Pour s'en sortir, les acteurs économiques des Hauts-de-France ont travaillé main dans la main

Du jamais vu. Le 1er avril dernier, un communiqué de presse rassemblait sous une même bannière, d'un côté, les organisations patronales du Medef, de la CPME et de l'U2P des Hauts-de-France et, de l'autre, les syndicats de salariés, CFDT, CFE-CGC, CFTC et FO. Tous s'étaient concertés le 25 mars pour que les entreprises puissent maintenir ou retrouver une activité économique.
(Crédits : Pixabay)

La crise a indéniablement resserré les liens entre les institutions régionales, mais cette fois-ci pour traiter de questions très pratiques. Et, du coup, plus tout à fait macroéconomiques, si l'on pense aux analyses sur la conjoncture régionale livrées conjointement par la Banque de France, la CCI Hauts-de-France et la Chambre de métiers et de l'artisanat, ou aux conférences de rentrée où parlaient de concert la CCI et le Medef.

Pour faire face à cette crise sans précédent, l'État, la Région Hauts-de-France, les chambres consulaires et les organisations patronales ont travaillé main dans la main. Partie émergée de l'iceberg, ils ont édité un document unique répertoriant toutes les aides pouvant être apportées pour aider les entreprises, organisé des Facebook live, et transmis leurs messages via les médias du groupe régional Rossel La Voix du Nord.

La création d'une plateforme en ligne

En coulisses, une cellule de crise hebdomadaire était organisée tous les vendredis pendant la durée du confinement.

« Il s'agissait de trouver des solutions pour chaque entreprise qui en faisait la demande et sans attendre trois jours, raconte Marion Sigier, responsable de la communication au Medef Grand Lille et Hauts-de-France.Près de 98 % des prêts garantis par l'État ont été acceptés : si un dossier bloquait, on prenait le téléphone. »

Les synergies sont encore présentes pendant la phase de déconfinement.

Le 10 juin, un communiqué était signé conjointement par la Région, la préfecture de région Hauts-de-France, la Chambre de commerce et d'industrie, la Chambre de métiers et de l'artisanat, et la Chambre régionale d'agriculture, mais aussi les syndicats professionnels, le Medef, la CPME et l'U2P.

Après la mise en place d'une plateforme d'entraide entre professionnels ou pour être autosuffisant à l'échelle régionale en matière d'équipements de protection individuels, la dernière annonce en date porte sur la création d'une plateforme en ligne dédiée à la reprise et à l'accompagnement des dirigeants de TPE et de PME, qu'il s'agisse d'accompagner les salariés, d'accueillir les clients ou de se fournir en équipement, dans ce monde de l'après-COVID-19 où le virus circule encore. Le titre est lui-même symbolique : « Ensemble, réussir la reprise ! » Il pourrait également s'agir d'agir ensemble dans le « monde d'après ».

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FOCUS

ALINEAIR A CONÇU UN TUNNEL DE DÉSINFECTION

Il est passé sur CNews, BFMTV, Le Parisien, Franceinfo, Challenges et même dans les médias étrangers, aux États-Unis, en Pologne, en Russie, en Afrique...

« Le téléphone n'a pas arrêté de sonner », sourit Pierre Nicoletti, patron d'Alineair.

Installée à Tourcoing et à Valenciennes, son entreprise, spécialiste du mobilier urbain, ne s'attendait pas à un tel raz-de-marée concernant sa dernière innovation : un tunnel de désinfection amovible. Un sas de deux mètres de long et d'un mètre de largeur, que le client d'un supermarché peut traverser en quelques secondes, pour désinfecter à hauteur de chariot.

« Nos clients de départ étaient les supermarchés - nous avons été les premiers à proposer un abri à Caddies -, mais nous intéressons aussi désormais le petit commerce de détail, comme le magasin de vêtements qui n'aurait plus besoin de mettre les articles de côté pendant un certain temps, détaille Pierre Nicoletti. Plus on avance, plus on se rend compte des possibilités. »

DAGOMA A RÉORIENTÉ SA PRODUCTION VERS LES VISIÈRES

C'est un terrible paradoxe. Être en redressement judiciaire. Et quelques semaines plus tard, fabriquer des dizaines de milliers d'arceaux pour visières anti-Covid afin d'équiper Norauto, Securitas ou Chronopost. En exploitant sa ferme de 300 imprimantes, Dagoma, l'entreprise roubaisienne pionnière dans la construction de machines d'impression 3D, a su tirer parti de la crise et aussi rejoindre l'immense mouvement de solidarité de Visière solidaire, qui a rassemblé des centaines de makers dans toutes les régions.

dagoma

LE CASIER FRANÇAIS A CARTONNÉ

Avec le plébiscite national pour le circuit court, Le Casier français, dont le site de production est basé à Ennevelin près de Lille, a croulé sous les demandes. Son coeur de métier est en effet d'équiper les producteurs agricoles de casiers connectés, réfrigérés et permettant la vente à distance grâce à un code de déverrouillage, tout en assurant un suivi des stocks en temps réel.

« La crise a également donné l'envie aux traiteurs, restaurateurs et même artisans bouchers, charcutiers, boulangers d'investir dans des casiers », explique Manuel Moutier, dirigeant trentenaire à la tête d'AST International Equipment.

Les casiers peuvent aussi proposer un service conciergerie : près de 80 d'entre eux ont été expérimentés dans une polyclinique de Bordeaux pour proposer des plateaux-repas, des fleurs ou des nécessaires de toilette. Le carnet de commandes est plein jusque fin août, sachant que le casier d'entrée de gamme coûte entre 13.000 et 15.000 euros, certaines installations sur mesure, véritables magasins connectés, pouvant aller jusqu'à 80.000 euros.

AST International Le Casier Francais

JET'SAC A FABRIQUÉ 12 MILLIONS DE SURBLOUSES

Siégeant à Auchel près de Béthune, l'entreprise Jet'Sac (groupe Sphere), à l'origine spécialisée dans les sacs-poubelle pour les hôpitaux, l'hôtellerie-restauration, les sociétés de nettoyage et la grande distribution, a réorienté une partie de sa production afin de fabriquer des surblouses pour le personnel médical. Mises au point avec l'aide d'ingénieurs et de médecins, elles ont pallié un manque du milieu hospitalier, en attente de commandes fabriquées en Asie.

« Nous n'avons pas changé de métier, mais investi quelques milliers d'euros pour cette nouvelle production », souligne le groupe Sphere. « Comme nous possédons de grosses capacités avec nos huit sites en France, nous réfléchissons à professionnaliser et à diversifier cette offre dans la durée. »

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