Moins de 48 heures. 3 levées de fonds par Sorare, Mirakl et Vestiaire Collective. Au total, plus d'1,2 milliard d'euros levés. Si la simultanéité de ces annonces est un heureux hasard de calendrier -la levée de Sorare, par exemple, a été finalisée cet été mais annoncée seulement maintenant- La French Tech fait plus que réussir sa rentrée, elle réalise une démonstration de force. De quoi faire jubiler le secrétaire d'Etat chargé de la Transition numérique, Cédric O.
A l'occasion d'un rassemblement organisé par France Digitale, le ministre s'est projeté dans un scénario idéal : "Ce qui s'est passé aux Etats-Unis et en Chine est en train de se passer en Europe: nous sommes en train de rentrer dans cette économie de l'innovation, qui fait la prospérité économique, les créations d'emplois, la capacité à soutenir technologiquement les grands défis."
La dynamique éblouissante de l'écosystème français était aussi l'occasion pour lui de rappeler l'objectif à moyen terme du gouvernement : faire rentrer une entreprise issue de la French Tech au CAC 40. Le précédent objectif politique, 25 licornes en 2025 affiché par Emmanuel Macron en septembre 2019, sera très certainement atteint et dépassé étant donné que la France en compte déjà 16 en septembre 2021. Il faut dire qu'avec l'apparition d'une nouvelle licorne, deux levées records, et le renforcement de startups historiques de la French Tech, les dernières 48 heures nourrissent ce genre d'ambitions. Retour sur deux jours tout feu tout flamme.
1 milliard d'euros levés en un jour
- Sorare, record à battre de la French Tech avec 580 millions d'euros
Mardi 21 septembre, Sorare a donné le ton à ces 48 heures d'exception en réalisant la plus grosse levée de fond de l'histoire de la French Tech. Nouvellement couronnée licorne, Sorare est déjà la startup la mieux valorisée de l'écosystème, à 3,7 milliards d'euros, alors qu'elle n'a que trois ans d'existence.
Pour convaincre Softbank de mener un tour de table à 580 millions d'euros aux côtés de 7 autres investisseurs, la startup a notamment annoncé qu'elle avait déjà atteint son objectif de rentabilité. Elle a ainsi validé l'intérêt du public pour son étrange produit.
Sorare crée des cartes de football numériques à collectionner, dont la rareté est certifiée par un NFT (un jeton déposé sur une blockchain). Ces cartes peuvent être échangés entre personnes contre de l'argent, sur la plateforme de Sorare ou en dehors. Elles servent également à participer à des Fantasy League, un système de jeu de pronostic bien connu. Ce fonctionnement nouveau ouvre à la startup un marché entre divertissement et collection, qu'elle estime à plusieurs dizaines de milliards de dollars. Et qu'elle est, pour l'instant, le seul à occuper.
- Mirakl, une méga-levée pour consolider son alternative à Amazon
A quelques heures près, le titre de plus grosse levée de l'histoire de la French Tech revenait à Mirakl, avec son tour de table colossal de 473 millions d'euros réalisé mardi 21 septembre.
Alors qu'elle fête ses 10 ans d'existence, la startup a confirmé son impressionnante accélération, un an exactement après sa précédente levée de 255 millions d'euros (un record, à l'époque). Mirakl fournit un logiciel qui permet aux entreprises d'éditer et de gérer leur propre plateforme de vente -ou marketplace, dans le jargon. Elle se pose ainsi en alternative à Amazon et d'autres pour les sociétés qui souhaiteraient garder entièrement la main sur leur plateforme. Si vous avez acheté sur le site de la Fnac, de Carrefour ou encore de Leroy Merlin, vous avez utilisé un outil édité par la licorne française.
Signe de son développement accéléré, en 2019, Mirakl se félicitait d'avoir dépassé la barre d'1 milliard d'euros de chiffre d'affaires réalisé sur les marketplaces qu'elle édite. Aujourd'hui, ce chiffre a dépassé les 3 milliards de dollars (2,6 milliards d'euros). Désormais, elle compte recruter 350 développeurs supplémentaires, développer de nouvelles fonctionnalités, et étendre son marché à l'international.
Vestiaire Collective et Sunday, doyen et le benjamin de la French Tech
- Vestiaire Collective, deuxième méga-levée de 2021
Après voir couronné une startup méconnue (Sorare), le doyen de la French Tech, la plateforme de vente de vêtements et d'accessoires de luxe Vestiaire Collective, a aussi fait son annonce. La levée de fonds de 178 millions d'euros réalisée mercredi 22 septembre est la dixième opération financière de l'entreprise depuis 2009. Elle fait ainsi passer le total de ses montants levés à 470 millions d'euros.
Ce tour de table mené par le Vision Fund de Softbank double celui réalisé en mars 2021, qui avait fait entrer au capital un géant du secteur du luxe, le français Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga....). Cette levée était aussi l'adoubement de Vestiaire Collective comme la 11e licorne de la French Tech.
La startup affirme qu'elle enregistre une croissance de 100% aux Etats-Unis et de 150% en Asie, qui justifie le nouveau tour de table pour encore accélérer son développement, et s'imposer face à une rude concurrence, menée par le lituanien Vinted.
- Sunday, 85 millions d'euros pour devenir un géant de la restauration
La seule ombre au tableau de ces deux jours de folie est que ce montant exceptionnel aurait pu l'être encore plus si on avait pu comptabiliser la levée de fonds de 85 millions d'euros (100 millions de dollars) de la pépite Sunday. En à peine cinq mois d'existence, ce spin-off de la chaîne de restaurants Big Mamma, qui a développé une solution de paiement de l'addition par QR Code, a séduit 1.500 restaurants dans quatre pays (France, Etats-Unis, Royaume-Uni, Espagne) et réalisé plus d'1,1 million de transactions. "Dans quelques années, cela nous paraîtra absurde de devoir attendre le serveur pour payer. Leur métier n'est pas se transformer en caisse enregistreuse quand tous les clients veulent payer au même moment", se projetait Victor Lugger, fondateur de la startup, dans nos colonnes.
Un départ canon pour un futur géant français ? Raté. Si la pépite a été cocréée par l'équipe française de Big Mamma avec une entrepreneuse américaine qui s'est fait connaître chez le français ManoMano, son siège social a été directement installé à Atlanta, aux Etats-Unis. La raison : l'accès direct aux investisseurs internationaux et au colossal marché américain.
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