Justice, mixité, santé... : élus et patrons ternissent le bilan du gouvernement en Seine-Saint-Denis

Plus de trois ans après le lancement du plan « l'Etat fort en Seine-Saint-Denis », la Première ministre Elisabeth Borne vient de communiquer sur un premier bilan. La prime de 10.000 euros a-t-elle été une carotte efficace ? Les 20 millions fléchés vers l'immobilier scolaire sont-ils au rendez-vous ? Le secteur du médico-social est-il en meilleure santé ? Y-a-t-il un effet Grand Paris Express et Paris 2024 ? Eléments de réponse avec le président du département, la présidente de la chambre de commerce et d'industrie et le patron du Medef.
César Armand
« Les JOP 2024 et le Grand Paris Express n'ont aucun lien avec le plan du gouvernement de ces trois dernières années »
« Les JOP 2024 et le Grand Paris Express n'ont aucun lien avec le plan du gouvernement de ces trois dernières années » (Crédits : Flickr - FrançoisFromFrance)

A 455 jours de l'ouverture des Jeux olympiques et paralympiques, le gouvernement tient à faire savoir qu'il agit en Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France métropolitaine. Flanqué de six ministres et secrétaires d'Etat, le Premier ministre d'alors, Edouard Philippe, était venu, fin octobre 2019, présenter, à la préfecture de Bobigny, vingt-trois mesures en matière d'attractivité, d'éducation, de justice, de santé et de sécurité. Un plan sans montant baptisé « l'Etat fort en Seine-Saint-Denis » et sur lequel vient sa successeuse Elisabeth Borne vient de présenter un premier bilan en Conseil des ministres.

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« L'ambition était de montrer que « la République revient en Seine Saint-Denis (...) Les engagements ont été tenus », a déclaré la locataire de Matignon.

Un constat que ne partage pas tous les élus locaux, loin de là.

« Le satisfecit affiché me paraît un peu en décalage par rapport à la réalité des faits. Oui, il y a eu des avancées, mais la République revient sur la pointe des pieds ou fait un pas en avant, un pas en arrière », réagit, pour La Tribune, le président (PS) du conseil départemental, Stéphane Troussel.

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La prime de 10.000 euros a-t-elle été une carotte efficace ?

Parmi les annonces-clés à l'époque, l'octroi d'une prime de fidélisation de 10.000 euros aux fonctionnaires restés 5 ans en service, versée dès le premier semestre 2020 aux « agents de première ligne », comme les enseignants. Son bilan demeure toutefois « mitigé » pour certains services qui « peinent » encore à recruter et à fidéliser, a souligné Elisabeth Borne.

Aussi, dès le 1er janvier 2024, le dispositif va être étendu à plusieurs autres services, « revalorisé » et versé « dès l'affectation » dans le 93. En parallèle, l'exécutif va structurer une « véritable » politique interministérielle de l'accès au logement des agents publics, « faciliter » un parcours résidentiel adapté et trouver des solutions « innovantes ». Vaste programme.

La justice devait, elle, voir ses ressources humaines augmenter avec la création de 35 postes de greffiers (+15% des effectifs) et la pérennisation de 12 postes de magistrats. « La mobilisation a été au rendez-vous », a assuré la Première ministre, chiffres et données à l'appui. L'extension du tribunal judiciaire de Bobigny sera ainsi mise en service en 2026. A cela s'ajoute le lancement « dans les prochains mois » de la construction de nouveaux commissariats à Epinay-sur-Seine et à Aulnay-sous-Bois.

Les 20 millions fléchés vers l'immobilier scolaire au rendez-vous ?

Dans un autre registre, les collectivités devaient bénéficier de 20 millions d'euros - 2 millions par an pendant une décennie - pour financer leurs investissements d'immobiliers scolaires. Elisabeth Borne a évoqué la construction d'un bâtiment à Livry-Gargan ainsi que la création d'un groupe scolaire à Montreuil, sans citer de chiffres précis.

