Realcast, Europass, Affluences... comment les startups améliorent l'expérience touristique

La Ville de Paris et l'incubateur Welcome City Lab ont présenté les meilleurs startups françaises dans le tourisme. La Tribune en a sélectionné cinq qui donnent une idée de la manière dont les nouvelles technologies et le numérique peuvent améliorer l'expérience touristique, à la fois pour les professionnels de la filière et pour les visiteurs.
François Manens
La France était encore, en 2016, la principale destination mondial pour les touristes.
La France était encore, en 2016, la principale destination mondial pour les touristes. (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)

Comment voyagera-t-on et comment visitera-t-on demain ? L'enjeu est important pour la France puisque le tourisme représentait 7,2% du PIB national en 2017, et la France accueillait 89 millions de touristes internationaux, un record mondial. Jean-François Martins, adjoint à la maire de Paris chargé du tourisme, explique ce succès par "des siècles d'histoire", et une "volonté de promouvoir l'innovation". La capitale a accueilli, il y a 5 ans, le premier incubateur de startups spécialisé dans le tourisme. Cette volonté d'appuyer l'innovation porte aujourd'hui ses fruits : en voici quelques exemples, significatifs des tendances du marché.

Affluences : des capteurs pour prévoir les files d'attentes

Affluences peut installer des capteurs pour créer de la donnée à partir des entrées et sorties sur un lieu, ou greffer son logiciel à des capteurs déjà existants. Grâce à ces informations, la startup parisienne propose d'indiquer, en temps réel, le temps d'attente pour accéder à cet établissement, ou son taux d'occupation. Elle est également capable de faire de l'analyse prédictive des futurs temps d'attentes, et d'offrir une estimation toutes les 5 minutes. Ces informations sont ensuite accessibles sur l'application gratuite et sans publicité de la startup, ou intégrées à l'application de leur client via des API, au choix de ces derniers. Pour les établissements, c'est l'occasion de fluidifier leurs files d'attente, d'éviter les tensions inutiles, et au final d'améliorer la satisfaction de leurs visiteurs.

Créé en 2014, la startup a eu comme premier client la bibliothèque publique d'information, surchargée par les nombreux étudiants venus réviser et en quête d'une régulation des flux. Puis son service a conquis des musées, dont Orsay et le Louvre, avant que la startup décide de se lancer pour de bon dans le tourisme en 2018. Puisque ce système de mesure d'affluence peut s'adapter à tout lieu, l'entreprise se voit déjà vendre son service à des bars, cafés ou restaurants. Elle espère ainsi développer des synergies : l'étudiant adoptera l'application pour aller réviser à la bibliothèque, mais l'utilisera à nouveau pour sa visite au musée. Affluences revendique 500 000 utilisateurs et s'est déjà implanté à Londres, Rome et Stockholm.

Runnin'City : visiter la ville en courant

L'application Runnin'City, développée par les lyonnais de Mile, propose des parcours de course touristique de 5, 10 ou 20 kilomètres. L'app offre un guidage par GPS vocal, et chaque passage à un point d'intérêt déclenche un petit texte informatif de 15 à 30 secondes, disponible en 4 langues. Petit plus, Runnin'City indique en temps réel l'indice de la qualité de l'air, la présence de travaux ou de points d'eau, grâce aux plateformes d'Open Data proposées par certaines villes, comme Paris.

La plupart des parcours sont sponsorisés par un établissement ou une marque, ce qui permet à l'application d'être gratuite et sans autre pub pour l'utilisateur. Celui-ci peut balayer d'un coup de pouce le sponsor vers le fin bandeau en bas de l'écran, ou bien décider d'accéder rapidement à l'achat de ses services, comme par exemple, une nuité d'hôtel. Il est possible de télécharger l'une des 900 boucles proposée en amont afin de ne pas se ruiner dans un forfait internet à l'étranger. Runnin'City s'adresse en premier lieu aux adeptes de la course en voyage à l'étranger, mais sont accessibles aux locaux.

La startup vient de passer le cap des 3 ans, et démarre 2019 sur les chapeaux de roue. Les co-fondateurs étaient présents au CES 2019, et leur entreprise a récemment intégré le programme d'accompagnement de l'équipementier japonais Asics. Prochain objectif : lever 1,5 millions d'euros et conquérir de nouveaux pays, les États-Unis en tête.

