Golf : À Augusta, le rêve américain de Matthieu Pavon

Premier vainqueur français d’un tournoi PGA depuis plus d’un siècle, le fils de l’ancien capitaine des Girondins va découvrir le Masters.
Solen Cherrier
Matthieu Pavon, à Pebble Beach (Californie), le 2 février.
Matthieu Pavon, à Pebble Beach (Californie), le 2 février. (Crédits : © LTD / Michael Madrid/USA TODAY SPORTS/PRESSE SPORTS)

Cette semaine, Béatrice Pavon-Deler embrassera un arbre sur le practice d'Augusta (Géorgie). Celui au pied duquel elle a enterré une pièce, lors d'un pèlerinage golfique il y a quinze ans, en croisant les doigts pour qu'elle puisse un jour voir son fils, alors assez âgé pour conduire une voiturette mais pas plus, se produire en ces lieux sacrés. Lorsqu'elle ouvrira les yeux, elle mesurera à quel point ce vœu foutraque a pris racine dans le tracé manucuré du légendaire parcours du Masters, premier des quatre Grands Chelems de l'année. À 31 ans, Matthieu Pavon s'y élancera jeudi matin avec l'étiquette de 24e joueur mondial, 6e au classement 2024, cousue au polo.

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Fin janvier à San Diego (Californie), le Toulousain est devenu le premier Français depuis Louis Tellier, en 1921, à remporter un tournoi PGA, le Farmers Insurance Open. C'était son troisième sur le circuit professionnel nord-américain, qu'il venait d'intégrer grâce une fin d'année grandiose sur le tour européen, où il lui a fallu sept ans, 185 tournois et autant de questionnements avant de triompher, mi-octobre en Espagne. La première victoire l'a libéré d'un poids. La seconde a alourdi son compte en banque de 1,62 million de dollars. Elle a surtout assuré sa carte sur le PGA Tour jusqu'en 2026, une présence sur les grands tournois et, plus important encore à ses yeux, lui a ouvert les portes du Masters.

Matthieu Pavon, ce n'est pas l'histoire d'un surdoué arrivé là où tout le monde l'attendait, mais celle d'un sportif ayant tracé son chemin pour être là où il voulait être : aux États-Unis, à vivre son rêve américain alors qu'il n'a jamais été classé plus haut que 795e en amateur et n'a jamais fréquenté un pôle

Espoirs ou l'équipe de France. Bref, comme Céline Boutier, autre porte-drapeau du golf tricolore avec son Majeur conquis l'an passé, de manière plus flagrante encore, il ne faisait pas partie des meilleurs. Mais la compétition est en lui : son grand-père (Pépito) a joué à l'Olympique de Marseille dans les années 1960 et son père (Michel) a été capitaine des Girondins de Bordeaux, champions de France 1999. Jeune, il a essayé le foot. Il s'est tourné vers le sport enseigné par sa mère et s'est épanoui en solitaire sur les greens.

La salive qui coule...

La première fois qu'il a mis les pieds de l'autre côté de l'Atlantique, il avait 17 ans et le bac S en poche. Cinq mois de stage en Floride, chez Thomas Levet, comme une évidence : coup de foudre pour ce pays où tout est consacré à la performance et au spectacle. Il vit désormais entre les Airbnb de West Palm Beach et son pied-à-terre à Andorre. La route jusqu'aux sommets actuels a été longue et biscornue, parsemée d'échecs et de frustrations. Parmi les tatouages de cet adepte de la salle de muscu, il y a cette inscription, visible sur sa main droite : « The saliva that flows now will become the tears of joy tomorrow » (la salive qui coule aujourd'hui deviendra demain des larmes de joie).

Manière de dire qu'il en a bavé. Il a travaillé dur et s'est entouré d'une structure technique, physique et mentale de haut niveau. Il a supprimé toutes les applications de golf de son téléphone et s'est déchargé de sa communication pour limiter les distractions. L'investissement a aussi été financier : il dépense deux fois plus qu'à ces débuts sur le circuit européen il y a sept ans. Il l'a déjà rentabilisé.

Solen Cherrier

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