Commerce, chantiers, tramway : les enjeux du duel Klein-Hénart à Nancy

MUNICIPALES 2020. L'alliance annoncée avec les Verts peut offrir à la liste de gauche, emmenée par le socialiste Mathieu Klein, un avantage arithmétique sur le maire sortant Laurent Hénart.
La Place Stanislas, élément du patrimoine architectural du XVIIIème Siècle à Nancy.
La Place Stanislas, élément du patrimoine architectural du XVIIIème Siècle à Nancy. (Crédits : Olivier Mirguet)

Article mis à jour le 28 mai à 19 h 07 : fusion des listes Klein-Watrin

Le deuxième tour des élections municipales aura à Nancy la saveur tenace du Covid. Aux commandes à la mairie depuis 2014, le maire sortant Laurent Hénart, président du Mouvement Radical, a eu les coudées franches pendant le confinement pour élaborer dans l'urgence des mesures de soutien au commerce, adapter sa politique de déplacements et participer aux débats sur la réorganisation du système de santé. Mathieu Klein (PS), seul opposant déclaré pour le deuxième tour le 28 juin, a occupé le terrain dans un registre plus social : aider les soignants, renforcer les liens intergénérationnels. Depuis 2014, cet ancien soutien de Manuel Valls préside le conseil départemental de Meurthe-et-Moselle.

Avec 37,9 % des voix pour Mathieu Klein et 34,7 % pour Laurent Hénart, l'issue des élections au soir du premier tour s'annonçait incertaine. L'alliance de la gauche et des écologistes (10,2 % au premier tour pour Laurent Watrin, néophyte en politique) est apparue évidente au fil des semaines, au mois de mai. Depuis l'annonce le 28 mai d'une fusion des listes de Mathieu Klein et Laurent Watrin, cette nouvelle arithmétique ouvre la perspective d'un changement de majorité à Nancy. "Le résultat évolue grandement avec la participation. Le 28 juin, ce sera une toute nouvelle élection", se défend déjà Laurent Hénart. La même affiche était proposée aux Nancéiens en 2014. Ils ont accordé six points d'avance à Laurent Hénart face à Mathieu Klein (53-47).

Reporter le chantier du tram

Le réseau de tramway, qui porte la signature de la droite nancéienne depuis son inauguration en 2001 par l'ex-UDF André Rossinot, fait depuis deux décennies l'objet de joutes politiques interminables. La technologie retenue, un modèle sur pneus de Bombardier, n'a jamais convaincu et son remplacement par un tramway classique, pour plus de 400 millions d'euros, est acté à partir de 2021. Laurent Hénart a décidé de surseoir au lancement du chantier "pour permettre à l'économie locale de reprendre son souffle" après la crise du Covid. En pleine campagne électorale, Mathieu Klein s'est de nouveau engouffré dans la brèche. "Il faut revoir la copie", dit-il. "Je n'ai jamais cru que ce projet était dans un calendrier réaliste. Profitons de ce retard pour remettre à plat le réseau de transports en commun à l'échelle du bassin de vie du Grand Nancy". A défaut d'engager dès maintenant des fonds publics dans cet énorme chantier, la mairie vient d'accélérer la réalisation de son plan vélo, en créant illico 15 kilomètres de pistes cyclables. "Nous faisons en trois mois ce qu'il était prévu de faire en trois ans", souligne Laurent Hénart. "La relance passera par la commande publique et les chantiers", prévient-il, rappelant que deux autres projets de grande envergure seront poursuivis : aménagement de la piscine et du centre de soins Nancy Thermal (100 millions d'euros), réhabilitation du Musée Lorrain (43 millions d'euros). Mathieu Klein préfère renoncer au musée, et redéployer l'argent dans la rénovation des écoles.

Avec 7 % d'emplois industriels sur son territoire métropolitain, le tissu économique de Nancy et de son agglomération ne correspond pas à l'image industrielle de la Lorraine. L'économie locale est portée en premier lieu par le commerce, les services et l'administration. "C'est essentiellement dans les services marchands que la métropole a été impactée par la crise du Covid", confirme Mathieu Klein, qui propose un système de bons d'achat pour soutenir les trésoreries des commerçants. La mairie abonderait à hauteur de 25 % les emplettes réalisées dans les magasins nancéiens, pour un budget de 500.000 euros. Le candidat socialiste propose aussi de créer "Made in Nancy", un fonds public-privé de 50 millions d'euros à investir dans l'économie productive. "Favoriser les investissements sur le territoire permettrait de créer un cercle vertueux entre l'épargne, l'économie et la consommation locale", écrit-il dans son programme. Dans le même registre, Laurent Hénart mobilise 2 millions d'euros pour "apporter aux petits commerçants des outils numériques et logistiques", offrir diverses facilités de stationnement gratuit ou à prix réduit et aider les cafetiers et restaurateurs à relancer leurs activités cet été. "Nous les autoriserons à élargir leurs terrasses, à créer des terrasses éphémères dans des lieux insolites", propose le maire sortant.

Manque d'attractivité du centre-ville

La vacance de plusieurs locaux commerciaux emblématiques, comme les 2.500 mètres carrés à l'abandon de l'ex-Eurodif situé rue Saint-Dizier, apparaît anecdotique à l'issue de deux mois de confinement et de centre-ville désert. Mais la plaie n'a pas cicatrisé. Critiquée sur le manque d'attractivité du centre-ville, l'équipe sortante consent à demi-mot. "On a beaucoup travaillé sur la question des commerces vacants, qui n'est pas si énorme qu'on a pu l'imaginer puisqu'elle se chiffrait à 8 % des surfaces avant la crise du Covid. Mais la ville a souffert de vacances spectaculaires dans de gros bâtiments en centre-ville", confirme Sylvie Petiot, première adjointe depuis 2014. "Cela fait dix ans que nous demandons une politique plus agressive de la collectivité sur l'immobilier commercial", déplore Chaynesse Khirouni, présidente du groupe de gauche à la métropole du Grand Nancy.

La ville a effectivement réagi tardivement. En 2019, elle a créé la société d'économie mixte Nancy Défi chargée d'acquérir les murs de ces commerces vacants, de les rénover et de les remettre sur le marché. La première opération de cette SEM, portée avec des bailleurs sociaux et des banques locales, portera sur deux cellules commerciales totalisant 500 mètres carrés rue Héré, dans le secteur historique de la place Stanislas. "C'est ridicule, pas à la hauteur des enjeux", s'emporte Chaynesse Khirouni.

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Commentaire 1
à écrit le 28/05/2020 à 10:52
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Parlez nous des politiciens et de leurs personnalités au lieu de nous parler de partis politiques qui n'ont plus aucun sens puisque tous ont intérêt à la continuité de ce système qui nous tue.

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