Tout a commencé par une collaboration. Le CHU de Lille et Lemahieu, spécialiste du sous-vêtement, ont mis au point un masque homologué, qui pouvait aussi bien être produit sur les lignes industrielles que chez des couturières bénévoles. Fin mars, près de 10.000 couturiers volontaires avaient répondu à l'appel.
La mobilisation extraordinaire n'a pas été le seul intérêt de l'opération puisqu'une vingtaine d'entreprises ont été impliquées dans l'opération. Des masques en Nord, que ce soit en matière de mécénat, d'apport de logistique, d'expertise textile comme le réseau ClubTex, de mise à disposition de matériel, d'assemblage et de confection (par Damart, l'Opéra de Lille, Decathlon, Le Colonel Moutarde...), de nouvelles technologies, de communication ou de gestion de projet.
Une méga-commande du Conseil régional
Face au succès de cette initiative relayée par l'association Le Souffle du Nord, le conseil régional a relancé courant mai une méga-commande de 6 millions de masques en tissu, dans l'optique de privilégier les productions locales.
« Nous avons pensé l'opération Un masque pour chacun comme une chaîne de solidarité dans laquelle chacun contribue selon ses compétences, ses moyens... Industriels, associations, bénévoles, élus locaux : tout le monde participe pour permettre aux habitants des Hauts-deFrance d'être équipés d'un masque ! », a fait savoir Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France.
Derrière l'initiative, se dessine en filigrane la réorganisation d'une filière pérenne de production de masques réutilisables, pour des entreprises de textile qui pourront alors réorienter une partie de leur production.
À l'image du million de masques fabriqués par le site Toyota d'Onnaing, près de Valenciennes, pour en offrir aux habitants. Ou comme le groupe de réinsertion Vitamine T, présidé par André Dupon, qui a créé une vingt-quatrième filiale, baptisée Confectio, capable de produire jusqu'à 150.000 masques par semaine.
Un effet booster pour le secteur
À Roubaix, l'atelier Résilience a été monté de toutes pièces par Carol Girod, cofondatrice du réseau éponyme, groupement d'ampleur nationale qui rassemble des PME du textile, des entreprises d'insertion et des entreprises adaptées, et par Stéphanie Calvino, militante pour une mode durable avec son mouvement Anti-Fashion à Roubaix et à Marseille.
Après avoir reçu 130 machines à coudre et mobilisé quelques couturières chevronnées, elles ont formé des débutants, intérimaires ou demandeurs d'emplois. Dans un lieu qui a été le berceau du textile français. À l'échelle locale, le Covid-19 a donc eu un effet booster pour la filière textile. Et si le masque n'était que le début de l'histoire ?
Sujets les + commentés