Documentaires en réalité virtuelle : le studio français Targo « sent la vague monter »

Si le métavers est virtuel, son impact économique est déjà bien réel en France. Dans le cadre de sa campagne en ligne "l'impact est réel", Meta présente un des cas d’usage de cette technologie immersive. A Paris, Targo crée depuis 2016 des documentaires immersifs de haute volée. Année après année, le studio pionnier dans la VR voit son audience augmenter et un modèle économique s’installer. Le temps de l’expérimental est terminé.
(Crédits : DR)

Une fois immergé dans son casque de réalité virtuelle, le spectateur se retrouve projeté dans la cathédrale Notre-Dame, avant et après l'incendie dramatique de 2019. Cette prouesse d'ubiquité intitulée Rebuilding Notre Dame est signée Targo, un jeune studio français pionnier des films et documentaires en réalité virtuelle. Cofondée par Victor Agulhon et Chloé Rochereuil, la société d'une dizaine de collaborateurs produit depuis Paris des films capables de vous plonger dans Notre-Dame détruite, les Twin Towers de New York (Surviving 9/11), la ville irakienne de Mossoul en ruines vue par des parapentistes (The wings of Mossul) ou encore l'univers ultra-sensorielle des cuisines de trois femmes cheffes à travers le monde (Behind the Dish).

« Notre ambition est simple : faire de la réalité virtuelle la télévision de demain », lit-on sur le site de Targo. « En 2016, je m'intéressais aux usages de la réalité virtuelle. J'en ai discuté avec une amie journaliste et réalisatrice, Chloé Rochereuil, qui a tout de suite vu le potentiel pour le documentaire.»,  raconte Victor Agulhon, le co-fondateur et président de la société. La suite est une belle histoire. Aujourd'hui, Targo trace sa route et affiche à son palmarès plusieurs productions à l'écho mondial. Sa cible : le grand public, « à qui nous voulons faire découvrir des histoires extraordinaires et des endroits inaccessibles », explique Victor Agulhon.

La puissance pédagogique de la réalité virtuelle

Targo met en avant un double « ADN », selon son co-fondateur : le divertissement, sous l'angle de l'exploration et de l'aventure, et le documentaire historique, basé sur une approche scientifique rigoureuse. Mais en réalité, les deux se croisent sans cesse. En novembre, le studio sort ainsi un nouveau documentaire en deux parties : JFK Memento. Le film retrace l'assassinat de John F. Kennedy, à Dallas, il y a 60 ans. Produit en partenariat avec Meta, il a pu se faire grâce à la collaboration également du Sixth Floor Museum at Dealey Plaza de la métropole texane, et à l'étude de nombreuses archives.

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Mais en quoi la VR peut-elle améliorer la compréhension d'un assassinat mythique qui conserve toute une part de mystère ? La VR apporte déjà une nouvelle dimension sensorielle, « laquelle permet de créer une connexion bien plus intense et personnelle avec l'histoire, explique Victor Agulhon. Vivre une expérience radicalement différente de ce qui est offert par un documentaire classique, des photos ou un texte, crée un sentiment extrêmement fort, mais pas seulement. La force éducative et pédagogique de la réalité virtuelle réside surtout dans la spatialisation des événements ». Dans le cadre de JFK Memento, les équipes de Targo ont reconstitué tous les objets et les espaces du drame, dans un modèle 3D complet. « Cela permet au spectateur de saisir la réalité des trajets, des déplacements, des volumes... Soit ce que des milliers de personnes cherchent exactement à ressentir quand elles viennent sur place, à Dallas. Avec la VR, nous démocratisons cette expérience en contractant le temps et l'espace. Contextualiser une information permet toujours de mieux la comprendre ». Et pour mieux embarquer le spectateur, Targo y injecte le lien humain. Chacun de ses documentaires se construit autour de l'histoire d'une ou de plusieurs personnes réelles.

Millions de vues

Si le documentaire en réalité virtuelle faisait office d'objet expérimental il y a quelques années, ce n'est plus le cas. Un public existe et les vues se comptent désormais en millions. « On sent la vague monter », se réjouit Victor Agulhon. Le studio français produit deux films par an environ, un chiffre appelé à croître dans les années à venir. « Il y a de plus en plus de spectateurs, donc de capacités à sortir de nouveaux contenus. Nous vivons un moment enthousiasmant. »

Avec son statut de pionnier, Targo se projette dans « une industrie qui tourne ». Ses documentaires sont distribués en ligne, comme sur la plateforme de Meta, mais aussi hors ligne : lieux culturels, festivals ou cinémas spécialisés VR, comme la salle FlyView, à Paris. « Nous constatons une accélération considérable de l'audience et de la perception culturelle de la réalité virtuelle, affirme Victor Agulhon. En 2016, nous étions vus comme des geeks. Désormais, la VR est présente dans tous les plus grands festivals et l'immense majorité des publics ont déjà essayé un casque VR ! » Et enfin, Targo est une affaire qui roule : « Nous n'avons pas eu besoin de lever des fonds », révèle son co-fondateur. La preuve d'une industrie aux bases solides en train de naître.

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Commentaire 1
à écrit le 08/11/2023 à 12:00
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Si ça pouvait pallier un peu à cette malédiction du tourisme de masse cela ne serait pas du luxe.

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