Le bâtiment de demain est déjà en chantier

De quoi DEMAIN sera-t-il fait ? Bpifrance s'est lancé le défi de mener une réflexion sur les sujets d'innovation qui révolutionneront notre quotidien dans les années à venir, du point de vue de notre transport, notre alimentation, notre santé, notre façon de commercer et de travailler. Pour cela, Bpifrance anime une démarche collective en mode projet, pilotée par les collaborateurs Bpifrance et associant les acteurs des écosystèmes concernés. L’un des sujets stratégiques récemment traité est le BTP, un secteur qui pèse lourd en France et va devoir s’adapter aux mutations en cours. Emilie Garcia et Guillaume Sever expliquent les enjeux du bâtiment de demain.
Guillaume Sever, Responsable suivi des participations chez Bpifrance.
Guillaume Sever, Responsable suivi des participations chez Bpifrance. (Crédits : DR)

Oubliés les immeubles haussmanniens ou les barres HLM des années 70 : le bâtiment de demain sera intelligent, rapide à construire et respectueux de l'environnement. En France, le secteur de la construction pèse lourd : 400 000 entreprises et 1,5 million de salariés, soit la moitié du chiffre d'affaires de l'industrie globale. Le BTP souffre néanmoins de la chaîne de valeur actuelle, éclatée en de multiples acteurs, et du manque d'attractivité du secteur (43 000 postes non pourvus dans la filière) ainsi que de délais rarement respectés. Par ailleurs, ce secteur est en France le deuxième émetteur de CO2 après le transport routier.

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Mais l'avenir s'annonce nettement plus radieux grâce aux nouvelles technologies numériques. Le BIM (Building Information Modeling) permet d'élaborer une maquette numérique 3D pourvue de données intelligentes et structurées et de faire travailler les différents acteurs en mode collaboratif. « Le BIM est plus vaste qu'un simple plan en 3D. C'est une méthode collaborative qui agrège une variété de données. Pour une porte présente dans le référentiel, par exemple, on va connaître son épaisseur, la qualité de sa matière, sa résistance thermique. Des informations que l'ensemble de la chaîne de valeur doit pouvoir consulter » précise Guillaume Sever, responsable suivi des participations. Un travail collaboratif qui permet une conception optimisée et fait gagner en rentabilité en réduisant les coûts (-15% environ), les délais et les malfaçons sur les chantiers, aussi bien en neuf qu'en rénovation. « A condition d'assurer une vraie transparence quant à la propriété de ces données qui concernent le savoir faire et les secrets de fabrication. Aujourd'hui, c'est encore un peu le Far West » précise Guillaume Sever. « La vraie problématique, c'est le changement de culture dans un secteur composé de très grandes entreprises, de sous-traitants de tailles diverses et de petits artisans qui n'ont pas l'habitude de travailler ensemble » ajoute Emilie Garcia, responsable sectorielle Industries au sein de la Direction de l'innovation. Le BIM engendre une autre évolution : l'industrialisation des processus, avec de plus en plus de pré assemblage des parties des bâtiments grâce à l'impression 3D.

Bâtiments éco conçus et interconnectés

Une nouvelle approche surtout utilisée dans les pays anglo-saxons et en Asie. «  Ce mode de construction hors site est centré sur la préfabrication en atelier : concevoir, préparer, fabriquer les éléments. Ça permet d'être plus flexible et plus réactif, de mieux maîtriser les coûts (gains de productivité jusqu'à 30 %), d'avoir moins de déchets et des nuisances urbaines réduites » décrit Emilie Garcia. Avec la préfabrication, les matériaux utilisés seront plus diversifiés : bois, béton bas carbone, matériaux biosourcés, métal. Ils limiteront l'empreinte carbone et favoriseront la recyclabilité et la réutilisation, sujets portés par les évolutions réglementaires.

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Dans cette perspective, Bpifrance crée actuellement le fonds Ecoconstruction Ecomatériaux. « Le béton est lourd à transporter. Ces matériaux plus légers peuvent aider à accélérer la préfabrication » estime Émilie Garcia. L'IA, la réalité virtuelle et l'IoT sont de nouvelles techniques qui vont arriver dans le bâtiment, même si la filière est en retard pour son adoption du numérique selon Guillaume Sever pour qui « le bâtiment est sous digitalisé ». La smart city, dont on parle beaucoup, se développe à Paris, Montpellier, Marseille et ailleurs dans le monde. Google avec sa filiale Sidewalks Lab va ainsi construire un quartier à Toronto composé de bâtiments en bois éco conçus et interconnectés au sein d'une infrastructure intelligente. Exemple : la route pourra s'agrandir en cas de forte circulation. Inversement, les trottoirs s'élargiront lorsqu'il y aura moins de véhicules. Des capteurs reliés à une IA pourront gérer les flux de circulation, un dispositif imaginé par la société française Colas.

Dernière évolution notable pour le BTP : celle des modes de vie et de travail (co-living, coworking, nouvelles mobilités, contraintes d'urbanisation). « Ces évolutions font que le bâtiment doit se réinventer en proposant les constructions modulables et réversibles. Demain, on doit pouvoir passer de l'habitation au commerce ou à un petit atelier » décrit Guillaume Sever. Quelques expérimentations ont déjà lieu dans des habitations adaptées à la cohabitation de plusieurs générations.

Enfin, les nouveaux bâtiments devront respecter des normes plus sévères en matière d'environnement : la réglementation a fixé l'objectif de zéro carbone à horizon 2050.

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