous avons construit 18.000 logements en 20 ans. En parallèle, notre population augmentait chaque année de 780 habitants par an », précise François Rebsamen, le maire de Dijon Métropole (256 000 habitants) qui s'était vu confier par Jean Castex, en 2021, la présidence de la commission pour la relance durable de la construction. « L'augmentation de la population est due à un excédent naturel des naissances. Dijon est la seule ville de Bourgogne-Franche-Comté dans ce cas », explique le maire. « Finalement, nous n'avons fait que loger des Dijonnais. Grâce à ces constructions, nous avons pu garder notre population, contrairement à d'autres villes comme Beaune et Semur par exemple, qui ont perdu 10% de leur population », poursuit-il. Depuis la crise sanitaire, l'attrait pour les villes moyennes comme Dijon (155.000 habitants) s'accélère et un excédent migratoire s'ajoute à l'excédent naturel de naissance.

« Ce sont majoritairement des Parisiens et des Lyonnais, voire des Strasbourgeois qui quittent les grandes villes pour venir s'installer en famille à Dijon. Ou encore des couples âgés qui reviennent du sud de la France », remarque François Rebsamen.

« Une carte de zonage inversé »

Chaque année, Dijon reçoit plus de 10.000 demandes de logements à loyer modéré. Cela ne signifie pas que toutes ces demandes sont validées. La ville assure la moitié des demandes d'entrée dans le parc locatif, passant de 5.100 entrées en 2018 à 5800 entrées en 2022. « La demande augmente chaque année malgré tout ce que nous construisons », constate Pierre Pribetich, adjoint à l'urbanisme. Depuis 2001, les exigences réglementaires se sont accrues pour les municipalités, en termes de logements sociaux que ce soit la loi du 5 mars 2007, instaurant le droit au logement opposable (dite « loi DALO »), mais également concernant l'environnement, via la lutte contre l'artificialisation des sols, formulée par la loi « climat et résilience » du 22 août 2021.

En 22 ans, la ville de Dijon (90.000 logements) peut s'enorgueillir de n'avoir consommé, en extension urbaine, seulement l'équivalent de quatre terrains de football. « Avant 2000, l'équipe municipale précédente avait artificialisé 243 hectares de terres cultivables dans le quartier de la Toison d'Or, dont seulement 16 logements à loyer modéré », souligne Pierre Pribetich. La stratégie de la municipalité actuelle a été de miser sur la mixité sociale, avant même que la loi ne recommande des opérations de mixité. « Nous avons réalisé une carte de zonage inversé », explique Pierre Pribetich. Ce qui n'a pas été simple à mettre en œuvre. Par exemple, l'élu se souvient d'un projet avenue Victor Hugo, un quartier aisé du centre-ville, où le logement d'un seul propriétaire avait permis celui d'une dizaine de logements à loyer modéré. Ce projet avait suscité une pétition de plus de 700 signatures... Dans la loi SRU, les promoteurs immobiliers peuvent commercialiser jusqu'à 50 % d'une opération directement auprès des bailleurs sociaux. Ce qui permet, notamment, de vendre en bloc un ensemble d'appartements (dans le cas de la construction d'un immeuble) et ainsi de sécuriser le dossier pour mieux solliciter un financement bancaire. Mais tous ne sont pas favorables à cette idée. C'est pourquoi, à Dijon, « Là où il n'y avait pas du tout de logement sociaux et lorsque les promoteurs construisaient des immeubles de plus de 1.000 m2, nous avons imposé un 50/50 », souligne François Rebsamen.

« Une alliance de nantis et d'ultra gauchistes contestataire »

Cette politique du logement basée sur la mixité sociale divise. « Nous sommes confrontés à des problèmes récurrents - qui ne sont pas propres à Dijon - ce que j'appelle l'opposition systématique de l'alliance des nantis avec l'ultra gauche, qui ne souhaitent pas qu'on leur enlève un peu de tranquillité ou de bien-être, et qui est un phénomène nouveau », déplore le maire de Dijon Métropole. Ce dernier s'inquiète des contestations permanentes sur les permis de construire dans de nombreuses villes en France, tels qu'Orléans ou Nice. À Dijon, depuis plusieurs années, par exemple, le quartier des Lentillères qui devait accueillir un projet immobilier est bloqué et occupé illégalement par une centaine de personnes opposées. « C'est la seule zone d'aménagement différée (ZAD) urbaine de France, reconnue par le ministre de l'intérieur », souligne François Rebsamen. L'élu a envoyé plusieurs fois sur place des élus « proches » des opposants, tels que des écologistes de son équipe. Malgré une proposition de leur laisser une partie cultivable, le projet reste au point mort, soit près de 700 logements qui auraient pu être déjà construits...

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Commentaires 6
à écrit le 29/06/2023 à 22:14
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Étant d'origine anglais et installé en France depuis 22 ans, je salue la politique francaise de construire des logements sociaux – et 20%, c'est inoui. Certainement pour un anglais – où outre-Manche, la politique gouvernementale atlanticiste depuis T...

à écrit le 29/06/2023 à 19:07
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Pour ceux qui n'ont pas la mémoire trop courte, ce sont dans ces merveilleux nouveaux espaces de vivre ensemble que se sont déroulées les bagarres entre maghrébins et Tchetchenes il y a 3 ans.

à écrit le 29/06/2023 à 16:54
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Hourra, sauf qu'il en faudrait peut être 30% pour satisfaire les besoins de la masse de plus en plus importante des "mal logés" des surendettées à la porte du parc privé ou trop pauvre pour accéder au parc privé. Il y a aussi une enquête qui indique ...

le 30/06/2023 à 9:18
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Avec les critères de pouvoir d'achat des années 60/70, c'est plus de 90% de la population qui serait admissible, mais pour satisfaire son électorat de rentiers de l'immobilier, la droite au pouvoir à tendance à baisser le seuil pour forcer les plus s...

à écrit le 29/06/2023 à 14:43
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La miction sociale est une vue de l'esprit des baveux de gauche ultra tolérants...la mauvaise monnaie chasse ka bonne, avec ce qu'il se passe actuellement et l'impunité permanente du bon peuple de gauche donc juste et bienveillant, ça va finir avec ...

à écrit le 29/06/2023 à 14:19
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Tout augmente à l’image de l’insecurite

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