Comment Washington tente de riposter aux fuites sur WikiLeaks

La Maison blanche ordonne un renforcement des procédures de sécurité dans les services gouvernementaux. Mais cela suffira-t-il après la diffusion de centaines de milliers d'informations confidentielles par le site WikiLeaks ?
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La Maison blanche a ordonné lundi un renforcement des procédures de sécurité dans les services gouvernementaux et déclenché une enquête sur la divulgation massive de câbles diplomatiques du département d'Etat via le site WikiLeaks.

La diffusion par cinq titres de la presse mondiale d'une partie des 250.000 documents diplomatiques américains que leur a communiqués le site WikiLeaks a jeté une lumière crue sur les coulisses de la diplomatie américaine, en mettant dans l'embarras Washington et certains de ses alliés.

Cité par le New York Times, l'un des messages avance que l'Iran a acquis auprès de la Corée du Nord des missiles de technologie avancée lui permettant d'atteindre l'Europe occidentale.

Dans une communication confidentielle entre Washington et l'ambassade des Etats-Unis à Ryad citée par le Guardian, on apprend que le roi Abdallah d'Arabie saoudite a plusieurs fois exhorté Washington à lancer des frappes contre le programme nucléaire de l'Iran afin de "couper la tête du serpent".

Les fuites comportent des commentaires peu "diplomatiques" sur de nombreux dirigeants du monde.

WIKILEAKS ET SES SOURCES QUALIFIÉS DE CRIMINELS

La Maison blanche a condamné dimanche un "acte irréfléchi et dangereux" mettant des vies en péril et pouvant porter atteinte à des pays amis. Lundi, elle a qualifié de criminels le site WikiLeaks et ceux qui lui ont transmis les documents.

La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a déclaré à des journalistes que "les Etats-Unis déplorent profondément la divulgation de toute information censée être confidentielle, notamment d'entretiens privés entre homologues ou d'avis personnels et d'observations de nos diplomates".

Sans commenter directement les télégrammes diffusés, Clinton a souligné que Washington prendrait des mesures vigoureuses pour que ceux qui les ont "volés" rendent compte de leurs actes.

La Maison blanche, le Pentagone et le département d'Etat ont entrepris de renforcer les procédures pour sécuriser les documents secrets. Selon la présidence, on devra notamment veiller à ce que "les utilisateurs n'aient pas un accès plus large que nécessaire à leurs missions effectives" et restreignent le traitement des documents classés.

L'Attorney General (ministre de la Justice) Eric Holder a annoncé qu'une enquête criminelle était activement menée pour déterminer l'origine des fuites de WikiLeaks et que toute personne qui pourrait être responsable d'atteinte à la législation américaine serait poursuivie.

WikiLeaks avait déjà divulgué des documents confidentiels américains sur l'Irak et l'Afghanistan. L'origine exacte de la fuite reste à déterminer, mais les soupçons de Washington se concentrent sur le soldat Bradley Manning, ancien analyste de données de l'armée américaine en Irak, qui est en détention.

LA FRANCE PRÊTE À COOPÉRER AVEC LES USA

Les documents, dont la plupart datent de 2007 ou d'après, révèlent des allégations américaines selon lesquelles le bureau politique du PC chinois a ordonné une intrusion dans les systèmes informatiques de Google, dans le cadre d'une campagne de sabotage, rapporte le Times.

Le Monde dit avoir pu étudier avec les autres journaux 251.287 documents diplomatiques, portant à 90% sur la période 2004-2010, dont 16.652 classés secret et 101.748 classés confidentiel. Aucun document "top secret" ne figure dans le lot.

Selon le journal français, certaines directives adressées aux ambassades montrent qu'il est demandé aux diplomates américains de se procurer les données personnelles et même l'ADN de divers diplomates et dignitaires étrangers, dirigeants de l'Onu, militants d'ONG, à des fins de renseignement.

La chancelière allemande Angela Merkel est ainsi qualifiée de dirigeante qui évite de prendre de risques et manque souvent d'imagination. Le président français Nicolas Sarkozy est décrit comme une personnalité susceptible et autoritaire, et le président du Conseil italien Silvio Berlusconi de dirigeant incapable et inefficace.

La France s'est dite prête lundi à travailler avec les Etats-Unis sur les conséquences diplomatiques des fuites. L'Elysée a refusé de réagir à la diffusion de ces notes et le Quai d'Orsay n'a confirmé "aucun des propos" attribués à ses dirigeants dans les documents divulgués.

En Iran, le président Mahmoud Ahmadinejad a affirmé lundi que la fuite avait été organisée par Washington et n'aurait "aucun impact" sur les relations de Téhéran avec ses voisins, bien que des documents témoignent de l'hostilité de certains pays arabes à son égard.

De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a estimé que les révélations de WikiLeaks justifiaient le fait que l'Etat juif considère l'Iran comme la principale menace pour la paix dans la région.

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Commentaires 3
à écrit le 01/12/2010 à 14:37
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Mais il est des mensonges connus qu'il vaut mieux taire, tout le monde sait cela. Nous savons tous que le Père Noel existe.

à écrit le 30/11/2010 à 9:44
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Il n'y a que la vérité qui blesse, et qu'est-ce qui est le plus important : l'identité des dénonciateurs ou la véracité des informations ? Au vu des réactions des dirigeants je penche nettement pour la seconde proposition. Si les dirigeants en questi...

à écrit le 30/11/2010 à 9:43
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Il n'y a que la vérité qui blesse, et qu'est-ce qui est le plus important : l'identité des dénonciateurs ou la véracité des informations ? Au vu des réactions des dirigeants je penche nettement pour la seconde proposition. Si les dirigeants en questi...

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