Municipales 2/2 : en Régions, presque tous les candidats verdissent leur programme

De A comme Ajaccio à S comme Strasbourg, tour de France des élections municipales sous l'angle de l'urgence environnementale.
(Crédits : iStock)

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À Ajaccio, un scrutin presque sans écolos

Aucune des sept listes briguant la mairie d'Ajaccio n'a choisi la couleur politique de l'écologie. Dans la plus grande ville de Corse (70 000 habitants), les problématiques liées à l'environnement, à l'aménagement urbain, aux transports ou à la qualité de l'air sont pourtant omniprésentes, bien que le maire sortant, le juppéiste Laurent Marcangeli, n'en ait pas fait le cheval de bataille de sa mandature.

Avec 35 .000 à 38. 000 véhicules qui pénètrent chaque jour dans une agglomération attractive mais sous dotée en infrastructures, étouffant sous les embouteillages, la question du plan de déplacement urbain est capitale. « 70% des déplacements quotidiens font moins de 3 kilomètres », rappelle-t-on dans son entourage, tout en indiquant que l'édile s'est par ailleurs positionné publiquement, comme d'autres villes touristiques, contre la pollution maritime générée par les ferries et les bateaux de croisière dans le port d'Ajaccio.

Les trois listes nationalistes parlent pour une fois d'une même voix pour dénoncer « la bétonisation » de la ville, en référence aux nombreuses constructions. Mais parmi elles, seule celle conduite par Jean-André Miniconi, soutenu par le président de l'exécutif, Gilles Simeoni, va faire figurer deux écologistes sur les 49 candidats aux municipales. La gauche, qui a perdu la mairie en 2014, plaide pour la création de poumons verts, de voies douces et la préservation d'espaces agricoles.

Paul Ortoli

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À Bordeaux, Pierre Hurmic y croit dur comme vert

Comme l'indiquait le sondage Elabe-La Tribune dès le mois d'octobre, l'environnement occupe une place centrale dans la campagne électorale à Bordeaux où, pour la première fois depuis 1945, l'élection municipale se jouera à deux tours.

Pierre Hurmic, opposant EELV historique, a su rallier derrière lui les différentes nuances de Verts et de la gauche, du Parti socialiste jusqu'au Parti communiste. « On a pris nos responsabilités et ce rassemblement inédit est salué par les électeurs », assure l'élu municipal, crédité de 30 % des intentions de vote.

Son principal rival, le maire sortant Nicolas Florian, qui s'inscrit dans les pas d'Alain Juppé, a rassemblé la droite et le centre à l'exception de LREM et est en pole position dans les sondages autour de 33 %. Il multiplie les propositions vertes sur les pistes cyclables, la plantation de 20 000 arbres en cinq ans, l'utilisation du fleuve ou encore la gestion des déchets.

« L'écologie est un fil rouge transversal de notre politique depuis longtemps [...] mais elle ne peut pas résumer toute notre politique et ne doit pas être punitive », assure Fabien Robert, le 1er adjoint du maire et chef de file du Modem.

« Si Nicolas Florian était écologiste ça se saurait ! Plus on parle d'écologie, plus je suis confiant, les gens se tourneront vers l'original, vers la cohérence et vers la fin de l'artificialisation des sols », rétorque Pierre Hurmic avant d'ajouter : « Nous n'avons plus vocation à inspirer le maire de Bordeaux mais à le remplacer ! » Le maire sortant pâtit notamment du réaménagement récent de deux places symboliques de Bordeaux, où les pistes cyclables et les arbres brillent par leur absence.

  • Mobiliser les jeunes

Il reste l'inconnue liée à Thomas Cazenave, nouveau visage à Bordeaux soutenu par la majorité présidentielle et qui rassemble 16 % des intentions de vote. Le score de Thomas Cazenave, plus jeune que ses deux rivaux, pourrait être décisif dans l'entre-deux tours. Maintien ou désistement en faveur de l'un ou de l'autre ? Les tractations seront denses autour d'un candidat qui a, lui aussi, placé l'écologie en bonne place dans son programme, notamment en proposant de bannir les moteurs thermiques pour les transports en commun et les véhicules logistiques du centre-ville d'ici à 2026 et en stoppant l'urbanisation des espaces naturels.

