Le Grand Paris et sa région comptent sur leurs atouts pour réussir la transition énergétique

L'Ile-de-France - zone dense et très peuplée qui s'appuie aujourd'hui essentiellement sur des énergies fossiles pour la vie économique et celle de tous les jours - a aussi des spécificités. Qui offrent un fort potentiel en matière de transition. C'est particulièrement le cas de la géothermie.
La première région économique de France, qui regroupe près de 20 % de la population de l'Hexagone, consomme 12 % du total de l'énergie nécessaire au pays.
La première région économique de France, qui regroupe près de 20 % de la population de l'Hexagone, consomme 12 % du total de l'énergie nécessaire au pays. (Crédits : Reuters)

Bien sûr, c'est toute la France, l'Europe et le monde qui doivent réduire la consommation d'énergies fossiles et faire monter en puissance les renouvelables pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Mais les efforts se jouent aussi au niveau des territoires, voire des quartiers. Et prennent en compte les spécificités locales. Celles de l'Ile-de-France ont été détaillées à l'occasion du Sommet du Grand Paris ce jeudi, un événement organisé par La Tribune.

Certes, la première région économique de France, qui regroupe près de 20 % de la population de l'Hexagone, consomme 12 % du total de l'énergie nécessaire au pays et, faute d'en produire, au moins pour l'instant, en importe la quasi totalité. Pis, ces importations sont avant tout des énergies fossiles... Dans ces conditions, sa marche vers la décarbonation pourrait paraître bien compromise. Mais l'Ile-de-France peut faire de certaines caractéristiques des atouts.

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Première caractéristique et premier atout : son sous-sol. Il ne regorge pas de pétrole, mais de nappes d'eau, sur lesquelles les villes se sont développées. En conséquence, « l'Ile-de France est dotée d'un fort potentiel de géothermie de surface ou en profondeur, qui permettrait d'augmenter de 40 % la production de chaleur renouvelable », avance Jules Nyssen, président du syndicat des énergies renouvelables. L'accroissement de la géothermie de surface fait d'ailleurs partie des priorités de la région. Cela passe notamment par l'installation de pompes à chaleur pour restituer la chaleur - ou le froid.

Car, ajoute Yann Wehrling, vice-président du Conseil Régional d'Ile-de-France, en charge de la Transition Ecologique, du Climat et de la Biodiversité, la région, qui va connaître de plus en plus d'épisodes de fortes chaleurs, dus au dérèglement climatique et accrus par la densité de sa population et de ses constructions, devra refroidir - les hôpitaux, les Ehpad, notamment, autant que chauffer. Et, déjà, outre la géothermie de surface, de Rueil-Malmaison à Vélizy, la profonde, qui peut produire, en plus de la chaleur et/ou du froid, de l'électricité, a été mise en place. Sans attendre le plan d'action gouvernemental pour accélérer le déploiement de ces deux technologies, dévoilé en février dernier.

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Autre atout de la région, ses nombreux lieux, friches industrielles ou toits de parking ou de supermarchés, parfaits pour implanter davantage de panneaux solaires ou photovoltaïques. L'Ile-de-France a d'ailleurs déjà réalisé de belles performances dans ce domaine, puisqu'entre 2019 et 2022, cette production d'énergie y a augmenté de 250 %, alors que la moyenne nationale n'a été que de 68 %.

Grandes entreprises

Au-delà de l'Etat et des collectivités locales, les grandes entreprises sont aussi à la manœuvre dans la course à la transition énergétique. « Nos actions en Ile-de-France sont emblématiques de ce que nous faisons à l'échelle mondiale », relève ainsi Isabelle Patrier, directrice France de TotalEnergies. Le groupe, qui transforme sa raffinerie de Grandpuits, en Seine et Marne, en centre de production de biocarburants pour l'aviation à partir d'huiles et de graisses usagées, a ainsi ajouté sur le même site une centrale solaire, inaugurée en juillet dernier, ainsi qu'une usine de recyclage de déchets plastiques.

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Et si l'Ile-de-France n'a pas de centrale nucléaire (celle de Nogent-sur-Seine, à environ 100 kilomètres de Paris, est dans le Grand-Est), Hélène Milot, la directrice Action Régionale Ile-de-France d'EDF, est confiante, à l'aube de l'hiver, que la production de cette énergie décarbonée, centralisée, pilotable, complémentaire, dans le mix énergétique, répondra bien à la demande - couplée à la sobriété. En outre, elle estime que l'hydraulique, pratiqué à petite échelle sur la Seine, a lui aussi un potentiel de développement.

Simplification et pédagogie

Reste que pour se déployer à grande échelle, ces nouvelles productions devront bénéficier d'une simplification administrative, réclamée par tous les acteurs. Par exemple, Isabelle Patrier note qu'aux Etats-Unis ou en Allemagne, que ce soit pour la construction d'une usine de méthanisation ou d'un parc éolien off-shore, les délais, en matière d'obtention des permis, sont beaucoup plus courts qu'en France... Et ces productions d'énergies renouvelables devront être soutenues par tous les citoyens, alors que les champs d'éoliennes, peu envisageables, certes, en Ile-de-France, ou les centres de méthanisation sont souvent rejetés par les riverains. Autant dire que des efforts de pédagogie sont encore nécessaires...

Maîtriser la consommation

Mais toutes ces initiatives de production d'énergies propres ne doivent évidemment pas faire oublier l'autre variable de l'équation : la réduction de la consommation. Là aussi, il faut convaincre les citoyens et les industriels. La hausse des prix de l'énergie a déjà produit des effets l'hiver dernier : près de 10% d'économie dans la consommation énergétique, et ce, dans tous les secteurs. Mais pour maîtriser la consommation et atteindre la sobriété, il s'agit d'abord de la mesurer, puis de la piloter. C'est ce que propose Hellio, une entreprise spécialisée dans la maîtrise de l'énergie et les travaux de rénovation énergétique, dont les clients vont des collectivités locales aux exploitants agricoles en passant par les industriels et les spécialistes du transport. Et pour ces acteurs, « la priorité est la rentabilité », indique Pierre Maillard, son PDG.

La transition, en Ile-de-France, est en marche. Mais elle ne va clairement pas assez vite. « Nous sommes loin de notre objectif de 50 % d'énergies renouvelables dans le mix métropolitain en 2030 », regrette ainsi Daniel Guiraud, vice-président de la Métropole du Grand Paris, délégué à la transition écologique, à la qualité de l'air et au développement des réseaux énergétiques. Mais alors que le pays table, pour respecter l'Accord de Paris, sur une réduction de 40% de la consommation d'énergie finale d'ici 2050, tandis que la demande en électricité augmentera, pas question de baisser la garde. Car « la procrastination aura un coût », avertit-il. Un coût autrement plus élevé que les investissements et les efforts à consentir, dès aujourd'hui...

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Commentaire 1
à écrit le 17/09/2023 à 10:25
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"cette production d'énergie y a augmenté de 250%" mais si c'est en partant de 10, ça fait 35 au final mais il faudrait 10 000, y a encore du chemin à faire. Quand on part de peu toute hausse devient "phénoménale". L'eau de Seine peut servir aux syst...

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