Menuiserie intérieure : Laudescher, le bois haute couture

Alors que s’est ouvert hier, au Grand Palais éphémère, le salon Révélations consacré aux métiers d’art, focus sur la menuiserie normande Laudescher qui porte haut les couleurs du savoir-faire français. Souvent copiées, ses créations sont au bois ce que Saint Laurent est aux textiles.
Habillé de lames de bois par Laudescher, le tunnel piéton de la gare danoise de Koge est lauréat du prix Versailles de l'Unesco qui récompense les réalisations d'excellence.
Habillé de lames de bois par Laudescher, le tunnel piéton de la gare danoise de Koge est lauréat du prix Versailles de l'Unesco qui récompense les réalisations d'excellence. (Crédits : DR)

On lui doit l'entrée toute en courbes du New Scotland Yard à Londres et l'habillage du tunnel piéton de la gare de Koge au Danemark. Ses panneaux de bois ornent aussi le plafond du siège de Danone à Rueil-Malmaison, celui du quartier général d'Orange à Issy-les-Moulineaux ou encore les murs de l'une des stations du RER Eole.

Une réputation en chêne massif

Il n'aura fallu qu'une petite soixantaine d'années à la PME artisanale, fondée en 1965 par feu Marcel Laudescher à Carentan (Manche), pour se hisser au firmament de la menuiserie intérieure, jusqu'à devenir la référence des divas de l'architecture.

« Dans la moitié des appels d'offres pour des panneaux bois publiés en France, on trouve la mention « du Laudescher ou équivalent » », s'enorgueillit Rodrick Carrasco directeur associé de la société (10,5 millions de chiffre d'affaires), qu'il pilote depuis 2019 aux côtés du fils du fondateur.

Si le secteur des métiers d'art a été fragilisé par la crise d'où le plan de soutien à 340 millions d'euros qui lui est promis par le gouvernement, Laudescher a réussi bon an mal an à passer entre les gouttes. Son activité profite à plein du regain d'intérêt des acteurs de la construction pour le bois et des prescriptions de la réglementation thermique RE2020.

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Plafonds suspendus, cloisons acoustiques, panneaux muraux ... Les 55 salariés de la menuiserie estampillée « entreprise du patrimoine vivant » honorent entre 350 et 500 commandes par an. Leur botte secrète ? Un savoir-faire de haut vol dans le travail du chêne et du pin massifs (issus de forêts gérées durablement) et un parc de machines high-tech à l'origine de prouesses technologiques. Dans l'atelier manchois de 8.000 mètres carrés, chaque lame est sculptée individuellement avec une précision d'orfèvre.

Des racines et des ailes

Depuis l'entrée en piste du polytechnicien Rodrick Carrasco, formé à la rude école du groupe Nestlé, l'endroit a adopté des codes dans l'air du temps « sans sacrifier son âme », insiste l'intéressé. « C'est une entreprise familiale artisanale qui avait besoin d'industrialiser certains procédés », justifie-t-il. Un nouvel espace dénommé le Lab est venu s'ajouter aux installations existantes. Il abrite un atelier de prototypage, une cellule de tests acoustiques et une académie qui forme les intervenants extérieurs chargés de la pose des panneaux.

Sur le volet de l'engagement sociétal, la menuiserie revendique haut et fort son appartenance aux métiers d'art, souscrivant à la définition qu'en donne la ministre de la Culture. « Ils répondent au besoin de sens, d'objets durables et écoresponsables », dixit Rima Abdul Malak. Message reçu 5 sur 5 par la société. Elle vient de décrocher le très sourcilleux label américain B Corp sur l'impact positif. Une première dans son secteur d'activité et un atout différenciant pour son patron.

« Cela confère une résonnance mondiale alors que les clients sont de plus en plus attentifs à nos engagements RSE. Pour son siège, Deloitte a par exemple exigé que nous ayons le certificat cradle to cradle », observe-t-il.

Sur le plan commercial, cette reconnaissance venue d'outre Atlantique tombe à pic pour Laudescher de plus en plus sollicitée à l'export - 20% de son chiffre d'affaires aujourd'hui. Outre ses bureaux au Benelux, en Allemagne et au Royaume-Uni, la PME manchoise devrait bientôt poser un pied aux Etats-Unis. Un choix qui ne doit rien au hasard. « Le bois est omniprésent dans plus des deux tiers des bâtiments américains et la ressource en matière première est abondante », rappelle Rodrick Carrasco. Dont acte.

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Commentaire 1
à écrit le 13/06/2023 à 8:03
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