
C'est à Ploërmel (Morbihan), à proximité de la future et nouvelle casserie d'œufs Cocotine PEP du groupe D'Aucy, que la région Bretagne a officialisé ce jeudi 10 janvier au matin son entrée au capital de groupe D'Aucy Holding (GDH) à hauteur de 2,72 %, via une participation de 5 millions d'euros.
GDH est la société dans laquelle le groupe agro-alimentaire coopératif, poids lourd de l'alimentation en Bretagne, a regroupé deux de ses quatre activités : D'Aucy Long Life (production de légumes en conserves, de légumes surgelés et de plats cuisinés) et Œufs-food (œufs coquilles et œufs élaborés).
Partenariats stratégiques et qualité alimentaire
Ouverte aux investisseurs souhaitant accompagner son développement et sa stratégie d'investissement en France et à l'international, l'entreprise s'était déjà vue accorder par le conseil régional en 2016 une avance remboursable de 5 millions d'euros afin de financer ses investissements. La région s'était en parallèle portée garante, à 50%, d'un emprunt de 10 millions d'euros. L'avance et l'emprunt ayant été remboursés de manière anticipée, la collectivité a donc « souhaité convertir cette avance remboursable en prise de participation au capital du groupe D'Aucy Holding » précise-t-elle.
Ce faisant, elle devient également membre du comité stratégique et disposera d'un poste de censeur au conseil d'administration (participation au CA avec voix consultative). À ce titre, elle « bénéficiera d'un droit d'information sur l'activité et les décisions du groupe, et pourra faire connaître sa vision stratégique. »
« La région investit pour accompagner le développement du groupe et de ses 9.000 agriculteurs » a indiqué Loïg Chesnais-Girard, le président du conseil régional de Bretagne, lors de la conférence de presse chez Cocotine PEP. « Être actionnaire, c'est faire de la région un partenaire stratégique et c'est accompagner l'entreprise pour qu'elle participe à l'ambition de faire de la Bretagne, une région leader européen du bien-manger. »
Un des grands enjeux économiques affichés par le territoire, qui souhaite contribuer à la révolution alimentaire à venir, est en effet d'accompagner la transition vers une agriculture innovante, diversifiée, moins intensive, qui produit bien et bon.
À l'été 2018, cette ambition avait déjà poussé le conseil régional à franchir un cap, en prenant une première participation de 5% (2 millions d'euros) dans YerBreizh. Sur le long terme, il accompagnera à hauteur de 20,9 millions d'euros le projet industriel du consortium choisi par le tribunal de commerce de Rennes pour la reprise du volailler Doux. À charge de transformer le modèle, d'orienter l'entreprise vers des nouveaux marchés, en France et en Europe, comme celui du poulet frais.
GDH : sortir du modèle de l'œuf de poule en cage
« La région doit être un acteur majeur de l'économie sur son territoire » fait encore valoir Loïg Chesnais-Girard, qui se dit prêt à aider le développement des entreprises qui se montrent offensives et ambitieuses. Pour le groupe D'Aucy, présidé par Serge le Bartz, un tel soutien du conseil régional, obtenu après audit, va de pair avec l'engagement de développer des filières agricoles et agro-alimentaires créatrices de valeur.
Créée en 1968 et distribuée dans 50 pays, la marque D'Aucy (1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2017, 4.200 salariés) couvre en amont et en aval la production d'œufs, de légumes, de céréales, de viande et leur transformation. Elle s'articule autour de deux coopératives mères, la Cecab et la Coop de Broons (22), et 19 sites de production (France, Hongrie, Espagne) dont 12 sur le territoire armoricain.
L'activité agro-alimentaire de GDH affirme appuyer son développement sur « une innovation forte et la recherche de nouveaux produits élaborés », mais aussi sur « une montée en gamme avec une recherche de qualité et de traçabilité croissantes ». D'ici à 2025, GDH promet ainsi de sortir du modèle de l'œuf de poules en cage pour développer des productions alternatives (plein air, bio, label). Elle investit 16 millions d'euros (dont 2,4 millions proviennent de la région et des fonds européens) dans la modernisation de son site de Ploërmel.
En attendant la concrétisation au 1er juillet 2019 du projet coopératif de rapprochement entre D'Aucy et la coopérative agricole Triskalia, et la fusion de ces groupes en 2020, la région Bretagne s'emploie à montrer que de nouvelles usines se créent en Bretagne.
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Par Pascale Paoli-Lebailly,
correspondante pour La Tribune en région Bretagne
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