Ces biotechs qui inventent la médecine du futur

DOSSIER SANTÉ. Dans le cadre du forum Impacts santé organisé par La Tribune qui se tiendra ce jeudi à Paris, la rédaction a sélectionné cinq startups qui inventent la médecine du futur.
La Tribune a sélectionné cinq startups qui inventent la médecine du futur.
La Tribune a sélectionné cinq startups qui inventent la médecine du futur. (Crédits : DR)

ACS BIOTECH, l'espoir d'en finir avec l'arthrose

À LYON, l'entreprise lyonnaise a développé un gel unique au monde capable de réparer les lésions du cartilage survenues suite à un choc traumatique ou une maladie dégénérative comme l'arthrose.

C'est une petite révolution qui est en marche pour les personnes souffrant d'arthrose. La start-up lyonnaise ACS Biotech a mis au point un gel capable de régénérer du cartilage en une seule injection, réalisée lors d'une chirurgie mini-invasive. Une avancée médicale majeure : plus de 10 millions de patients sont atteints par cette maladie articulaire handicapante et dégénérative en France, et 500 millions dans le monde. Ce médicament pourrait prévenir la maladie et apporter une solution pérenne en réparant le cartilage.

Le gel pourra être optimal sur une arthrose débutante ou à la suite d'un choc traumatique (chute, accident de voiture...), car il est nécessaire qu'il y ait encore du cartilage. L'idée consiste à intervenir de façon précoce afin d'éviter une usure avancée du cartilage qui aurait comme seule issue la prothèse orthopédique. La solution injectable, brevetée par la startup, est élaborée à partir d'une matrice en 3D d'hydrogel de chitosan, un biomatériau naturel. Biocompatible, il présente aussi de très bonnes propriétés de réparation cellulaire.

Passage obligé avant toute commercialisation, l'entreprise a réalisé la validation in vitro et in vivo sur des petits et gros animaux. Elle se prépare enfin à lancer les tests cliniques sur l'homme, dès que sa levée de fonds sera finalisée. Dans cette aventure entrepreneuriale de longue haleine, Pascale Hazot, 50 ans, a su mettre à profit ses connaissances acquises lors de son International MBA à l'EM Lyon, et se servir de son expérience de 15 ans en management de projet dans des biotech et medtech.

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Aujourd'hui, la cheffe d'entreprise, qui a remporté le prix La Tribune Tech for Future 2024, a développé d'autres activités en parallèle du gel afin de pérenniser la structure. Elle vient de lancer sa biobanque ostéoarticulaire, où des cellules et tissus sont proposés aux laboratoires publics et privés pour contribuer au lancement de leurs programmes de recherche. Elle propose également sa plateforme technologique 3D d'hydrogel de chitosan avec un potentiel certain pour des applications en médecine régénérative ou ingénierie tissulaire. E.V.

Le « VÉLO ÉLECTRIQUE DU CŒUR » testé chez l'homme

À BORDEAUX, la pompe cardiaque disruptive de FineHeart vient de recevoir le soutien de France 2030.

« Nous marquons une rupture sur un marché qui n'a pas bougé depuis 40 ans ! », lance Arnaud Mascarell, le fondateur et CEO de la start-up bordelaise FineHeart. Ce marché, c'est celui de la prise en charge de l'insuffisance cardiaque et il se compte en milliards de dollars.

Pour se démarquer, FineHeart a mis au point Flowmaker, une pompe cardiaque miniature qualifiée de « vélo électrique du cœur parce qu'au lieu de travailler à la place du cœur, elle se cale sur ses mouvements naturels pour les accompagner », image Arnaud Mascarell. Protégée par 150 brevets et consommant peu d'énergie, cette pompe de 10 cm de long est dotée d'une alimentation sans-fil ce qui permet de l'implanter par une opération simple d'environ 90 minutes. « De quoi réduire drastiquement les risques de complication et donc d'équiper un bien plus grand nombre de patients », poursuit le dirigeant.

La mini-pompe cardiaque est actuellement implantée chez une petite dizaine de patients humains dans le cadre d'une étude pilote menée en République tchèque. Les premiers résultats seront connus dès cet été. Viendra ensuite le temps d'une véritable étude clinique en vue d'une mise sur le marché à l'horizon 2027. Fincher, qui a déjà levé 45 millions d'euros depuis 2010, vient de décrocher un soutien de 7,8 millions d'euros auprès du programme « i-demo » de France 2030.