Enfin, la mobilisation des jeunes électeurs sera aussi une clé du scrutin. « Ils sont plus sensibles aux problématiques environnementales que leurs aînés, mais il faudra impérativement aller les chercher et les convaincre d'aller voter si on veut l'emporter », reconnaît la socialiste Emmanuelle Ajon, ralliée au candidat de la gauche.

Pierre Cheminade

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À Lille, du vert dans tous les programmes

À Lille, la campagne sera verte... ou ne sera pas. D'autant plus que la capitale des Flandres est très touchée par les pics de pollution, au moins 60 dépassements du seuil maximum de particules fines en 2018... quand l'Organisation mondiale de la santé préconise de ne pas le dépasser plus de trois fois par an.

Candidate à un quatrième mandat, Martine Aubry a décidé de « faire de Lille une ville de référence du mieux-vivre social et écologique ». Pour la socialiste créditée de 30 % d'intentions de vote dans un sondage, « pas de transition écologique sans justice sociale ». Son programme promet une « métamorphose paysagère », avec la promesse de plus de 20 000 arbres plantés d'ici à 2026, près de 90 hectares de nature aménagés, la création d'un « réseau vélo express » et la gratuité des transports d'ici quatre à cinq ans.

Les Verts, jusqu'ici dans la majorité municipale, semblent prendre certaines distances avec Martine Aubry, portés par leurs 21,7 % de vote aux élections européennes. La liste EELV, créditée à 18 % d'intentions de vote et emmenée par Stéphane Baly, veut aller bien plus loin avec des cœurs de ville rendus aux piétons et à la nature, du 100 % bio dans les cantines, un tramway jusqu'au centre-ville, mais aussi la couverture du périphérique lillois pour réduire les nuisances et gagner des espaces à végétaliser.
Violette Spillebout, ancienne directrice de cabinet engagée sous l'étiquette LREM, (15 % d'intentions de votes) mène une campagne placée sous le signe de « Faire respirer Lille », avec la végétalisation de la ville, une micro-­déchetterie dans chaque quartier et une nouvelle promenade piétonne.

  • Alliance surprise

Thierry Pauchet, leader de l'opposition municipale et Valérie Petit, députée ex-LREM car candidate malheureuse de l'investiture lilloise, ont annoncé leur ralliement à Marc-Philippe Daubresse, candidat LR et maire de la ville voisine de Lambersart depuis presque trente ans. Si Marc-Philippe Daubresse (11 % des intentions de vote) veut faciliter la circulation en centre-ville avec des parkings en hauteur près de l'hyper­centre et développer des autoroutes à vélo, Thierry Pauchet entend, lui, miser sur les espaces verts.

Gaëtane Deljurie

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À Lyon, Les Verts perturbent le jeu politique traditionnel

À Lyon, comme ailleurs, EELV veut profiter de ses bons résultats aux élections européennes, où le parti est arrivé en deuxième position, avec 21 % des voix, derrière la liste LREM. C'est Grégory Doucet, 46 ans, qui a été élu par ses pairs pour transformer l'essai. Le secrétaire d'EELV Lyon, ancien humanitaire qui œuvre dans l'économie sociale et solidaire, est confiant.

« Il y a une vraie envie d'écologie dans cette ville, mais les citoyens ne sont pas dupes face aux annonces. Notre engagement, c'est une écologie politique sincère et profonde », indiquait Grégory Doucet en novembre dernier.

Une analyse qui semble se confirmer au fil du temps puisque, selon le dernier sondage OpinionWay pour LyonMag et Jazz Radio, il mène désormais la course en tête avec 22 % des intentions de vote. S'il est loin devant Yann Cucherat - le candidat officiel LREM et protégé du maire sortant, Gérard Collomb - qui plafonne à 15 % des intentions de vote, il est talonné par le candidat de la droite, Étienne Blanc, à 20 %.