Realcast : la réalité augmentée au service des visites culturelles

Le marché de la réalité virtuelle et augmentée se cherche, tente d'innover, mais souvent maladroitement. Avec du matériel lourd et cher, des graphismes hasardeux, et une barrière à l'utilisation de la technologie, les projets échouent régulièrement. Mais la jeune pousse Realcast parvient à éviter les écueils et à proposer une expérience agréable. Créée par des anciens employés de l'industrie du jeu vidéo, l'entreprise utilise les casques de réalité augmentée Hololens pour créer des mini-jeux interactifs sur mesure, à destination d'établissement culturels. Légers, les casques n'empêchent pas de se mouvoir avec aisance, et ne s'encombrent pas de manettes difficiles d'utilisation, ou de capteurs à installer. Résultat, les mini-jeux peuvent accueillir toute la famille simultanément. Grand-père et petite-fille pourront ainsi collaborer pour remplir les objectifs.

Côté utilisation, les applications de Realcast sont intuitives. La majorité des interactions se font au regard : vous le dirigez vers un objet pendant quelques secondes pour le prendre, puis vous regardez l'endroit où vous souhaitez le déposer pour qu'il y soit transféré. Suffisamment ludique pour attirer les plus jeunes, assez facile d'utilisation pour les plus anciens, Realcast semble avoir trouvé un bon équilibre pour introduire la réalité augmentée dans les lieux culturels. Mais leur dispositif a tout de même des limites. Chaque session peut accueillir plusieurs joueurs, mais faut-il encore les équiper en Hololens, et leur donner assez d'espace pour interagir avec l'environnement. En conséquence, il faut pour l'instant s'armer de patience dans la file pour accéder à leurs animations. Après avoir proposé une chasse aux fantômes au musée du Quai Branly, la jeune startup (18 mois) a investi le château de Chamarande, et continue son développement.

Europass : la passerelle avec la Chine

Les touristes chinois privilégient la France comme destination hors Asie, et dépensent plus que les autres nationalités. Avec une recette moyenne par visiteur chinois à 1647 euros, d'après la Banque de France, la Chine s'est imposée comme la première clientèle non européenne. Or, pour cibler ces touristes toujours plus nombreux, il faut connaître leur écosystème d'application, ce qui n'est pas chose facile. Car pour ces potentiels clients, les géants de la tech ne s'appellent pas Facebook, Google et Apple mais Alibaba, Tencent et Baidu. Faire sa publicité sur WeChat, offrir un paiement via AliPay ou WeChatPay, sont autant d'enjeux qui peuvent permettre de s'attirer cette précieuse clientèle. Et c'est alors qu'Europass entre en scène. La startup intègre à WeChat l'offre e-commerce de billetterie et de shopping de leurs clients. Ils ont par exemple convaincu la RATP, Disneyland Paris, ou encore les villes de Nantes et Toulouse. Ces institutions et établissement proposent désormais un QR code aux visiteurs chinois, afin qu'ils puissent accéder à leurs services sur WeChat simplement en le scannant. La startup se finance avec des commissions sur chaque vente, et espère désormais déployer son offre à d'international.

Blue Valet : des voituriers pour les gares et les aéroports

Les voituriers ne sont plus réservés aux établissements de luxe. Blue Valet propose à ses utilisateurs de confier leur véhicule personnel à un de leur voiturier, qui viendra le chercher sur le dépose-minute de la gare ou de l'aéroport. À son retour, le client retrouvera son véhicule au même endroit, clés en main. Pendant son absence, le véhicule sera garé dans un parking privé à proximité de l'aéroport ou de la gare, et assuré par la startup. Blue Valet veut ainsi se placer en alternative de choix aux parking d'aéroports et de gare, ainsi qu'aux en taxi et VTC. Elle affirme même être 30% moins cher que les parkings, en proposant un prix moyen de 44€ pour trois jours (la durée moyenne d'un voyage d'affaire) de garde du véhicule. Pour l'instant, la startup bordelaise se réserve à une clientèle d'entreprises. Elle leur fournit une plateforme pour gérer toutes les dépenses liées à son service. En un peu plus de 3 ans d'existence, l'entreprise a levé 8,2 millions d'euros, grâce à deux tours de table, dont un à l'été 2018. Elle compte prochainement se développer à l'étranger, alors qu'elle dessert déjà 25 gares et aéroports en France et en Belgique, et emploie plus de 100 personnes.

François Manens

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