Streaming : comment la Bretagne a remporté le tournage d’une série quotidienne de France Télévisions

Jeunesse et ruralité : sorte de « Skam » à la campagne, la nouvelle série quotidienne de France Télévisions s’intéressera au parcours d’élèves de terminale d’un lycée agricole. Après un tour de France des régions, les équipes de France Télévisions ont choisi de tourner « Déter » dans un établissement de Vitré, en Ille-et-Vilaine. Première région agricole de France, la Bretagne ne lésine pas sur les moyens pour soigner l’accueil et l’accompagnement économique du projet. Selon le conseil régional, un euro investi par la Région permet de réinjecter 8 à 10 euros dans l'économie locale.
Le tournage de cette série sur la vie d'une bande de jeunes au sein d'un lycée agricole est prévu à partir d’avril 2023, mais les préparatifs débutent dès maintenant car l'ancien lycée agricole privé d'Étrelles, au sud de Vitré, en Ille-et-Vilaine (ci-dessus dans son état actuel alors qu'il est fermé depuis plus de 3 ans) a besoin d’être aménagé pour les besoins de la production.
Le tournage de cette série sur la vie d'une bande de jeunes au sein d'un lycée agricole est prévu à partir d’avril 2023, mais les préparatifs débutent dès maintenant car l'ancien lycée agricole privé d'Étrelles, au sud de Vitré, en Ille-et-Vilaine (ci-dessus dans son état actuel alors qu'il est fermé depuis plus de 3 ans) a besoin d’être aménagé pour les besoins de la production. (Crédits : Vitré Communauté)

Une fiction pour la jeunesse qui se passe dans un territoire rural et au sein d'un lycée agricole, plutôt qu'à Paris ou dans une métropole, c'est rare à la télévision. Une série quotidienne pour la télévision qui n'est pas tournée sous le soleil de Marseille (Plus Belle la vie sur France 3), de Vendargues près de Montpellier (Un si grand soleil sur France 2) ou de Saint-Laurent-d'Aigouze en Camargue (Ici tout commence sur TF1), c'est presque atypique. Et c'est pourtant ce que compte proposer France Télévisions avec Avec Déter (titre provisoire), une série quotidienne d'un genre nouveau qui suivra le parcours de quatre ou cinq adolescents, élèves du même lycée agricole situé en Bretagne. Elle sera tournée entre avril et octobre, à l'ancien lycée agricole privé d'Étrelles, au Sud de Vitré, en Ille-et-Vilaine.

Pour accueillir le tournage des 200 épisodes de 7 minutes par saison qui seront diffusés à l'automne du lundi au vendredi en streaming sur la plateforme france.tv/slash, puis en fin de semaine dans un format de 40 x 35 mn sur une des chaînes de France Télévisions, les producteurs ont fait jouer la concurrence entre les régions.

Financement de près de 10% du budget global

Première région agricole de France, la Bretagne a remporté la palme en soignant l'accueil et l'accompagnement économique du projet.

« Il existe de nombreux lycées agricoles en France, mais nous souhaitions éviter les régions du Sud de la France, souvent vues en télévision, et privilégier la thématique de l'élevage » explique, à La Tribune, Toma de Matteis, directeur délégué de france.tv Studio en charge de la fiction et coproducteur de la série avec la société Black Sheep Films (Mental).

« Plusieurs régions se sont positionnées pour accueillir ce tournage. La Bretagne est arrivée tard dans la compétition mais, en termes d'accompagnement économique, d'accueil, de décors et de conditions de tournage, sa proposition a montré une volonté de pousser l'activité audiovisuelle » ajoute le producteur.

Sur le plan financier, l'appui de la Région Bretagne et de Vitré Communauté pourrait avoisiner les 800.000 euros, soit près de 10% du budget global de 10 millions d'euros.

« C'est extrêmement important et cela permettra de faire le petit saut qualitatif pour mettre en scène la vie de ces élèves et se balader dans les exploitations » reconnaît Toma de Matteis.