Le résultat final dépendra donc de sa capacité à convaincre, sur le terrain, les électeurs des arrondissements qui « pèsent » le plus dans l'échiquier électoral, car, comme à Paris, il s'agit d'une élection au suffrage universel indirect.

« La sociologie électorale de Lyon a peu évolué, il faut que les électeurs se retrouvent dans une offre, qui, elle, a beaucoup changé », rappelle Paul Bacot, professeur émérite à Sciences Po Lyon.

  • La métropole, une place à conquérir

Reste aux Verts à « prendre » la métropole de Lyon (59 communes, plus de 1,3 million d'habitants), également soumise à un vote par circonscription. La puissance de la collectivité territoriale attire toutes les convoitises, à commencer par celles de Gérard Collomb. L'ancien ministre de l'Intérieur profite de sa notoriété pour caracoler en tête des sondages, à 27 % des intentions de vote.

« Ce sont de grandes tendances, modère Paul Bacot. Ce sont les premières élections du genre. Les conséquences de ce mode de scrutin sont encore incertaines sur le résultat final : peu de voix peuvent tout faire basculer. »

Une donnée qui n'effraie pas Bruno ­Bernard, second dans les sondages, à 20 % d'intentions de vote. « On peut gagner : on colle aux préoccupations des citoyens. Face à cette opportunité, c'est notre devoir d'écologistes de faire le maximum pour réussir. Certes, Gérard Collomb reste favori, mais on voit bien qu'aujourd'hui, si ce n'est pas lui qui gagne, eh bien, cela devrait être nous ! » Reste que le chef d'entreprise est celui qui dicte le tempo de la campagne : pollution, mobilité, transports, équilibre des territoires et sécurité sont dans la tête de tous les candidats.

Stéphanie Borg

Lire aussi : Municipales : "Notre arrivée au pouvoir n'entraînera pas de rupture totale" Bruno Bernard, EELV

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À Marseille, l'environnement revendiqué par tous

Le dénouement était aussi attendu que le dernier épisode d'une série à succès. La gauche marseillaise pouvait s'attaquer à la mairie, unie comme un seul homme. Une alliance totale qui tourne court début octobre, avec le choix des adhérents d'Europe Écologie-Les Verts (EELV) de lancer leur propre liste avec à sa tête Sébastien Barles. Ce dissident écologiste aux élections municipales de 2014, cette fois investi, se retrouve face au Printemps marseillais, le rassemblement du reste de la gauche phocéenne. Une union menée par Michèle Rubirola, historique militante locale... EELV et suspendue par son parti depuis.

  • Microforêts dans la ville

Ce face-à-face des deux candidats Verts risque de laisser un goût amer aux sympathisants des deux côtés. D'après le sondage La Tribune/Elabe/BFMTV publié en septembre dernier, le total des listes de gauche oscillerait entre 39 % et 44,5 % si on additionne la liste écologiste. De quoi entrevoir une victoire sur le papier.

Sur le terrain, la campagne peine à s'emballer, bien que Sébastien Barles ait reçu la visite de Julien Bayou, secrétaire national d'EELV, pour l'inauguration de son local de campagne.  Pour le candidat, la désignation de Michèle Rubirola au Printemps marseillais n'est qu'un moyen de « verdir » le mouvement. Des passes d'armes qui feraient presque oublier les propositions. Là encore, ça tâtonne. Sébastien Barles annonce la création de microforêts à travers la ville, alors que le programme du Printemps marseillais, lui, se fait attendre.

Conscients de l'importance du thème de l'environnement, prioritaire pour 23 % des électeurs selon notre sondage, tous les partis se mettent au vert. Martine Vassal, candidate Les Républicains, y consacre dans son programme un axe baptisé « Respire ». Électron libre, Samia Ghali a pu compter sur la venue, en début d'année, de Ségolène Royal. Même le Rassemblement national s'y met : le candidat Stéphane Ravier a abordé le sujet pour la première fois, reprochant la destruction d'espaces verts.

