Lithium de France lève 44 millions d'euros pour explorer le sous-sol alsacien

La société propose d'accéder à la chaleur géothermale et au lithium « vert » présents dans le sous-sol au nord de Strasbourg. L'exploitation pourrait démarrer en 2025.
Lithium de France exploitera la ressource présente dans les sous-sols du fossé rhénan.
Lithium de France exploitera la ressource présente dans les sous-sols du fossé rhénan. (Crédits : CARLOS BARRIA)

Lithium de France est désormais armé pour financer ses explorations et construire son premier puits de forage. La société basée à Bischwiller (Bas-Rhin), à 30 kilomètres au nord de Strasbourg, a annoncé le 14 mars une levée de fonds de 44 millions d'euros, sous forme d'augmentation de capital souscrite par ses principaux actionnaires.

L'énergéticien palois Arverne Group, fondateur de Lithium de France en 2020, est accompagné par le géant norvégien Equinor (anciennement Statoil), via son fonds Equinor Ventures, et par le producteur norvégien d'aluminium Hydro. Au terme de cette levée de fonds, Arverne reste l'actionnaire majoritaire de Lithium de France avec 55 % des parts. En novembre 2021, un premier tour de table avait déjà permis à l'entreprise de lever 8 millions d'euros.

« Cette levée de fonds va nous permettre de financer nos projets jusqu'au premier forage en fin d'année 2024. La production de chaleur pourrait démarrer dès 2025 et la production de lithium, un an plus tard », calcule Guillaume Borrel, directeur général de Lithium de France.

Le modèle économique de Lithium de France repose sur deux piliers : la production de chaleur et la production de lithium géothermal. Par arrêté ministériel du 22 juin 2022, Lithium de France dispose d'un permis exclusif de recherches de gîtes géothermiques sur un territoire de 171 kilomètres carrés situé au nord de Haguenau.

« Les eaux géothermales constituent une ressource propre et inépuisable en chaleur à usage local, et permettent l'extraction du lithium dont on connaît le potentiel dans le Bas-Rhin », rappelle Guillaume Borrel. L'entreprise compte actuellement 20 salariés. Ses effectifs devraient être multipliés par cinq lors du démarrage de l'exploitation. Les capacités prévisionnelles s'élèvent à 20 mégawatts pour le volet énergétique, et à 1.500 tonnes par an pour le lithium. La production sous forme d'hydroxyde monohydraté permettra son utilisation dans les batteries.

En attendant de lancer son activité industrielle et commerciale, Lithium de France va continuer de décrypter les résultats de ses études géologiques menées en 2022. « La première phase consiste à caractériser, à comprendre et à évaluer l'accès à ces ressources. La phase suivante consistera à la gérer sur plusieurs décennies », rappelle Guillaume Borrel. Lorsque les sites propices auront été identifiés, Lithium de France installera deux puits pour accéder à la ressource présente sous forme de saumure entre 2.000 et 3.000 mètres sous terre. Deux autres installations seront nécessaires pour extraire les calories et les redistribuer sous forme de chaleur et pour extraire le lithium.

La filière lithium se structure en Alsace

Trois autres acteurs économiques sont déjà présents dans le nord de l'Alsace pour tenter d'exploiter ces ressources géologiques. Electricité de Strasbourg, filiale locale d'EDF, exploite depuis 2017 deux forages à Rittershoffen. Avec une puissance installée de 27 mégawatts, le site alimente en chaleur une amidonnerie du groupe Roquette située à Beinheim.

Le groupe Vulcan, d'origine australienne, est déjà actif sur la rive allemande du Rhin. Il prévoit un développement en Alsace, où il a déposé un permis de recherches sur un territoire de taille comparable à celui accordé à Lithium de France, à proximité de Haguenau.

En juin 2022, l'industriel Viridian a annoncé un investissement de 160 millions d'euros à Lauterbourg où il entend construire en 2025 une usine d'hydroxyde de lithium. En phase de lancement, ses approvisionnements en minerais devraient toutefois s'effectuer en Amérique du Sud.

En janvier 2023, Eramet et Electricité de Strasbourg ont signé un protocole en vue de produire du lithium à partir de saumures géothermales, d'ici quatre ans sur le site de Rittershoffen.

« Une véritable filière lithium est en train de se mettre en place dans la région », observe Jean-Michel Staerlé, responsable du développement des entreprises à l'Adira, l'agence de développement économique du territoire alsacien. Avec plus de 15.000 emplois, en présence de plusieurs groupes internationaux (Siemens, Mars Wrigley, SEW Usocome), le nord de l'Alsace entre Haguenau et Lauterbourg apparaît comme l'un des pôles industriels majeurs de la région du Grand-Est. « Les compétiteurs vont pouvoir mettre en place d'ici 2030 une offre de chaleur locale. C'est intéressant pour les entreprises qui seront contraintes de redéployer une activité décarbonée », se réjouit Jean-Michel Staerlé.

Le souvenir amer des séismes induits à Strasbourg

L'exploitation de la géothermie laisse toutefois un souvenir amer dans la population. En 2019 et en 2020, plusieurs tremblements de terre avaient été ressentis dans l'agglomération de Strasbourg, induits par l'activité de Géorhin (anciennement Fonroche). Cet industriel tentait alors, par forage et stimulation hydraulique, d'implanter à Vendenheim une unité de cogénération qui aurait permis d'alimenter 20.000 logements en électricité et en chaleur douce. La fréquence des séismes induits et leur magnitude, jusqu'à 3,59 sur l'échelle de Richter, avaient conduit la préfecture à retirer à l'opérateur son autorisation d'exploiter. Les actifs de Fonroche, placée en procédure de sauvegarde, ont été repris par le groupe Arverne, actionnaire majoritaire de Lithium de France. « Nous n'entendons pas reprendre les anciennes activités de Fonroche, qui sont totalement distinctes des nôtres », a prévenu Guillaume Borrel.

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Commentaires 3
à écrit le 24/03/2023 à 12:22
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Il faut lire "Terres rares" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. L'auteur sous forme de fiction dévoile la réalité des coups tordus de la Chine qui en échange des minéraux rares dont elle dispose en quantité s'accapare les ressources essentielles d'un...

à écrit le 19/03/2023 à 10:31
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Bonjour, Le lithiume verts du nords de Strasbourg.... Ons parle de quoi?

le 23/03/2023 à 9:37
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Si vous ne lisez que le titre ça ne peut pas aider... L'eau de géothermie contient du lithium, il suffit de le capter (extraire, récupérer) en passant (en Suisse un puits de géothermie en cours de forage avait été rebouché, micro-séismes à la clé).

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