Comment Mascara NT veut devenir le champion du dessalement durable

CHARTRES (EURE ET LOIR). Mascara NT, qui a mis au point un procédé de dessalement d’eau de mer fonctionnant à l’énergie solaire, installera sept nouvelles unités dans le monde d’ici à la fin de l’année. Dans un contexte de raréfaction de l’eau potable, la PME chartraine ambitionne de quadrupler sa taille en 2026.
Mascara espère au moins tripler ses effectifs d’ici trois ans.
Mascara espère au moins tripler ses effectifs d’ici trois ans. (Crédits : Reuters)

La Mauritanie, Madagascar et la Polynésie française seront les prochains pays d'installation des sept unités de dessalement de l'eau salée par osmose inverse qui seront livrées par le fabricant Mascara NT au quatrième trimestre. En Afrique, elles équiperont des sites isolés, tandis que le dispositif alimentera également un hôtel de l'archipel polynésien.

Baptisée Osmosun, la solution mise au point par la société basée à Chartres permet d'une part d'assurer le dessalement et le traitement de tout type d'eau salée - celle des océans mais aussi des sols grâce au forage. Osmosun est d'autre part exclusivement alimentée par l'énergie solaire via des panneaux qui sont parallèlement déployés lors de l'installation.

« La dimension durable nous différencie des autres acteurs du traitement de l'eau, assure Quentin Raglety, Pdg de Mascara NT. La plupart d'entre eux utilisent de l'énergie fossile. Notre procédé de dessalement a généré la production d'environ 2 millions de m3 d'eau douce depuis son lancement, ce qui correspond à l'approvisionnement de 70.000 personnes. Il a évité conjointement l'émission de 3.000 tonnes de CO2 ».

La PME d'Eure-et-Loir cible huit marchés privés et publics pour ces unités de traitement de l'eau. Il s'agit de l'hôtellerie, des municipalités, de l'agriculture, de l'industrie minière, des activités industrielles, des camps de base, des communautés reculées, et enfin, des situations d'urgence.

Surface de l'usine de production doublée

Créée en 2014 par deux associés, Maxime Haudebourg et Marc Vernet, Mascara NT a installé au total une cinquantaine d'unités de dessalement d'eau sur ses zones géographiques de prédilection. Elles ont ainsi été déployées en Afrique, essentiellement l'Ouest, l'Est et le Maghreb, en Asie du Sud Est et dans l'océan Pacifique, en Australie, enfin dans l'océan Indien.

Le développement puis la commercialisation de la solution Osmosun, brevetée en 2017, ont été rendus possibles grâce à une levée de fonds de plus de 2 millions d'euros. Plusieurs fonds d'investissements régionaux, au premier chef Go Capital et UI Investissement (ex-Sofimac), sont ainsi entrés au capital de Mascara NT. Une vingtaine d'actionnaires figure désormais au tour de table. Avec un chiffre d'affaires prévisionnel de 6 millions d'euros en 2022, la PME, qui emploie 22 salariés, table désormais sur une croissance exponentielle. Pour accompagner la montée en charge de sa production, Mascara a déménagé en juin dans de nouveaux locaux de 2.000 m2, deux fois plus vastes que les précédents, également situés dans la zone industrielle de Chartres.

4 milliards d'êtres humains manqueront d'eau en 2040

Dans un contexte de raréfaction de l'eau douce à la surface du globe, qui représente seulement 3% de la ressource disponible, le dessalement de l'eau de mer mais aussi de l'eau saumâtre est particulièrement adapté aux campagnes isolées et aux villes moyennes.

L'enjeu est de taille puisque l'ONU estime à près de 4 milliards le nombre d'êtres humains qui manqueront d'eau en 2040.

Mascara NT compte dans ce cadre consolider ses marchés sur les zones géographiques où elle opère actuellement. A la clé, une implantation notamment dans d'autres pays africains où la société n'est pas présente. Ses dirigeants visent ainsi 15 à 20 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici quatre ans.

Une campagne de recrutements a d'ores et déjà été lancée afin d'accompagner la hausse de la production et de la commercialisation. La PME devrait ainsi compter à moyen terme environ 80 salariés, si la success story se confirme.

Face à elle se dressent en effet des sociétés concurrentes australiennes et américaines comme Fluence, de taille sans commune mesure. Si Mascara NT détient une longueur d'avance en termes de procédé de dessalement à partir d'énergie verte, les enjeux climatiques de décarbonation devraient pousser les majors du dessalement à investir aussi rapidement ce créneau.

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Commentaire 1
à écrit le 04/10/2022 à 16:30
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Et si on en installait en France, pour irriguer les zones sèches ?

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