« L'enjeu c'est d'étendre l'étude pilote en France et d'y préparer la fabrication industrielle », cadre Arnaud Mascarell.

« Aujourd'hui, notre turbine est usinée et polie à la main pour une dizaine d'exemplaires par an. Demain, il faudra être capable d'en fabriquer en France plusieurs centaines puis plusieurs milliers. » Et face à la concurrence des Américains Abbott et Medtronic et des Français de CorWave, le dirigeant bordelais est confiant : « C'est un marché colossal de plusieurs centaines de milliers de patients. Il y a de la place pour plusieurs acteurs donc le sujet n'est pas d'aller vite, mais d'avoir un produit efficace pour le patient. » Fineheart s'attèle actuellement à boucler un nouveau tour de table de 50 millions d'euros. P.C.

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VISIBLE PATIENT équipe les chirurgiens d'un GPS au bloc opératoire

À STRASBOURG, cette startup a mis au point une technologie de clone numérique du patient qui permet de simuler l'acte chirurgical et de guider ensuite le médecin au bloc opératoire.

En chirurgie mini-invasive, avec des robots et des caméras, le chirurgien n'opère pas à l'aveugle. Loin de là. Mais la disponibilité d'images précises est vitale. « Nous aidons les chirurgiens à éviter les sens interdits, comme en voiture avec un GPS », acquiesce Luc Soler, qui a fondé Visible Patient en 2013 à Strasbourg. Le principe est simple : fournir une cartographie en 3D et en couleurs de l'anatomie personnelle de chaque patient, réalisée à distance, à partir d'un simple scanner en niveaux de gris. La réalité augmentée permet de suivre en direct les mouvements de l'abdomen et des organes, liés notamment à la respiration.

La technologie se veut disruptive, mais accessible à tous. Le service fonctionne en paiement à l'acte. Prix de base : 700 euros par modélisation. « Pour le patient, ça ne coûte rien. C'est l'hôpital ou la mutuelle qui paie. Et bientôt, ce sera pris en charge par la Sécu », annonce Luc Soler, qui espère obtenir en 2025 une couverture par le service public pour les opérations du poumon. « C'est déjà la première intervention en usage, et c'est aussi la première cause de mortalité en cancer », rappelle Luc Soler. Au bloc, la cartographie individuelle apparaît déjà comme un saut qualitatif.

« La modélisation réduit aussi le temps opératoire, entre une demi-heure et une heure. Le chirurgien va plus vite sur sa cible et on évite les complications post-opératoires », résume Luc Soler.

En dix ans, Visible Patient a réalisé 25 000 modélisations de patients. Principalement en Europe, où il opère depuis 2020 avec son distributeur Johnson & Johnson. L'expansion internationale passera par l'Océanie et les Etats-Unis, où les opérations vont débuter en 2025.

Visible Patient compte 42 salariés à Strasbourg. Comme toutes les startups à succès, elle a réussi sa première levée de fonds (12 millions d'euros), investie dans la mise au point de la technologie. Une seconde levée de fonds, du même montant, est imminente. « Visible Patient possède déjà plus de vingt brevets en intelligence artificielle. On va réaliser de nouveaux recrutements et poursuivre la recherche », annonce Luc Soler. O.M.

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MEDINCELL garantit la bonne observance thérapeutique d'un traitement

À MONTPELLIER, la biotech héraultaise a développé une technologie innovante à la promesse précieuse : assurer la bonne administration durable d'un médicament en une seule injection sous-cutanée.

La technologie BEPO développée par MedinCell permet, par une seule injection sous-cutanée et la libération prolongée d'un principe actif, de contrôler et de garantir la délivrance d'un médicament pendant plusieurs jours, semaines ou mois. La biotech héraultaise, présidée par Christophe Douat, développe un portefeuille de produits injectables dans différentes aires thérapeutiques.

