A Colmar, les commerçants veulent sauver leurs ventes à Noël

Les collectivités soutiennent une quinzaine de places de marché dans le Grand-Est, dont celle que les commerçants colmariens projettent d'ouvrir début décembre. En l'absence d'animations touristiques, la fin de cette année s'annonce difficile pour les indépendants.
Colmar, quartier de la Petite Venise. Les commerçants locaux comptent habituellement sur la fréquentation touristique. Cette année, elle a déjà baissé de moitié.
Colmar, quartier de la Petite Venise. Les commerçants locaux comptent habituellement sur la fréquentation touristique. Cette année, elle a déjà baissé de moitié. (Crédits : Olivier Mirguet)

L'arrêté municipal signé par Eric Straumann n'a pas eu tout l'effet escompté. Le 31 octobre, en contradiction avec les restrictions décidées par le gouvernement face à la crise sanitaire, le maire (Divers Droite) de Colmar a autorisé la réouverture des commerces non alimentaires de vente au détail. La réaction du préfet du Haut-Rhin n'a pas tardé : contesté devant le tribunal administratif, l'arrêté a été suspendu cinq jours plus tard. "J'étais conscient de la fragilité de cet arrêté", reconnaît Eric Straumann. La liberté promise tenait davantage du geste politique que de l'action économique. "L'objectif était de secouer le gouvernement afin de rétablir l'équilibre entre les commerces de centre-ville et les hypermarchés. Sur ce point, j'ai réussi", veut croire Eric Straumann.

Les commerces non alimentaires colmariens sont donc restés fermés. Pour les adhérents des Vitrines de Colmar, l'association locale qui fédère 220 entreprises locales, il était devenu urgent de mettre en service la place de marché en projet depuis le début de cet été. "Nous avons tenu cette saison malgré la baisse de 50 % de la fréquentation touristique", reconnaît Tony Gremillot, qui gère en face de la cathédrale un commerce indépendant de 130 mètres carrés dans le prêt-à-porter. "Ce deuxième confinement va nous faire mal. Malgré les efforts sur les réseaux sociaux, avec la possibilité de réserver en ligne et de retirer les achats sur rendez-vous, je n'ai sauvé que 10 % de mon chiffre d'affaires depuis la fin du mois d'octobre", calcule Tony Gremillot. "Le mois de décembre représente habituellement entre 18 % et 20 % des ventes annuelles. Je compte sur notre site collectif de vente en ligne pour nous hisser à un quart des ventes habituelles sur ce mois essentiel". Les artisans non sédentaires, qui exposent habituellement leurs produits sur le marché de Noël, ont été invités à se joindre à l'initiative en ligne. Cette année, comme partout en Alsace, ces animations commerciales et touristiques de fin d'année ont été annulées dans la préfecture du Haut-Rhin.

Subventions publiques

Dans les rues piétonnes du centre de Colmar, l'absence de locaux commerciaux vacants semble attester de la vitalité préservée de cette économie locale. Un trompe-l'œil ? "Les loyers ne correspondent pas aux prix du marché. Le confinement profite aux grandes surfaces en périphérie. Dans le centre-ville, les commerces alimentaires positionnés en haut de gamme sont ceux qui s'en sortent le mieux", observe Eric Straumann.

Le 5 novembre, la ville et l'agglomération ont annoncé 44.800 euros de subventions à l'association locale des commerçants pour sa plateforme numérique locale. Le Conseil régional du Grand-Est a voté une aide de 80.000 euros. Le Fonds européen de développement régional (Feder) complète avec 17.600 euros. "Nous serons prêts début décembre", promet Mélanie Stoecklin, l'animatrice de l'association des commerçants, qui entend se rémunérer (59 euros par entreprise) pour soutenir ses actions de communication. Une trentaine de boutiques seront présentes dès l'ouverture. Mise au point par une agence locale de communication "multi-canal", la plate-forme de commerce en ligne prévoit une gestion des stocks en temps réel et un budget de 60.000 euros pour se faire connaître.

Amazon présent, malgré tout

Dans une région marquée cet automne par des manifestations contre deux projets d'implantations de plates-formes Amazon à Barr (Bas-Rhin) et Ensisheim (Haut-Rhin), démenties ensuite par le géant américain, les élus refusent d'opposer leur soutien aux petits commerces et le développement de la filière logistique. A Frescaty, en périphérie de Metz, Amazon ne renoncera pas à son entrepôt de 185.000 mètres carrés, dont les 800 à 2.000 emplois escomptés ont séduit les élus mosellans. Le chantier est en cours pour une ouverture prévue mi-2021. "Amazon, c'est un projet industriel dans lequel nous serons attentifs à la consommation de foncier, à l'impact environnemental et à l'impact sur l'écosystème", expose Lilla Merabet, vice-présidente du Conseil régional du Grand-Est en charge de la compétitivité, de l'innovation et du numérique. "Dans le même temps, nous lançons un programme massif de digitalisation du commerce et de l'artisanat. Nous engageons 5 millions d'euros par an par convention avec les chambres de commerce et les chambres des métiers. 800 petites entreprises vont être impactées", promet l'élue. Le Conseil régional du Grand-Est propose de soutenir une quinzaine de places de marché locales, spécialisées par secteur ou par territoire comme à Colmar.

A Nancy, l'agglomération a lancé dès cet été son site local avec désormais 340 boutiques participantes, 3.100 produits référencés et des livraisons gratuites, prises en charge par la collectivité. "J'espère que le sursaut citoyen jouera à plein", déclare François Werner, en charge de l'économie à la Métropole du Grand Nancy. La collectivité régionale veut aussi favoriser l'émergence d'une plate-forme de vente en ligne dédiée aux viticulteurs d'Alsace, de Champagne et des vignobles mosellans.

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Commentaire 1
à écrit le 10/11/2020 à 9:03
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un marche de noel ou les gens sont a distance de 1 metre c'est pas un marche de noel; et si la distance n'est pas respectee les gens ne voudront pas y aller

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