Le campus The Land prête le décor et ouvrira son labo

Dans le détail, le Conseil régional a déjà donné son accord pour un soutien de 300.000 euros, au titre des aides économiques, jugeant que la série contribue à « l'attractivité de la Bretagne et de son agriculture, ainsi qu'à l'emploi sur le territoire ».

D'ici à quelques jours, Vitré Communauté votera pour sa part une participation de 200.000 euros à la saison 1, assortie d'un appui logistique au projet. Les producteurs ont par ailleurs sollicité le Fonds d'aide à la création cinématographique et audiovisuelle (FACCA) dont le comité d'experts se prononcera le 2 février. La collaboration avec la Bretagne ne s'arrête pas là.  Un partenariat se met aussi en place entre France Télévisions et The Land, (groupe A. de Saint-Exupéry), un centre rennais de formation (200 métiers), qui réunit des écoles, une pépinière d'entreprises mais aussi un laboratoire R&D agroalimentaire où de jeunes agriculteurs testent leurs innovations.

Traiter de l'agriculture du point de vue de la jeunesse

The Land met à disposition l'ancien lycée agricole, qui va être aménagé pour les besoins de la production. Son directeur général, Jean-Marc Esnault, servira d'expert pour répondre aux questions des scénaristes sur les différents métiers de l'agriculture, les formations ou les enjeux du secteur.

Visant un public jeune, voire un public plus large intéressé par les sujets liés à l'agriculture, Déter entend en effet dresser « un portrait juste, drôle, moderne, représentatif de la diversité d'une jeunesse rurale, évoluant dans un environnement peu vu jusqu'ici à l'écran ».

« La série traitera, positivement, avec humour et loin des clichés, de la complexité des enjeux du monde agricole, des préoccupations des jeunes au lycée et de la diversité des formations et métiers qu'on y trouve » assure Toma de Matteis.

Pour les deux collectivités bretonnes, cette mise en avant d'un territoire rural et de ses habitants, majoritairement agriculteurs, offrira une tribune privilégiée pour faire valoir leurs priorités en matière de stratégie agricole.

Installer 1.000 agriculteurs par an d'ici à 2028

« Une série quotidienne accessible à tous sur le plan national est une fenêtre de communication exceptionnelle sur le long terme, d'autant que les producteurs se sont engagés à mettre en avant, à l'écran, certaines des actions portées par la Région comme la formation, le renouvellement des générations, les pratiques durables et le bien-manger pour tous » s'est félicité Loïg Chesnais-Girard, lors de la conférence de presse. Le président de la Région Bretagne, qui était accompagné d'Isabelle Le Callennecprésidente de Vitré Communauté, ambitionne d'installer 1.000 nouveaux agriculteurs par an d'ici à 2028 et veut susciter les vocations.

Région d'élevage, la Bretagne compte 55.200 actifs et 26.300 exploitations dont 63% spécialisées dans la production animale, notamment laitière.

Sur le territoire de Vitré Communauté, les créateurs de Déter vont bénéficier d'un écosystème composé de 1.084 exploitations (filière lait, élevage hors sol, cultures de plein-champ) pour 1.838 emplois directs ainsi que de nombreuses entreprises du secteur agro-alimentaire, telles Lactalis, Olga, Tendriade, Geldelis (7.000 salariés).

Retombées : 8-10 euros pour un euro investi

Ce tournage au long-cours promet aussi des retombées économiques. Le casting est en cours et les producteurs le mènent également au niveau régional afin de trouver de « nouveaux visages » et de jeunes comédiens professionnels « peu vus à l'écran ».

La production de la série offre aussi une perspective d'embauche pour les techniciens locaux. Sur le plan artistique, le directeur de production et le chef décorateur retenus sont bretons.

« Pour ce type de tournages inscrits dans la durée, on considère qu'un euro investi par la Région permet de réinjecter 8 à 10 euros dans l'économie locale (salaires, charges, dépenses des équipes sur place puis retombées touristiques) » calcule le Conseil régional.

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Commentaire 1
à écrit le 24/01/2023 à 19:27
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On va nous vendre la diversité à la campagne, encore une série financée par le denier public qui va porter un message politique en filigrane ...

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