WeWork : démission du CEO-fondateur et menace sur un tiers des emplois

Adam Neumann a démissionné ce mardi de son poste de directeur-général de We Company, la startup qu'il a cofondée. Il subit les conséquences d'une tentative d'introduction en Bourse ratée.
François Manens
5.000 employés de WeWork seraient menacés par une procédure de licenciement.
5.000 employés de WeWork seraient menacés par une procédure de licenciement. (Crédits : Brendan McDermid)

En l'espace d'un mois, le fondateur de WeWork Adam Neumann a chuté du statut de président-fondateur de startup bankable à celui de président encombrant poussé vers la sortie. Cette éviction était dans les tuyaux depuis quelques jours, appuyée notamment par l'actionnaire SoftBank, qui détient plus d'un tiers des actions, mais elle ne s'est pas fait attendre. Elle conclut une véritable descente aux enfers pour la startup, valorisée à 47 milliards de dollars en janvier, et à à peine plus de 10 milliards de dollars aujourd'hui.

Introduction en Bourse ratée

Fondée en 2010 à New York, la pépite propose à la location des bureaux partagés, mais se présente également comme "plateforme communautaire". Son objectif : attirer startups et autres travailleurs indépendants toujours plus nombreux dans la nouvelle économie. Le couple Neumann, Adam et Rebekha ont cofondé l'entreprise avec Miguel McKelvey et le premier en a pris sa direction. Excentrique, le directeur-général a été décrié pour ses penchants pour la drogue et l'alcool, et s'est illustré en affirmant vouloir devenir président des États-Unis.

Sa démission a été provoquée par la présentation du dossier d'entrée en Bourse de la startup, qui a fait couler beaucoup d'encre. We Company a exposé un déficit de 1,6 milliard de dollars sur l'année 2018, pour un chiffre d'affaires de seulement 1,82 milliard de dollars. Surtout, ces deux chiffres grandissent au même rythme, suggérant que le passage à l'échelle ne permet pas de stabiliser le modèle économique de l'entreprise. Cerise sur le gâteau, ces documents ont révélé l'échange des droits sur la marque "We" de Adam Neumann à sa propre entreprise contre six millions de dollars en actions. Il a depuis annulé cette opération.

Lire aussi : Dans la tourmente, WeWork pourrait évincer son patron controversé

Le spectre d'Uber

Désormais, les investisseurs évoquent de potentiels licenciements pour réduire les dépenses. Cette décision pourrait affecter 5.000 employés, soit plus d'un tiers des effectifs de la jeune pousse. Cette trajectoire rappelle celle d'Uber : la startup de VTC a exposé ses lourdes pertes, perdu en valorisation et effectué deux tours de licenciements depuis son introduction en Bourse en mai. Et en 2016, elle avait également évincé son fondateur, Travis Kalanick, alors qu'elle visait déjà Wall Street. Pour compléter ce comparatif, les deux entreprises ont reçu près de 10 milliards de dollars d'investissements de la part du Vision Fund de SoftBank.

Résultat de cette descente aux enfers, l'introduction en Bourse de We Company est repoussée jusqu'à nouvel ordre : au moins jusqu'à octobre, voire même à l'an prochain d'après crunchbase. La direction du groupe va être assurée par Sebastian Gunningham et Artie Minson, deux dirigeants qui occupaient d'autres fonctions dans le groupe. Adam et Rebekah Neumann (qui était directrice marketing) ont tous deux quitté leurs fonctions, mais ils gardent leurs sièges au conseil d'administration de We Company.

François Manens

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Commentaire 1
à écrit le 26/09/2019 à 8:48
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Spéculation, récession.

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