Pas une surprise, plutôt une confirmation. D'après l'étude annuelle de la Fondation pour les technologies de l'information (Information Technology and Innovation Foundation), parue lundi 25 janvier, les États-Unis mènent la course au développement et à l'utilisation de l'intelligence artificielle (IA), tandis que la Chine progresse rapidement au point de "challenger la domination américaine", et que l'Union européenne est... à la traîne.
Les Etats-Unis en tête dans les domaines clés
Ce rapport compare les situations entre pays sur la base de 30 paramètres, divisés entre plusieurs grandes familles dont la recherche et développement (R&D), l'adoption de la technologie par les entreprises, ainsi que l'investissement dans le matériel et le logiciel.
Verdict : les États-Unis dominent la course, avec un score global de 44,6 points sur une échelle de 100 points (+0,4 point en un an). Ils sont en tête notamment dans des domaines clés tels que l'investissement dans les startups et le financement de la recherche et développement, ce qui explique leur progression sur un an. "Les Etats-Unis ont un nombre incompatable de startups spécialisées dans l'intelligence artificielle, qui ont reçu 8 milliards de dollars de plus en financement que la Chine en 2019", relève l'étude.
La Chine, bientôt leader mondial de l'IA ?
En deuxième position vient ensuite la Chine. Avec 32 points (-0,2 point), le leader asiatique ne progresse pas car son écosystème de l'IA ne rivalise pas encore en taille avec celui des Etats-Unis, mais il a paradoxalement fait des progrès dans plusieurs domaines clés. "De manière cruciale, la Chine a fait des progrès incrémentaux en réduisant le fossé ou en étendant sa domination sur les Etats-Unis" dans une dizaine de critères, indique le rapport. La Chine compte aussi 214 des 500 plus puissants supercalculateurs du monde, soit plus que n'importe quel autre pays (113 pour les États-Unis et 91 pour l'Union européenne). Autrement dit, l'ex-Empire du Milieu ne cesse d'accentuer ses forces et de réduire ses faiblesses.
"Premièrement, La Chine a dépassé l'UE en tant que leader mondial des publications sur l'IA. Deuxièmement, la qualité de ses recherches sur l'IA progresse d'année en année. Troisièmement, ses entreprises de logiciels et de services informatiques ont augmenté leurs dépenses de R&D. Quatrièmement, la Chine compte désormais près de deux fois plus de supercalculateurs classés dans le top 500 des performances que les États-Unis. Enfin, la Chine continue vraisemblablement d'être en tête du nombre de données générées. Dans l'ensemble, cependant, la Chine n'a pas réduit de manière significative l'écart en matière d'IA entre elle-même et les États-Unis, mais sa tendance à des progrès constants pourrait éventuellement faire disparaître l'avance américaine."
Enfin, l'Union européenne se classe bon troisième avec 23,3 points (-0,2 point). Le Vieux Continent pâtit d'un retard notamment en matière de capital-risque et de financement par capital-investissement. En revanche il s'en tire mieux en termes de publications de recherche.
La Chine a la plus forte volonté politique
"Le gouvernement chinois a fait de l'IA une priorité absolue et les résultats sont visibles", a déclaré Daniel Castro, directeur du Centre pour l'innovation des données de ce think tank, et auteur principal du rapport.
"Les États-Unis et l'Union européenne doivent prêter attention à ce que fait la Chine et y répondre, car les pays qui mènent le développement et l'utilisation de l'IA façonneront son avenir et amélioreront considérablement leur compétitivité économique, tandis que ceux qui prennent du retard risquent de perdre leur compétitivité dans des industries clés", a-t-il souligné.
La Chine a publié 24.929 articles de recherche sur l'IA en 2018, selon les données les plus récentes, contre 20.418 pour l'Union européenne et 16.233 pour les États-Unis, détaille le rapport. Mais le document précise que la qualité moyenne de la recherche américaine est toujours supérieure à celle de la Chine et de l'Union européenne, notamment parce que les États-Unis restent le leader mondial dans la conception de puces pour les systèmes d'IA.
Pour rester compétitive, l'Europe doit, selon le rapport, renforcer les incitations fiscales à la recherche et développer les instituts de recherche publics dans ce domaine. Quant aux Etats-Unis, ils doivent, pour maintenir leur avance, renforcer le soutien à la recherche et au déploiement de l'IA, et redoubler d'efforts pour développer les talents dans le pays tout en attirant ceux du monde entier.
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