Rémi Baldy

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À Montpellier, une crise à la sauce EELV

Dans une ville où l'on se fait souvent élire contre le candidat investi par son parti (Georges Frêche aux élections régionales de 2010, Philippe Saurel aux municipales de 2014), les écologistes montpelliérains s'activent pour entretenir la tradition. Le 18 janvier, Clothilde Ollier, tête de liste choisie lors des primaires ouvertes organisées cet automne, a été provisoirement déchue de son investiture et du droit d'utiliser le logo et les moyens d'EELV. Motifs invoqués par la direction nationale : Clothilde Ollier a forgé une alliance avec le collectif Confluence (lui-même dissident de La France insoumise), privilégiant des personna­lités issues de ce groupuscule d'extrême gauche au détriment des responsables écologistes locaux, sur des options politiques pas forcément conformes non plus à la ligne d'EELV.

Il est vrai que cette stratégie avait nourri de vives tensions internes, culminant avec une demande de destitution de la candidate, soumise par des militants au bureau exécutif d'EELV. Ambiance ! Après l'échec d'une mission de conciliation dépêchée par Paris, la sentence est donc tombée par la voix de Julien Bayou, secrétaire national du parti :

« Une ambition individuelle ne peut s'affranchir du collectif. Et encore moins aujourd'hui qu'hier, nous ne pouvons soutenir des candidats qui nous décrédibiliseraient. Il ne s'agit pas de gagner des élections à n'importe quel prix. Il s'agit de transformer nos villes. »

Le paradoxe est que ­Clothilde Ollier alignait de bons sondages, la plaçant en tête des intentions de vote, autour de 21 % et devant le maire sortant, Philippe Saurel. Un peu penauds, les écologistes montpelliérains ont par conséquent relancé la machine et organisé, le 4 février, une assemblée générale chargée d'élire une nouvelle tête de liste.

  • Attaque en justice et candidature hors parti

Portant la seule motion en lice, avec le soutien évident de Paris, l'architecte Coralie Mantion a été choisie, avec 87 % des suffrages. Son mot d'ordre : « Rassembler la famille des écologistes. » Mais le mal est fait. Non-exclue d'EELV, Clothilde Ollier pouvait encore présenter sa propre motion, mais a refusé de le faire. Pire, elle a attaqué la décision la privant de son investiture devant le tribunal de grande instance de Bobigny - mais celui-ci, à la veille de l'AG, a refusé de se prononcer. L'infirmière-urgentiste se dit déterminée à se présenter coûte que coûte, même hors parti. Elle l'assure : « Je continuerai d'avancer mes propositions pour faire de Montpellier une grande métropole écologiste et d'avant-garde telle qu'elle l'a toujours été, contre les injustices et les décisions venues d'en haut. » CQFD ?

Anthony Rey

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À Rouen, le nuage de Lubrizol a dégagé l'horizon

Ravir à la Fabiusie la ville qu'elle tient depuis 2008 ? Malgré son bon score aux élections européennes, les Verts n'auraient osé en rêver avant le 26 septembre, jour où s'est déclenché le spectaculaire incendie de Lubrizol. La catastrophe, omniprésente dans les esprits quatre mois plus tard, a incontestablement donné du crédit à leur discours au point qu'ils semblent en capacité d'emporter la mise en mars.

Bien que tous les candidats aient verdi leurs programmes, les Rouennais pourraient être tentés de préférer l'original à la copie. Alliés remuants du PS depuis que Valérie Fourneyron a renvoyé les héritiers de Jean ­Lecanuet dans l'opposition, les EELV partent cette fois à la bataille aux côtés des communistes, avec en tête de liste Jean-Michel Bérégovoy, un écologiste du canal historique. Assez peu connu hors de la mouvance verte, le neveu de l'ancien Premier ministre de François Mitterrand peut espérer capitaliser sur le traumatisme qu'a provoqué l'incendie, en particulier auprès des néo-Rouennais moins avertis du passé industriel de l'agglomération.