« Depuis la Covid, les préfets sont beaucoup plus ouverts aux entreprises. Les acteurs économiques du territoire sont associés via de l'allotissement de la commande publique et des délais de réponse un peu plus longs pour y répondre », applaudit Bastien Brunis, président du Medef de l'Est parisien.

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  « Nos élèves sont toujours confrontés à des remplacements non-assurés et à une part de contractuels de plus en plus élevée. Il y a une absence totale de mesures liées à la mixité alors que les écarts entre Paris et la Seine-Saint-Denis sont abyssaux. Cela devrait susciter une réaction d'ampleur quand on est attaché à une République égalitaire », tempête Stéphane Troussel, le patron du 93.

Le secteur du médico-social est-il en meilleure santé ?

En matière d'investissement pour la santé, le plan « Etat fort » a été « renforcé » par le « Ségur de la Santé ». Au programme : la délivrance d'un permis de construire à Ville-Evrard, le lancement d'une opération de reconstruction à l'échelle des communes du Raincy et de Montfermeil, et la modernisation-reconstruction d'un centre hospitalier à Aulnay-sous-Bois. Sans oublier les services d'urgences de Montreuil déjà « modernisés ».

« La situation de la santé et du secteur médico-social en général est particulièrement préoccupante pour ne pas dire catastrophique », pointe cependant le président du département, Stéphane Troussel.

Reste que « l'Etat est plus que jamais présent [...] joue un rôle de locomotive [...] », persiste et signe Elisabeth Borne, en référence à la vingtaine des gares prévues dans le cadre du super-métro.

« Les JOP 2024 et le Grand Paris Express n'ont aucun lien avec le plan du gouvernement de ces trois dernières années », tempère Danielle Dubrac, présidente de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Seine-Saint-Denis (93).

Y-a-t-il un effet Grand Paris Express et JOP 2024 ?

Cette dernière est « régulièrement » convoquée par la préfecture à des réunions sur l'insertion et l'emploi, et interrogée sur la lutte contre l'insalubrité ou la discrimination. Elle regrette néanmoins qu'il n'y ait « rien » sur la politique de la ville, « alors que c'est un département qui a beaucoup expérimenté ». « Nous l'avions suggéré notamment pour la question des commerces en centre-ville », poursuit Danielle Dubrac de la CCI 93.

« Ces indicateurs au rouge devraient appeler le gouvernement à une communication plus modeste. Il faut un Etat plus fort certes mais aussi plus rapide qui anticipe les évolutions. Nous ne demandons pas la succession de plans exceptionnels sur des moments ponctuels mais des politiques de droit commun systémiques qui soient plus adaptées », cingle Stéphane Troussel, patron du conseil départemental.

Seule note positive : le président du Medef 93-94, Bastien Brunis, qui relève « un changement de paradigme ». « Bien qu'il y ait toujours du rattrapage à faire, l'Etat a comblé une partie du retard. Avec les JOP 2024 et le Grand Paris Express, nous assistons à un vrai ''game changer'' », conclut-il.

César Armand

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Commentaires 4
à écrit le 01/06/2023 à 11:39
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Il faudrait rétablir le système BRARD, célèbre COCO de la Mairie de Montreuil des années 80/90: tout est sous tutelle publique comme la fameuse SEMIMO B en faillite retentissante en 1998 et sa filiale HLM reprise par la C2C (CDC) La Montreuilloise d'...

à écrit le 01/06/2023 à 9:49
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Ils s'agitent plus qu'ils n'agissent.

le 02/06/2023 à 21:08
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Effectivement, ce n'est pas LR qui aurait fait ce genre de truc.... Au fait, vous êtes au courant que chez les communistes ont ne payent pas d'impôts.... j'espère que vous votiez coco ? (Le déficit public n'existait pas non plus....)

à écrit le 31/05/2023 à 21:28
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Tout cet argent dépensé pour ce puits sans fond de l'immigration qu'est la seine St Denis... Pendant ce temps-là les français galèrent

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