Mobilité des seniors : Apple s’associe à une innovation nantaise pour guérir des chutes

Mementop-Gait. C’est le nom d’une expérimentation menée à Nantes à laquelle s’est associé Apple. Ce projet porté par un collectif résulte d’une rencontre entre deux mondes : celui de la santé d’une part et des technologies numériques de l’autre. Il a donné naissance à une application unique d’auto-rééducation des personnes de plus de 65 ans. Présentation.
En partenariat avec le Gérontopôle des Pays de la Loire, les CHU de Nantes et d’Angers et le groupe LNA Santé, la startup nantaise Smart Macadam a conçu une application d’auto-rééducation de personnes de plus de 65 ans, pour les aider après une chute.
En partenariat avec le Gérontopôle des Pays de la Loire, les CHU de Nantes et d’Angers et le groupe LNA Santé, la startup nantaise Smart Macadam a conçu une application d’auto-rééducation de personnes de plus de 65 ans, pour les aider après une chute. (Crédits : Agence B17)

Le Gérontopôle, la startup nantaise Smart Macadam, les CHU de Nantes et d'Angers, LNA Santé... Plusieurs acteurs de la région des Pays de la Loire ont formé un consortium afin de concevoir et d'expérimenter une solution numérique d'auto-rééducation des personnes de plus de 65 ans après une chute. Un projet collectif auquel s'est aussi associé Apple qui a fourni 1.300 montres connectées.

La chute, un véritable enjeu

« Chaque année, en France, plus de deux millions de chutes sont constatées chez les plus de 65 ans entraînant 145.000 hospitalisations. Soit un coût de 2 milliards d'euros, dont 1,5 milliard pour l'assurance maladie. 15.000 à 17.000 chutes mortelles ont lieu chaque année. Il s'agit donc d'un véritable enjeu. Or, aujourd'hui, sans le numérique, il est impossible de proposer une rééducation. Il faut donc innover », introduit le professeur Gilles Berrut, président fondateur et responsable scientifique du Gérontopôle des Pays de la Loire, une association qui œuvre en faveur du bien vieillir, lors d'une conférence de presse le 2 février à Nantes.

Or, le nombre de personnes âgées ne fait que progresser. Et les chutes aussi. Il faut savoir que les six mois qui suivent sont déterminants pour agir sur cinq facteurs : l'appréhension du risque de chute, un sentiment d'insécurité, une démotivation plus ou moins prononcée vis-à-vis de toutes activités, une perte de confiance en soi et l'anxiété.

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« C'est donc un enjeu de santé publique », embraye Laurent Maury, PDG de Smart Macadam (5 personnes, chiffre d'affaires prévisionnel 2024 : 1,2 million d'euros), une startup incubée par Atlanpôle, qui apporte dans ce projet ses connaissances des technologies numériques (il est le fondateur des sites 01net.com, telecharger.com et ancien manager de libe.net) et de l'intelligence artificielle.

Réduire de 30% le risque de chute

Profitant du plan anti-chute gouvernemental de 2022 (qui vise à réduire de 20% le nombre des hospitalisations non programmées, ndlr), le professeur Gilles Berrut et l'entrepreneur Laurent Maury ont imaginé ensemble l'unique solution numérique d'auto-rééducation de personnes de plus de 65 ans après une chute. Cet outil, qui pourrait être commercialisé dès cette année, vise à « réduire de 30% le risque de chute d'un senior ayant déjà chuté ou étant identifié comme une personne à risque », indiquent-ils.

Concrètement, la solution s'articule autour de deux applications pour smartphone, l'une pour la personne âgée qui va l'aider à retrouver une qualité de vie et de marche et l'autre pour le professionnel de santé (médecin et kinésithérapeute) lui permettant de suivre à distance le déroulement d'un programme personnalisé d'auto-rééducation. D'une durée de sept semaines, celui-ci est conçu autour de trois activités quotidiennes (exercices physiques thérapeuthiques adaptés, recommandations concrètes en matière d'hygiène de vie, nombre de pas à effectuer chaque jour et nombre de calories à dépenser). L'écran indique à son utilisateur le pourcentage des activités réalisées ou qui reste à accomplir.

L'Apple Watch va quant à elle permettre de collecter des données de santé et de mobilité du patient. « L'architecture technique a été imaginée afin de protéger la confidentialité des informations collectées », assure Laurent Maury. Selon qui cet outil est « simple » d'utilisation.

« L'interface a été particulièrement travaillée afin de la rendre accessible au plus grand nombre de patients âgés. De même, le vocabulaire choisi est volontairement objectif pour n'être ni infantilisant, ni culpabilisant, le discours étant toujours positif afin d'encourager l'utilisateur sans jamais le blâmer. »

Afin d'aider les utilisateur à s'approprier l'outil, il est prévu en parallèle de produire un manuel d'accompagnement « excessivement pratique », de mettre en place un service d'assistance téléphonique et de lancer une chaîne YouTube pour aider les aidants à comprendre le dispositif. « Pour ces derniers, nous réfléchissons également à une appli miroir », prolonge Laurent Maury. Selon qui ce dispositif médical numérique pourrait être remboursé.

Début des premiers tests

Deux ans après l'idée initiale, le premier prototype de l'application vient de voir le jour. Prochaine étape : deux études qualitatives. Lesquelles seront coordonnées par le CHU de Nantes. Le but est d'évaluer la prise en main de l'application et de tester son niveau d'acceptabilité. Ces tests d'usages débuteront au premier trimestre 2024. L'année prochaine, le CHU de Nantes s'assurera également de la fiabilité de l'algorithme développé pour évaluer le profil de marche des patients en le comparant à des données récoltées lors du suivi classique des patients (test de marche sur tapis).

Le CHU d'Angers est quant à lui impliqué dans la coordination des deux études cliniques. « DIGI-WALK, qui va être lancée cette année, consiste à évaluer l'amélioration des performances de marche », explique Cécile Jaglin, directrice générale de l'établissement. Puis, en 2025, « l'essai clinique DIGI-FALLS, conduit à l'échelle européenne, permettra de mesurer la capacité de l'outil à améliorer le parcours de santé ».

En R&D depuis deux ans, Mementop-Gait s'étalera sur six ans d'études menées auprès de 4.000 personnes et financé à parité par la région Pays de la Loire et Bpifrance, moyennant un budget d'1,7 million d'euros.

« Si l'utilité de cette solution est démontrée, elle deviendra alors la première application certifiée dispositif médical pouvant, de ce fait, être prescrite », conclut Laurent Maury.

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Commentaires 2
à écrit le 06/02/2024 à 10:18
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Toujours cette dépendance au smartphone obligatoire, à l'individu isolé dans une bulle et à des applications parasites bien rémunérateurs !

à écrit le 05/02/2024 à 20:27
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Ben voyons ! Connaissant le pouvoir d'achat des seniors, on va leur refiler nos trucs, avec une marge encore accrue; au nom d'une étiquette "auxiliaire de santé" ?

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