  • Deux adversaires solides

Dans une ville réputée pour se gagner à mille voix, il a néanmoins face à lui deux adversaires solides, à commencer par l'ancien président de la Région Haute-Normandie Nicolas Mayer-Rossignol, défait en 2016 par Hervé Morin. Premier à être entré en campagne, cet ingénieur des Mines a laissé au vestiaire son étiquette PS pour constituer une liste œcuménique fédérée autour d'un programme plus vert que vert, qui s'oppose notamment à la construction du contournement Est de Rouen. Il est le seul à briguer également la présidence de la métropole.

À droite, c'est un entrepreneur novice en politique qui porte à la fois les couleurs de LR et de LREM. Fondateur du florissant groupe PGS (Palettes Gestion Services), Jean-Louis Louvel est parti tardivement en campagne, occupé qu'il était à céder ses parts majoritaires dans le quotidien Paris Normandie. Moins présent sur le terrain, il devrait mettre les bouchées doubles dans la dernière ligne droite contribuant, peut-être, à rouvrir le jeu.

Nathalie Jourdan

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À Rennes, l'ambition de jouer un rôle pivot

Aux dernières élections européennes de juin 2019, les écologistes rennais avaient obtenu 24,33 % des suffrages, arrivant juste derrière LREM. La liste EELV, emmenée par le binôme Matthieu Theurier-Priscilla Zamord, a aussi l'avantage d'être déjà présente au sein de la majorité sortante. Aux municipales, elle compte jouer un rôle décisif : en cas de victoire au premier tour, pouvoir « faire converger les sociaux-démocrates jusqu'aux insoumis », sinon rejoindre la liste majoritaire ou fusionner avec celle de Nathalie Appéré, la maire sortante PS.

Conjointement avec Rennes Métropole (PS), celle-ci s'est fortement emparée durant son mandat des questions de transition écologique, de mobilité durable, permettant par exemple à Rennes d'être identifiée au plan national pour sa politique en faveur des transports (deuxième ligne de métro, fin des bus thermiques en 2028, covoiturage) et des déplacements (premier poste de dépenses). Face aux multiples propositions environnementales des candidats, les écologistes jouent la carte de « l'action », pas des « demi-mesures ».

La liste de ­Matthieu Theurier émet 663 propositions, dont dix phares pour une écologie « sociale, citoyenne et démocratique ». Son milliard pour le climat vise à faire de Rennes un territoire zéro carbone, avec 100 % d'énergies renouvelables en 2050, un RER métropolitain et quatre lignes de tram. EELV veut examiner la possibilité d'une gratuité totale des transports et mener des expérimentations solidaires.

L'heure est au changement de modèle économique, à des entreprises plus vertes, à des constructions passives. Les écologistes rêvent d'une capitale bretonne plus bio et plus à vélo.

Pascale Paoli-Lebailly

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À Nantes, l'écologie s'émancipe du Parti socialiste

Conseillère municipale de la majorité actuelle (PS) et vice-présidente de Nantes Métropole, chargée de l'empreinte écologique, de la transition énergétique, du climat, de l'énergie et du développement durable, Julie Laernoes, 37 ans, a finalement décidé de voler de ses propres ailes pour donner plus de contenu à une Nantes, désignée capitale verte de l'Europe 2013.

Dans son programme de 180 mesures voulu pour changer d'échelle, la tête de liste EELV, qui a combattu le transfert de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes et la construction d'un nouveau stade (Yellow Park), cher au président du FC Nantes, a annoncé que si elle était élue, elle consacrerait 1 milliard à la transition énergétique (sur un budget métropolitain de 3 milliards), privilégierait la rénovation du parc immobilier à la construction neuve, mettrait en œuvre un « vrai » plan vélo, et réévaluerait tous les grands projets comme l'Arbre aux hérons, l'extension de la Cité des congrès, le stade de La Beaujoire...

Reste qu'au second tour, les alliances pourraient être compliquées. L'élue écologiste a attiré sur sa liste des opposants notoires à l'actuelle maire (PS), Johanna Rolland, parmi lesquels Florian Le Teuff, président du collectif à la Nantaise, qui a bataillé contre le projet Yellow Park. D'autres auront aussi en tête que, lors de la consultation pour le transfert de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes, 54 % des habitants de Loire-Atlantique s'étaient prononcés pour. Sans que leur avis n'ait été pris en compte. Pas sûr que tous aient la mémoire courte, même si la décision finale revenait au gouvernement.

