Face à l'effondrement de Twitter (X), les alternatives tardent à s'imposer

Twitter s'appelle désormais X, et il ne s'est jamais porté aussi mal, tant financièrement que techniquement. La situation semble donc idéale pour qu'un concurrent profite du mécontentement des utilisateurs du réseau social. Problème : ni Threads, ni Mastodon, ni Bluesky ne semblent prêts à profiter de l'opportunité qui se présente.
François Manens
Twitter n'est plus, qui pourra reprendre son flambeau ?
Twitter n'est plus, qui pourra reprendre son flambeau ? (Crédits : CARLOS BARRIA)

La transformation de Twitter en X au début du mois d'août n'a fait qu'accélérer son effondrement. Longtemps considéré comme le réseau social le plus influent au monde, il subit aujourd'hui les conséquences de la brutale méthode Elon Musk. Arrivé fin octobre 2022, le milliardaire a rapidement licencié plus de 80% des salariés de l'entreprise, et il n'hésite pas à imposer des changements d'ampleur, décidés au doigt mouillé. Résultat, l'expérience utilisateur de la plateforme se dégrade quotidiennement.

Sous différents prétextes, la plateforme a limité le nombre de publications visibles, puis le nombre de messages envoyés par jour. Dernier bug en date : bon nombre de liens datés d'avant décembre 2014, dont certains célèbres comme le selfie aux Oscars, ne fonctionnent plus. Pour certains utilisateurs, cette dégradation constante du service est le signe qu'ils doivent passer à autre chose. D'autres pointent du doigt le virage politique de X pour justifier leurs envies d'ailleurs, Elon Musk s'imposant comme un relais de la droite dure américaine. Problème : les alternatives à Twitter ne sont toujours pas en réelle capacité d'accueillir cet exode.

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Threads, le Twitter à la sauce Facebook

Lancé début juillet, Threads s'est immédiatement imposé comme la principale menace pour X. Développée par Meta, cette copie de Twitter a explosé les records avec plus de 100 millions d'utilisateurs en cinq jours, en grande partie grâce à sa synergie avec Instagram et ses deux milliards d'utilisateurs. Mais après ce départ en boulet de canon, la trajectoire de croissance a connu un coup d'arrêt. Un mois plus tard, l'app ne réunit que 124 millions de téléchargement, en partie car elle n'est toujours pas disponible pour les utilisateurs de l'Union européenne.

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D'après Similarweb, le réseau social ne comptait début août qu'à peine 10,3 millions d'utilisateurs actifs quotidiennement, soit seulement 8,3% des inscrits. Si ce chiffre reste bien supérieur à celui des autres alternatives à Twitter, il expose la difficulté à créer un réseau social de masse. A l'heure actuelle, les utilisateurs critiquent la trop forte visibilité des entreprises sur le réseau social par rapport aux autres utilisateurs lambda. Malgré ce premier faux-pas, Threads a le potentiel pour accueillir l'exode de Twitter, car il profite de la puissance de Meta, qui dispose d'une infrastructure et d'une base d'utilisateurs sans égal dans le monde des réseaux sociaux.

Mastodon, l'éternel concurrent sous-dimensionné

Lancé en 2016, Mastodon est le concurrent historique de Twitter. Mais si son interface en est inspirée, son fonctionnement diffère. Réseau social entièrement décentralisé, il exige de ses utilisateurs qu'ils rejoignent des serveurs -tenus bénévolement, avec des règles de modération propres- pour engager des discussions. Et ces derniers peuvent s'avérer difficiles à trouver.

Lors de l'arrivée d'Elon Musk à la tête de Twitter en 2022, la première vague d'exode, composée de deux millions de personnes, s'est naturellement tournée vers Mastodon qui ne comptait alors qu'à peine 500.000 utilisateurs. Mais ces nouveaux arrivants ne sont pour la plupart pas restés : le système à serveur multiple rend les premiers pas sur le réseau social trop complexe pour les néophytes, bien loin du prêt à l'utilisation des réseaux de masse. En conséquence : si certaines communautés -notamment issues du monde de la tech- ont adopté la plateforme, elle peine à convaincre les masses.

Bluesky, un challenger en retard

Le dernier challenger entré en scène, Bluesky, se rapproche le plus de Twitter, tant dans son interface que dans son fonctionnement (malgré des éléments de décentralisation à la Mastodon). Et pour cause : il était à l'origine un projet interne de Twitter par la suite externalisé, et le cofondateur emblématique du réseau à l'oiseau bleu, Jack Dorsey, figure à son conseil d'administration.

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Lancé début 2023, Bluesky reste encore aujourd'hui accessible uniquement sur invitation, lancées par vagues régulières. Autrement dit, bien que les premiers utilisateurs soient satisfaits de son fonctionnement, certains s'en désintéressent, faute à la trop faible population. Autre problème : le réseau social n'est accessible qu'en anglais, ce qui reste un frein à son adoption dans certains pays dans la France. Bref : Bluesky semble avoir les atouts pour profiter de la chute de X, mais il ne sera peut-être pas prêt à temps.

La fin du microblogging ?

Comme le suggère The Verge, si l'effondrement de Twitter peut mener à l'avènement d'une nouvelle plateforme de microblogging, il peut aussi mener à la disparition du genre, du moins comme média de masse. Le principe de Twitter -une gigantesque plateforme où n'importe qui peut s'adresser à n'importe qui sans véritable barrière- a séduit les plus hautes sphères de pouvoir, mais il n'a jamais permis à l'entreprise de transformer son succès en rentabilité financière.

En parallèle, un nouveau modèle de réseau social s'est imposé, sous l'influence de TikTok, rapidement copié par YouTube (avec les Shorts) et Instagram (avec les Reels). L'heure est aux vidéos courtes, et la discussion entre utilisateurs se fait dans les espaces de commentaire, ou par vidéos interposées. Les réseaux sociaux qui laissent place à la discussion textuelle, comme Discord, suivent des modèles fermés, où l'utilisateur doit chercher les espaces de discussions pour interagir. Quant à l'hypothèse d'une renaissance de X sous la forme d'une « super app » similaire à WeChat, elle s'éloigne de jour en jour...

François Manens

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Commentaires 2
à écrit le 22/08/2023 à 8:52
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Si est ce qu on en a à cirer des réseaux sociaux.. il y a bien plus importants comme sujet dans la vie et dans le monde que sa mise en scène narcissique ou de jouer les concierges patati et patata…

le 22/08/2023 à 11:51
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Surtout que ces réseaux n'ont jamais rien eu de "sociaux"

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