Google : coup d'envoi du procès antitrust historique aux Etats-Unis

Le grand procès portant sur les pratiques anti-concurrentielles de Google s'ouvre aux Etats-Unis ce mardi. Le géant est accusé par le gouvernement d'avoir bâti une écrasante domination sur des contrats d'exclusivité. L'entreprise assure que son succès tient à ses réussites technologiques, avec en toile de fond le risque d'un éventuel démantèlement d'une partie du géant technologique.
« Cette affaire aura une forte incidence sur la manière dont les plateformes technologiques fonctionneront à l'avenir », prédit auprès de l'AFP John Lopatka, professeur de droit à la Penn State's School of Law.
« Cette affaire aura une forte incidence sur la manière dont les plateformes technologiques fonctionneront à l'avenir », prédit auprès de l'AFP John Lopatka, professeur de droit à la Penn State's School of Law. (Crédits : ANNEGRET HILSE)

A Washington, un procès historique de dix semaines s'ouvre aux Etats-Unis contre Google, sur fond d'accusations de position dominante de son célèbre moteur de recherche. Au cours de ce procès marathon, des dizaines de témoins seront appelés à la barre. Ce test paraît crucial pour le gouvernement de Joe Biden, qui s'est érigé en champion du droit de la concurrence, mais peine à convaincre les tribunaux.

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« Ce dossier porte sur l'avenir d'internet, et sur la question de savoir si Google aura jamais, face à lui, de la concurrence significative dans la recherche », a dit, en ouverture, le représentant du ministère public, Kenneth Dintzer.

Les éléments présentés par le gouvernement américain « montreront que Google a trompé l'opinion » et qu'il « a caché des documents qu'il savait en violation de la loi antitrust », a-t-il asséné. Ce dernier a montré au tribunal une présentation réalisée en 2007 par un ingénieur de Google et dans laquelle il vante les contrats garantissant l'installation du moteur de recherche par défaut, présentés comme « une arme stratégique puissante ».

Dans le détail, le procès s'intéressera essentiellement aux contrats d'exclusivité passés entre Google et des fabricants d'appareils (comme Apple et Samsung), des opérateurs de téléphonie mobile (comme T-Mobile ou AT&T) et d'autres entreprises (comme Mozilla). D'après le gouvernement américain, ces accords n'ont pas laissé de place aux concurrents de Google pour rivaliser.

90% du marché de la recherche en ligne

En dehors de Yahoo à ses débuts, avant d'être rapidement évincé de la course, Google s'est toujours taillé la part du lion avec plus de 90% de marché de la recherche en ligne. Son outil semble désormais indétrônable. Même lorsque son concurrent Microsoft a proposé un outil d'intelligence artificielle inédit dans son moteur de recherche Bing, le quasi-monopole de Google n'a pas bougé.

« Notre succès est mérité », a vanté Kent Walker, directeur juridique d'Alphabet, la maison mère de Google, dans une déclaration officielle. « Les gens n'utilisent pas Google parce qu'ils n'ont pas le choix mais parce qu'ils le veulent. Il est facile de changer de moteur de recherche par défaut, on n'est plus à l'époque des modems et des CD-ROM ».

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C'est donc le plus important procès antitrust contre un mastodonte technologique qui s'ouvre. Le dernier en date étant celui contre Microsoft, il y a plus de vingt ans, à propos de la domination du système d'exploitation Windows. Google était alors « la coqueluche de la Silicon Valley en tant que startup pugnace qui proposait un moyen novateur de faire des recherches sur l'internet naissant », a expliqué le ministère dans sa plainte.

Google risque gros

« Ce Google a disparu depuis longtemps », assène-t-il. Lancées en 1998, les poursuites de Washington contre Microsoft s'étaient terminées par un accord en 2001, après qu'une cour d'appel a annulé une décision ordonnant la scission de l'entreprise. Des dizaines d'États américains, le Colorado en tête, se sont également joints à la bataille. Même si le juge a rejeté certains de leurs arguments avant le procès - ils accusaient notamment Google d'avoir illégalement déclassé des sites tels que Yelp et Expedia.

Google risque gros. Si dans quelques mois le juge fédéral tranche en faveur des Etats-Unis, le groupe risque d'être forcé de se séparer de certaines activités pour l'obliger à changer ses méthodes ou de renoncer à passer des contrats d'installation par défaut. En Europe, il a déjà été condamné à des amendes de plus de 8,2 milliards d'euros pour diverses infractions au droit de la concurrence, bien que certaines de ces décisions fassent l'objet d'un appel.

L'enjeu est aussi de taille pour le gouvernement de Joe Biden. Les poursuites ont été lancées en 2020 par l'administration de Donald Trump, mais le président démocrate a mis un point d'honneur à défier les géants de la tech, sans beaucoup d'effet jusqu'à présent. En juillet, l'autorité américaine de la concurrence, la FTC, a suspendu sa procédure pour bloquer l'acquisition de l'éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard par Microsoft, après une série de revers judiciaires.

En janvier, le ministère de la Justice a déposé une autre plainte contre Google au sujet de son activité publicitaire. Le procès pourrait avoir lieu l'année prochaine.

(Avec AFP)

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