Radamel Falcao et Romelu Lukaku : deux noms ronflants que Pierre-Emerick Aubameyang a relégués derrière lui au classement des meilleurs buteurs de l'histoire de la Ligue Europa, nouvelle formule. En marquant 10 buts dans l'édition en cours, le Gabonais en totalise désormais autant que de nombre d'années derrière lui, 34. Il sera l'arme fatale de l'OM pour la demi-finale aller contre l'Atalanta Bergame, jeudi au stade Vélodrome. Tout Marseille espère qu'il aura un match supplémentaire pour améliorer son total : cela serait synonyme d'une quatrième finale en C3 depuis 1999 ; les trois premières ont été perdues.

Lui aussi a échoué en finale, en 2019 : Chelsea avait écrasé Arsenal (4-1), et, s'il avait marqué 8 buts dans la compétition, c'était trois de moins qu'Olivier Giroud, son prédécesseur à la pointe de l'attaque des Gunners. Après quatre années correctes (92 buts), le capitaine avait été mis à la porte par Mikel Arteta, qui lui reprochait son indiscipline, lors d'une scène de vestiaire placée au cœur du documentaire de Prime Video All or Nothing sur les coulisses du club londonien. Plus tard, Aubameyang dira du technicien espagnol qu'il a « besoin de jeunes joueurs qui ne disent rien et qui écoutent ». Après l'esclandre, chacun a repris une trajectoire ascendante de son côté.

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Le FC Barcelone a profité de l'aubaine pendant les six premiers mois de 2022 : 13 buts en 23 matchs ont conquis Xavi, qui l'a trouvé « merveilleux » et se souvient d'un « trésor » dans la vie du groupe. Mais « PEA » est reparti à Londres lorsque le coach de sa vie, Thomas Tuchel, l'a convié à Chelsea pour écrire un nouveau chapitre de leur relation « étroite ». « "Auba" est l'un de ces joueurs qui restent l'un des vôtres pour toujours », a confié le technicien allemand, qui l'avait mis en lumière au Borussia Dortmund de 2015 à 2017. Tout n'a pas été rose, mais Aubameyang garde le souvenir d'un coach « dur et juste ». Leur première saison commune a fait des étincelles : 11 buts en Ligue Europa et un parcours seulement interrompu par Liverpool dans un quart de finale retour d'anthologie (4-3). À Londres, les retrouvailles n'ont duré qu'une semaine, jusqu'au licenciement de Tuchel.

Le salaire le plus élevé du championnat hors PSG

Un œil sur la Serie A, l'autre sur la Liga, le président marseillais, Pablo Longoria, s'est souvenu du bon passage d'Aubameyang à Barcelone au moment de chercher un buteur, l'été dernier. Il n'a pas hésité à lui offrir 650 000 euros par mois, le salaire le plus élevé du championnat hors PSG, d'après L'Équipe. Dans un collectif à la dérive, le joueur formé au Milan AC a sauvé les meubles : avec 26 buts, toutes compétitions confondues, il a déjà égalé le total de Florian Thauvin en 2017-2018. Rudi Garcia a reconnu l'attaquant prometteur qu'il a vu grandir à Lille en 2009-2010. « Il était très jeune, mais je suis toujours persuadé qu'un joueur qui se procure énormément d'occasions sans être encore efficace deviendra un excellent buteur. C'était son cas », se souvient le coach finaliste avec l'OM de la Ligue Europa en 2018, face à l'Atlético de Madrid.

Le Vélodrome a connu un pic d'émotion en huitième de finale aller face à Villarreal : doublé pour le numéro 10, et victoire 4-0 contre Marcelino, le coach honni. Peu de temps auparavant, une fuite avait laissé entendre que le technicien espagnol avait refusé d'associer Aubameyang au Chilien Alexis Sánchez. Vrai ou faux, les fans ont vu rouge. Arrivés en cours de saison, l'entraîneur Jean-Louis Gasset et le conseiller stratégique Mehdi Benatia l'ont choyé. Le premier a échangé avec ses proches pour le mettre dans les meilleures dispositions ; le second a trouvé les mots pour en refaire le leader qu'il n'était plus depuis son départ forcé d'Arsenal. « Je lui ai dit qu'une bonne saison de l'OM passait par une bonne saison d'Aubameyang », a raconté Benatia sur RMC Sport.

Mercredi encore, contre Nice (2-2), son slalom en fin de match aurait ramené l'OM dans des eaux européennes s'il n'avait pas buté sur la transversale. Élément moteur des Panthères du Gabon, le Lavallois de naissance a repoussé tôt la possibilité de porter le maillot de l'équipe de France. Une mi-temps contre les espoirs tunisiens, en 2009, reste sa seule apparition avec les Bleuets. « On louait déjà sa vitesse, qui lui permettait de faire la différence, se souvient l'ancien sélectionneur Erick Mombaerts. Son aptitude à prendre les espaces et à être performant dans le dos de la défense adverse nous avait séduits. » Pas d'Euro pour lui, cet été, mais une autre conquête européenne à mener jusqu'à son terme avec l'OM.