« Paris, Rouen, Le Havre, une seule et même ville dont la Seine est la grande rue ». En prononçant cette phrase en 1802, Napoléon Bonaparte n'imaginait pas que l'autoroute A13 deviendrait l'artère fémorale de la vallée de Seine. En comparaison, la grande rue dont rêvait le futur empereur reste un long fleuve (trop) tranquille. Seul un petit dixième des marchandises, en transit entre l'estuaire et la capitale, emprunte la voie d'eau. Beaucoup trop peu aux yeux d'Anne Hidalgo, d'Edouard Philippe et de Nicolas Mayer Rossignol, les maires de Paris, du Havre et de Rouen, qui se sont retrouvés lundi au Havre à l'occasion des secondes « rencontres de l'axe Seine ». Au menu de cet opus printanier auquel s'est joint Patrick Ollier, président de la Métropole du Grand Paris, un plat unique mais roboratif : le développement de la logistique fluviale, maillon faible du report modal à la française.
A l'instar de Stéphane Raison, le nouveau patron d'Haropa, les intéressés plaident pour un rééquilibrage vigoureux en faveur de la barge, au détriment du poids-lourd. L'heure est venue, explique Anne Hidalgo. La maire de Paris, qui s'est engagée à éradiquer le diesel des chaussées de la capitale en 2024, veut croire que « le point de bascule est arrivé ». « Le fleuve, auquel nous avons trop longtemps tourné le dos, doit nous aider à moins transporter par la route » insiste t-elle.
Tous dans le même bateau
Pour accompagner ladite « bascule », les trois maires avancent plusieurs propositions à commencer par la prise en compte de la voie d'eau dans la commande publique. En clair, le cahier des charges de leurs collectivités respectives comprendra, demain, de nouveaux critères de notation devant favoriser la croissance des flux logistiques sur la voie d'eau. « Voies Navigables de France et l'Eurométropole de Strasbourg ont déjà travaillé sur cette question. Nous allons nous en inspirer » précise Edouard Philippe.
Les trois métropoles veulent aussi accorder leurs violons sur la question -clef- des lieux de débarquement dédiés à la logistique fluviale, aujourd'hui trop petitement dimensionnés pour supporter une montée en charge. Dans cette perspective, les trois maires prometttent le déploiement d'une stratégie d'aménagement « partagée » en vue de développer la distribution du dernier kilomètre. En toile de fond, le boom du e-commerce et la mise en place imminente des ZFE censées bouter les poids-lourds les plus polluants hors des centres villes.
« Le sujet n'est plus : est-ce qu'on y va mais comment on y va ? C'est d'ailleurs la volonté de chargeurs de premier plan comme Ikea » décrypte Nicole Mayer Rossignol.
Le trio annonce, par ailleurs, la tenue en octobre prochain au Havre d'une « convention d'affaires d'envergure européenne » sous le nom de River Dating. Objectif : renforcer les échanges entre les acteurs économiques et promouvoir les métiers mal connus de la logistique fluviale. Rendez-vous est pris.
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