Frédéric Thual

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À Strasbourg, les transports au cœur de la campagne

La campagne électorale prend à Strasbourg une allure de guerre picrocholine. L'explosion du groupe d'alliés au maire sortant, Roland Ries (PS), a orienté les débats autour de querelles personnelles. Les Verts, qui n'ont pas présenté leur programme économique, font déjà la course en tête dans les sondages, malgré l'absence de notoriété de leur candidate Jeanne Barseghian (39 ans), conseillère municipale sortante. La sociologie des quartiers strasbourgeois (20,7 % pour EELV aux européennes de 2019) favorise cette inconnue du monde politique, qui martèle ses arguments autour de l'urgence climatique.

« Nous allons rendre gratuits les abonnements bus et tram pour les moins de 18 ans », a-t-elle promis.

Les opposants Alain Fontanel (LREM, ex-PS) et Mathieu Cahn (PS) n'ont pas tardé à verdir leur programme, lâchant du lest aux défenseurs de la gratuité des transports en ­commun. La promesse impacterait les comptes de l'exploitant, la CTS, à hauteur de 6,2 millions d'euros par an. « Soit huit points de fiscalité locale », persifle Robert ­Herrmann, président sortant (PS) de l'Eurométropole.

Laissé à l'écart des listes de gauche, celui-ci paie son attachement à la réalisation d'un nouveau contournement routier de Strasbourg, projet raillé par les écologistes malgré les engorgements quotidiens de l'autoroute qui traverse la ville en son centre. La requalification prévue de l'ancienne A35 en boulevard urbain n'a pas fait l'objet de contre-­propositions. Mais la campagne municipale n'a pas encore commencé.

Olivier Mirguet

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À Tours, des écolos en embuscade

Tours, première métropole de France pour la qualité de l'air. Le trophée remis en juillet 2019 par Le Point à la ville de Christophe Bouchet constitue un caillou de poids dans la chaussure de son opposant écologiste, Emmanuel Denis. Selon celui-ci, le bilan de la municipalité actuelle est faible en matière d'environnement et de transition énergétique.

« Sur le plan de la mobilité, la seconde ligne de tramway a pris du retard et les bus de la ville continuent à fonctionner au diesel. On assiste également à une politique vélo minimaliste, constate Emmanuel Denis. Les travaux sur les bâtiments publics pour réduire leur empreinte carbone n'ont pas non plus démarré. »

Yves Massot, adjoint au maire à l'écologie urbaine, conteste ce tableau et rappelle le travail effectué en cinq ans. « 320 kilomètres de pistes cyclables et 7 000 supports de vélo ont été installés, assure l'élu. Concernant l'empreinte carbone des quelque 600 bâtiments publics, nous avons dressé un audit qui a mis plusieurs années compte tenu de l'ampleur de la tâche. Il est désormais opérationnel et sera mis en œuvre prochainement. »

« Nous avons, contrairement à la municipalité actuelle, l'intention de mener une politique environnementale ambitieuse, poursuit Emmanuel Denis, avec notamment la création d'un immense parc photovoltaïque près de l'aéroport et la plantation de 20 000 arbres sur la mandature. »

Reste à savoir si ces arguments feront mouche à Tours, ville peu polluée et déjà largement végétalisée.

Guillaume Fischer

Lire aussi : Municipales 1/2 : l'urgence environnementale va-t-elle profiter aux Verts ?

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Commentaires 2
à écrit le 11/02/2020 à 10:40
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Tout le monde veut verdir... pour mieux camoufler, mais ne supporte pas d'entendre un coq chanter ou le son des cloches!

à écrit le 11/02/2020 à 9:04
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Alors que le monde s'écroule du fait de la servilité de nos politiciens envers les mégas riches on ne peut qu'espérer qu'ils aient réellement saisi l'importance de la sauvegarde de l’environnement et que ce ne soit pas ces sempiternelles bavardages l...

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