Publicité en ligne : le plan de Criteo pour revenir dans le jeu face à Google, Facebook et Amazon

En panne de croissance, Criteo est contraint de lancer de nouvelles solutions pour séduire les annonceurs. Le français spécialiste du ciblage publicitaire va déployer une nouvelle plateforme en Europe, dédiée au "retail media". Cette pratique permet aux marques d'insérer des publicités pour sponsoriser leurs produits directement dans des sites de distributeurs. Une technique largement utilisée par Amazon pour sa lucrative régie publicitaire.
Anaïs Cherif
(Crédits : DR)

Toujours en panne de croissance, Criteo cherche à se diversifier. Désormais, le spécialiste français du ciblage publicitaire mise sur le "retail media". L'objectif : s'éloigner de son cœur de métier historique, le "retargeting" - le reciblage publicitaire, qui est de plus en plus critiqué pour son côté intrusif et peu rspectueux de la vie privée- pour proposer une plateforme publicitaire à part entière.

Après un premier lancement aux Etats-Unis et au Canada en mai, le groupe a annoncé ce mardi le déploiement en Europe de cette nouvelle plateforme entièrement dédiée au "retail media". Concrètement, cette pratique permet aux marques de placer des publicités ciblées pour sponsoriser leurs produits directement sur les sites de distributeurs. Les produits sponsorisés apparaissent ainsi parmi les premiers résultats de recherches des internautes lorsqu'ils naviguent sur les sites de distributeurs.

L'idée : transformer une publicité en achat direct, sans avoir à sortir de la plateforme pour consulter d'autres sites. A date, Criteo revendique dans son écosystème 1.000 annonceurs (Levi's, Disney, Mattel, Samsung, Procter & Gamble, L'Oréal...) et 100 distributeurs partenaires (Fnac-Darty, La Redoute, Auchan, le géant américain Target, Costco...) dans le monde.

Criteo pub sponso

[Légende : exemple de publicité sponsorisée, permise par Criteo Retail Media]

Le retail media, la recette gagnante d'Amazon

Or, c'est sur ce concept qu'Amazon a bâti sa puissante régie publicitaire. Contrairement à Facebook ou Google, qui proposent des publicités ciblées principalement sur leurs propres plateformes, l'ogre du e-commerce permet aux marques de faire de la publicité directement sur son site... là où les internautes sont déjà prêts à sortir le porte-monnaie - contrairement à Google et Facebook, où un internaute peut simplement chercher des informations sur un produit, avant de passer à l'achat sur un site dédié.

Grâce à cette recette gagnante, l'ogre du e-commerce est devenu en seulement quelques années numéro 3 sur le marché de la publicité en ligne aux Etats-Unis, derrière le duopole Google-Facebook.

"Le retail media est le futur de l'ad tech", a affirmé ce mardi matin lors d'une visioconférence Geoffroy Martin, responsable de la division retail media de Criteo, en estimant le marché entre 15 à 25 milliards de dollars dans le monde. "Après Amazon, nous avons été un des pionniers sur ce secteur. Le lancement de notre plateforme va concrétiser et accélérer cet élan."

Lire aussi : Publicité : Amazon peut-il s'imposer face à Google et Facebook ?

Rationaliser les dépenses publicitaires des marques

Cette nouvelle plateforme va donc servir d'intermédiaire, en permettant aux marques de créer des campagnes publicitaires directement sur des sites de distributeurs en quelques clics. Les marques peuvent ainsi choisir le budget alloué, les visuels, les différents formats de produits sponsorisés et publicités, le ciblage des audiences... Elles peuvent aussi consulter et mesurer précisément les performances de leur campagne publicitaire, de sorte à les modifier si nécessaire. La promesse : proposer aux marques une interface unique pour gérer facilement, de A à Z, leurs campagnes publicitaires en ligne.

"Pour les marques, le retail media permet d'atteindre de grandes audiences, sans avoir recours à des cookies tiers et en liant directement les dépenses publicitaires aux résultats des ventes", précise Geoffroy Martin.

Un argument primordial en cette période de crise liée au coronavirus. Dans ce contexte économique difficile, certaines entreprises et marques vont devoir réajuster parfois à la baisse leur budget marketing, tout en ciblant davantage leurs audiences pour rentabiliser leurs investissements. "Les équipes marketing au sein des marques ont toujours eu cette logique de rendement", selon le responsable retail media de Criteo. Mais plus que jamais, elles devront être capable "de fournir beaucoup de données à leurs dirigeants pour démontrer que chaque dollar investi dans la publicité en ligne a été rentable" en terme de conversion.

Criteo, toujours malmené en Bourse

Cette annonce intervient alors que Criteo connaît une stagnation de son chiffre d'affaires depuis trois ans, s'élevant à 2,3 milliards de dollars en 2019. En cause : un ralentissement de son activité principale de "retargeting". C'est pourquoi le groupe a engagé un vaste plan de transformation de son activité, comprenant le retail media.

Il s'est lancé sur ce secteur dès 2016, avec le rachat de l'entreprise américaine Hooklogik pour 250 millions de dollars. Le groupe a ensuite mis la main en 2018 sur une deuxième entreprise spécialisée sur le sujet, avec le rachat du français Storeretail, pour un montant non communiqué. Ce qui a donné naissance à une division retail media au sein de Criteo courant 2019, qui comprend aujourd'hui environ 300 employés sur les 2.700 que comptent le groupe dans le monde.

Sur les six premiers mois de l'année, le groupe estime à 100 millions de dollars l'impact de la crise provoquée par la pandémie du coronavirus sur ses résultats. Dans le détail, il accuse d'un recul de son bénéfice net de 23% sur un an au cours du premier trimestre (16 millions de dollars), puis de 51% au cours du deuxième trimestre (6 millions de dollars).

Coté à Wall Street, le groupe français voit donc son cours de Bourse évoluer à ses pires niveaux historiques depuis le début de l'année. Introduit au Nasdaq en novembre 2013 à 34 dollars l'action, le titre a grimpé jusqu'à 55 dollars en mai 2017, avant de plonger à 7 dollars en mars, se prenant de plein fouet la crise du coronavirus. Si le titre a repassé la barre des 12 dollars, sa valorisation avoisine désormais les 760 millions de dollars - contre 1,23 milliard de dollars il y a encore un an.

Lire aussi : En quête d'un second souffle, Criteo investit 20 millions dans l'IA en France

Anaïs Cherif

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