Le plus avancé est un traitement de la schizophrénie pour la commercialisation duquel MedinCell travaille en partenariat avec l'entreprise israélienne Teva Pharmaceuticals. La Food and Drug Administration (FDA) a donné son l'approbation en avril 2023 pour la commercialisation de ce traitement (Uzedy) sur le marché américain. « En 2023, Teva a travaillé sur sa prise en charge par les assurances, qui sont prêtes à payer (entre 20.000 et 25.000 dollars par an et par personne, N.D.L.R.) car l'observance thérapeutique en schizophrénie est un problème : le traitement oral coûte entre 3.000 et 5.000 dollars, mais est souvent mal respecté. Notre technologie garantit que le patient prend bien son traitement et réduit de 80% le risque de rechute entraînant plusieurs jours ou semaines d'hospitalisation, explique David Heuzé, responsable communication de MedinCell. Il y a un rationnel économique très fort... En 2024, Teva mise sur 80 millions de dollars de revenus avec Uzedy. »

Dans le portefeuille de Medin-Cell, d'autres traitements innovants avancent, parmi lesquels deux dont les études cliniques de phase 3 se termineront en 2024 : un deuxième traitement des formes plus sévères de la schizophrénie et un traitement pour les douleurs post-opératoires. La biotech travaille également sur un contraceptif à action prolongée de six mois (pour lequel elle a reçu un important soutien financier de la Fondation Gates), sur un traitement immuno-suppresseur évitant le rejet en cas de greffe d'organe, sur le paludisme pour casser le vecteur de transmission, ou encore sur une application d'Uzedy dans les affections du système nerveux. C.C.

VITADX facilité le diagnostic du cancer

À RENNES, avec son premier logiciel VisioCyt, la medtech VitaDX fait évoluer les paramètres du diagnostic précoce et de la surveillance du cancer de la vessie et bientôt de la thyroïde.

Valorisant des travaux issus de la recherche publique, VitaDX a mis au point une solution logicielle non-invasive de détection du cancer de la vessie, fondée sur l'analyse approfondie par l'image d'un simple échantillon d'urine. Appuyé par une IA, ce logiciel précise le diagnostic d'un médecin pathologiste et permet de personnaliser la prise en charge des patients.

Basée à Rennes et à Paris, la startup fondée en 2015 commercialise son VisioCyt depuis septembre 2023 et l'a déjà installé chez Medipath à Toulouse et Xpath à Poitiers, deux groupes de laboratoires couvrant la France. La PME de 20 personnes travaille aussi à l'élaboration d'un logiciel de dépistage pour les personnes à risques (âge, tabagisme, antécédents familiaux) et au transfert de sa technologie à d'autres pathologies, dont celle de la thyroïde d'ici à 2027.

« Notre solution a été validée par essai clinique et son taux de fiabilité atteint 95% pour les patients de haut grade : c'est aussi bien que pour l'endoscopie vésicale, qui est un acte invasif et c'est 20% de mieux qu'avec la méthode classique de cytologie urinaire » explique Allan Rodriguez, cofondateur et directeur général de VitaDX.

Sa société s'est focalisée durant plusieurs années sur la R & D et l'agrégation de données qualifiées pour alimenter l'IA, finançant son développement via trois levées de fonds pour un montant global de 12,5 millions d'euros. Le marché potentiel est mondial. Hautement corrélé à la consommation de tabac, le cancer de la vessie est une maladie à 70% masculine. Déployé de façon limitée, par le biais des partenariats déjà signés, en Belgique, au Luxembourg et un peu au Maroc, VitaDX veut d'abord déployer son VisioCyt dans deux pays prioritaires, l'Allemagne et les États-Unis.

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Allan Rodriguez a signé un accord avec le laboratoire Avero Diagnostics à Washington. Il se donne neuf mois pour lancer sa solution dans ce territoire clé où l'obtention de l'autorisation est deux fois plus rapide qu'en Europe et où les patients ont l'habitude de suivre un parcours de soin hors remboursement. L'accès au remboursement du diagnostic par VisioCyt est justement un autre sujet auquel s'attelle VitaDX. En France, le reste à charge par analyse s'élève à 72 euros. P.P-L.

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Commentaires 3
à écrit le 24/04/2024 à 7:53
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A savoir celle qui soignera enfin les humains !? En effet du futur puisque nous n'avons jamais encore vu ça puisque soignant d'abord les comptes dans les paradis fiscaux.

à écrit le 23/04/2024 à 21:04
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La médecine de demain! Encore faudrait il qu'il y ait des médecins aujourd'hui.

le 23/04/2024 à 21:33
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Pour le conseil de l'ordre des médecins il sont assez nombreux .

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