Son mouvement est hypnotique. Dans le bassin de l'Ifremer, l'hydrolienne ondule dans l'eau à la manière d'une queue de baleine... Utiliser l'ondulation plutôt que des turbines est une véritable innovation de rupture. Dans la version fluviale, l'énergie de la poussée est transformée en électricité grâce à un mat qui entraîne une roue, hors de l'eau. Dans la version marine, des générateurs sont embarqués sur la membrane.
Après six ans d'études, la startup Eel Energy (eel signifiant anguille en anglais) entre dans une phase de pré-commercialisation. « Nous allons tester en milieu naturel pendant six mois. À la fin des essais, nous pourrons prendre des commandes », s'est réjoui Franck Sylvain, fondateur de la startup lors de la présentation de la membrane ondulante de son hydrolienne fluviale au bassin Ifremer de Boulogne-sur-Mer. Les premiers essais en mer se sont révélés concluants, les algues glissant sur le dispositif et la faune marine n'étant pas particulièrement perturbée, d'après le créateur.
Un coût de revient sous les 150 euros le mégawatt
Non seulement le coût de revient de la production d'électricité de cette hydrolienne est passé en dessous des 150 euros le mégawatt (là où les centrales nucléaires nécessitent 100 euros du mégawatt) mais le dispositif afficherait un prix de 30.000 euros pour 2 à 3 kilowatts de puissance installée, soit la capacité de produire 50 à 60 kilowattheures par jour et d'alimenter une dizaine de foyers (sachant que l'hydrolienne fluviale nécessite un peu plus d'un mètre par seconde de courant).
« Je vous laisse imaginer ce qu'un dispositif plus gros pourrait produire comme énergie propre et compétitive, sachant que cette version fluviale mesure 2,60 mètres et qu'un modèle de 5 mètres produirait 60% de puissance supplémentaire », a lancé Franck Sylvain.
Il projette déjà de créer des champs d'hydroliennes sous la mer, la turbulence produite derrière la machine étant bien moindre que celle des turbines.
« On pourrait ainsi installer 5 à 7 fois plus de machines sur un endroit donné, sachant que nous n'avons pas besoin de sites à haut rendement énergétique. »
« Ifremer a été la première institution à croire en cette technologie, suivie du fabriquant de caoutchouc Hutchinson. Depuis deux ans, Dassault Systèmes nous donne accès à des logiciels de pointe et nous permet de présenter notre projet partout dans le monde », a souligné Franck Sylvain, également soutenu par BPI France, l'entreprise Frisquet et Nausicaa.
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