Football : la mine d'or du Barça

Contraint financièrement, le rival du PSG en Ligue des champions s’est relancé en s’appuyant sur son centre de formation, révélant des pépites comme Lamine Yamal et Pau Cubarsí.
Lamine Yamal et Pau Cubarsí au stade olympique de Barcelone, le 11 février.
Lamine Yamal et Pau Cubarsí au stade olympique de Barcelone, le 11 février. (Crédits : © LTD / DAISUKE Nakashima/AFLO via reuters)

Hâbleur, Joan Laporta aime bien en rajouter. Émoustillé par l'émergence des nouveaux talents maison, le président du FC Barcelone a lancé, dans un podcast mis en ligne il y a deux semaines, qu'aucun ne serait vendu pour moins de 1 milliard d'euros. Et d'assurer qu'il avait reçu des propositions « très importantes » pour les Espagnols Gavi, Alejandro Balde, Fermín López et l'Uruguayen Ronald Araújo, tous formés à la Masía, la célèbre académie qui a vu éclore Lionel Messi. Le dirigeant a même parlé d'une offre de 200 millions d'euros pour le gamin en or Lamine Yamal, six buts et sept passes décisives à seulement 16 ans. Des médias ont affirmé qu'elle émanait du PSG, adversaire des Catalans en quart de finale aller de la Ligue des champions, mercredi au Parc des Princes.

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Très endetté et surveillé par l'UEFA dans le cadre du fair-play financier, le Barça a été forcé de se retourner vers son vivier. Avec un maître d'œuvre qui le connaît par cœur puisqu'il en est lui-même issu. « Xavi a tout étudié et planifié très soigneusement pour décider quels joueurs doivent entrer », s'enthousiasme Joan Laporta. Cette saison, l'ancien cerveau et capitaine des grandes heures blaugranas a lancé Héctor Font, Naim García et Marc Guiu, qui a marqué dès sa première apparition en Liga en novembre, à 17 ans, alors qu'il appartient à une équipe d'apprentis, Juvenil A, où il côtoie le fils de Ronaldinho.

La Masía se remet à fonctionner

Prompt à faire reluire son savoir-faire en accolant la mention « made in Masía » à tous les pros issus de sa pépinière, le Barça n'a pas mis à jour son effectif en ligne : les joyaux Lamine Yamal et Pau Cubarsí, phénomène défensif lancé la veille de son 17e anniversaire, n'y figurent pas encore. Deux éléments qui jouent désormais pour la sélection espagnole. Le dernier est entré dans le grand monde de manière spectaculaire, en muselant Victor Osimhen lors du 8e de finale retour de la Ligue des champions contre Naples (3-1). Un joueur « unique », d'après le capitaine Sergi Roberto, dont Xavi apprécie la qualité de passe et le calme digne d'un vétéran.

La génération 2007 ferait presque passer Gavi, 19 ans, pour un vieux

Le mois dernier, il a battu un record de précocité pour sa première sélection avec la Roja, détenu jusqu'alors par Sergio Ramos. Trop rapide ? « Nous avons considéré son immense potentiel, pas son âge », a répondu le sélectionneur, Luis de la Fuente. Cubarsí ignorait qu'une liste devait être annoncée jusqu'à ce qu'un préparateur physique du Barça se précipite pour le féliciter. Pour son premier rassemblement, cet alliage de Piqué et de Puyol a été guidé par Lamine Yamal, plus jeune de six mois mais intronisé en sélection dès septembre, ce qui a fait de lui le plus jeune international espagnol de tous les temps.

Lamine Yamal, plus jeune international espagnol de l'histoire

Deux hors catégorie que certains voient déjà ramener la Selección à son niveau de la Coupe du monde 2010, remportée avec une colonne vertébrale blaugrana (Valdés, Busquets, Xavi, Iniesta, Pedro...). Lamine Yamal tempère : il veut « profiter à fond », et pourquoi pas ajouter de nouvelles aventures à celles déjà partagées dans les catégories de jeunes avec son compère. La génération 2007 ferait presque passer Gavi pour un vieux alors que cet autre joyau de la Masía aura 20 ans en août. Malheureusement, une grave blessure au genou, en novembre, a mis fin à la saison du prix Kopa 2022, décerné par France Football au meilleur espoir mondial de moins de 21 ans. Sa convalescence est plus courte que prévu, mais il ne devrait pas être en mesure de participer à l'Euro cet été.

Le Barça n'a, certes, pas le monopole du jeunisme. Dans sa dernière étude, publiée avant l'émergence de Cubarsí, l'Observatoire du football CIES a calculé que 29,1 % du temps de jeu dans la première partie de la saison était revenu à ses produits locaux. C'est moins que le Real Madrid, l'Athletic Bilbao ou la Real Sociedad, moins également que Rennes et Lyon, mais seul le rival merengue évolue à ces altitudes. Le club catalan a par ailleurs modelé 77 pros qui évoluent aujourd'hui dans une première division européenne, dont quarante dans l'un des cinq principaux championnats.

Laporta tente de faire changer d'avis Xavi

« Nous avons l'avenir à la maison », assure Xavi, qui a donné un temps de jeu inattendu à deux milieux de terrain de 20 ans, Fermín López et Marc Casadó. Après dix-sept convocations sans jouer, ce dernier a découvert la Liga contre l'Atlético de Madrid en mars et déclaré : « La Masía est l'essence du Barça et devrait toujours le rester. » Leur entrée dans le groupe professionnel sera le legs de Xavi à son club de cœur. Fatigué par l'environnement, le technicien a annoncé son départ en fin de saison. Changera-t-il d'avis face aux assauts des dirigeants pour le faire revenir sur sa décision? À présent que l'effectif se nourrit à nouveau de l'intérieur, la direction sportive, amputée depuis la fin de la saison dernière de Jordi Cruyff, proche de Xavi et formé comme lui à la Masía, pourrait être recomposée de profanes.

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