Ces avocats "geek" plaident en faveur du numérique

ENQUÊTE 2/3. Les professionnels du droit créent leurs propres legaltech pour prendre le train du digital en marche et éviter l'uberisation.
(Crédits : Pixabay / CC)

Pour être certain de ne pas avoir de problèmes avec les professions réglementées quand on crée une legaltech, autant en faire partie. C'est le cas de Call A Lawyer, fondée en 2017 par l'avocat au barreau de Paris Mathieu Davy, spécialisé dans les nouvelles technologies. « Dès 2015 et l'arrivée des legaltech, je me suis dit que les avocats devaient créer eux aussi leurs outils technologiques, notamment de mise en relation et de consultation juridique », explique Mathieu Davy.

La promesse de cette application mobile gratuite : une mise en relation avec un avocat pendant vingt minutes pour 20 euros. La startup a été incubée en 2018 par l'accélérateur WeRaiseStartup et a bouclé le 11 février sa première levée de fonds de 500.000 euros auprès de business angels pour attaquer le marché des professionnels. « Nous avons remarqué qu'une grande partie des appels étaient le fait de TPE, artisans, professions libérales, très fragiles sur le plan juridique », détaille l'avocat startuppeur. Le business model « B to B » est un abonnement mensuel de 69,90 euros qui offre un nombre d'appels illimité (toujours de 20 minutes) auprès des 500 avocats sélectionnés par la startup, qu'ils peuvent interroger sur tous les domaines du droit : des sociétés, des marques, commercial, du travail, etc.

« Depuis que le métier d'avocat existe, nous devons trouver des clients. Or, la moitié des 70.000 avocats français, surtout en province, connaissent des difficultés. Les fonds levés vont nous permettre d'embaucher des commerciaux pour aller chercher les clients qui vont utiliser notre appli mobile et apporter du business aux avocats », précise Mathieu Davy, qui affirme qu'un appel sur deux se transforme en collaboration suivie avec l'avocat.

Une initiative qui a remporté le prix de l'innovation 2018 de l'Incubateur du barreau de Paris. Cette année, la startup va se consacrer à son développement à l'étranger, dans les pays francophones comme la Belgique, la Suisse ou la Côte d'Ivoire, et en Espagne et au Portugal.

Un avocat pour le RGPD

Sylvain Staub, du cabinet Staub & Associés, est un autre avocat geek à s'être lancé en avril 2018 dans l'aventure des legaltech. Data Legal Drive est une plateforme numérique en mode SaaS (abonnement de 175 euros par mois et par entité) qui propose des services pour accompagner la mise en conformité des entreprises, qu'elles possèdent ou non un DPO (Data Protection Officer), avec le RGPD (Règlement général pour la protection des données). La startup a par ailleurs signé un partenariat éditorial et commercial en novembre 2018 avec les Éditions Législatives et Dalloz (groupe ELS).

« Dans mon cabinet, je ne fais que du droit du digital et de la data. Avec l'arrivée du RGPD, j'ai décidé de créer une legaltech qui digitalise une partie du métier de l'avocat en matière de données personnelles », précise Sylvain Staub.

Une manière d'aider PME, ETI, grands comptes et cabinets conseils à constituer le registre obligatoire réclamé par le règlement européen, un travail fastidieux et chronophage. Data Legal Drive, qui emploie une quinzaine de personnes, est déjà bénéficiaire mais cherche à lever des fonds pour accélérer son développement. La legaltech a remporté le 28 mars le prix legaltech des Victoires de l'innovation juridique décerné par le magazine spécialisé Le Monde du droit.

Pour Sylvain Staub, « le meilleur moyen de se faire uberiser, c'est de ne rien faire. Payer des avocats à 250 euros de l'heure pour mettre en forme des tableaux Excel, c'est jouer avec le feu car cette prestation n'a aucune valeur ajoutée. C'est en modernisant la profession que nous, avocats, parviendrons à conserver notre activité », analyse-t-il.

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Commentaire 1
à écrit le 03/05/2019 à 8:38
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La JUstice est certainement un des domaines dans lequel le citoyen a le plus besoin d'aide, volontairement foutraque et floue le nombre de Lois, décrets circulaires ajoutés aux diverses jurisprudence fait que ceux qui ont les moyens de se payer un pé...

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