Salesforce part à l'assaut du marché du cloud français

Le leader mondial des applications de gestion de la relation client, ou CRM, prévoit d'investir 3,5 milliards de dollars - 3,14 milliards d'euros - sur cinq ans et créer 200.00 emplois directs et surtout indirects dans l'Hexagone.
Sylvain Rolland
(Crédits : Unsplash /Austin Distel)

Salesforce n'en finit plus de s'étendre en France. Alors que son précédent plan d'investissement dans l'Hexagone -2,2 milliards d'euros sur cinq ans- s'approche de son terme, le champion mondial des logiciels de relation client -CRM- a annoncé une rallonge de 3,5 milliards de dollars -3,14 milliards d'euros- pour les cinq prochaines années.

L'objectif : étendre sa présence à Paris -via une extension "considérable" de sa surface de bureaux- et recruter en masse dans la capitale mais aussi à Lyon, Nantes ou encore Grenoble, où l'entreprise a ouvert des bureaux. Au total, Salesforce espère générer 200.000 emplois en France d'ici à 5 ans, à la fois de manière directe mais surtout indirecte, via son écosystème de clients et de partenaires. L'entreprise américaine, qui a inauguré son premier datacenter en France en 2016, souhaite également investir massivement dans son offre d'infrastructures, pour permettre à ses clients de traiter et de stocker leurs données dans l'Union européenne.

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Une croissance digne d'une startup

Créée en 1999 à San Francisco, Salesforce est aujourd'hui un vrai géant du numérique. Son credo : la valorisation des données, à travers des logiciels disponibles dans le cloud via des abonnements (ou SaaS pour software as a service). Ses nombreuses acquisitions ces dernières années, notamment Tableau Software en 2019 et surtout la messagerie d'entreprise Slack en 2020, visent toutes à améliorer ses services et à consolider, brique après brique, un géant de la data, en proposant pour tous les corps de métier dans l'entreprise les outils dont ils ont besoin, sur tous les supports et via de nombreuses interfaces.

L'offre de Salesforce se divise ainsi en plusieurs grands segments : Sales Cloud pour la gestion des ventes, Marketing Cloud pour celle des campagnes marketing, Service Cloud pour le service client, et Commerce Cloud pour la gestion des différents canaux de vente en ligne. L'entreprise a également développé Hyperforce, une déclinaison de son architecture, conçue dans le but de rendre sa plateforme globale Salesforce Custimer 360 accessible via les "hyperscalers" Amazon Web Services, Microsoft Azure, Google Cloud ou encore Alibaba, qui fournissent les infrastructures cloud sur lesquelles se greffent les plateformes et les services. Cette offre est également disponible en France depuis peu, ce qui permet à Salesforce d'intégrer ses solutions dans le cloud d'AWS, par exemple.

L'accélération de la transformation numérique dans tous les secteurs de l'économie, permet à Salesforce d'afficher des taux de croissance digne d'une startup. En 2021, le géant du CRM a réalisé un chiffre d'affaires de 26,5 milliards de dollars, en hausse de 25% sur un an. Et la dynamique devrait se poursuivre : l'entreprise cofondée et dirigée par Marc Benioff vise 32 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2022. De quoi consolider sa position de leader mondial du CRM avec 20% de parts du marché actuellement. Loin devant ses concurrents SAP (12,1 %), Oracle (9,1 %) et Microsoft (6,2 %).

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S'étendre au-delà du CRM

Pionnière dans le management -Salesforce a profité du Covid-19 pour généraliser le télétravail et même le travail à distance partout où ses salariés le souhaitent,- et trustant habituellement le haut du classement des entreprises où il fait bon travailler -1er en 2021 du classement Great Place to Work-, Salesforce mise depuis longtemps sur les acquisitions de pépites du cloud pour asseoir sa domination. En 20 ans, il en réalisé une soixantaine.

Mais leur ampleur devient de plus en plus importante. En juin 2019, Salesforce avait surpris en achetant, pour la somme astronomique de 15,7 milliards de dollars, la plateforme de visualisation des données Tableau Software. Cette pépite peu connue du grand public était pourtant un mastodonte de la datavisualisation et affichait juste avant son acquisition pas moins de 86.000 clients dont Netflix, PSA ou encore Criteo. Un achat majeur et très stratégique pour consolider son offre de services (*)

Un an et demi plus tard, fin 2020, Salesforce cassait à nouveau sa tirelire : 27,7 milliards de dollars pour mettre la main sur Slack, pour ce qui reste à ce jour la plus grosse acquisition de son histoire. Une manière de rivaliser avec son concurrent Microsoft, qui a gagné de la traction commerciale depuis le Covid-19 grâce à sa plateforme d'échanges sécurisés Teams.

La stratégie est claire : intégrer Slack dans toutes les offres cloud de Salesforce, pour transformer l'entreprise en un « hub » rassemblant les différentes données, outils, et conversations de ses clients. L'enjeu : sortir de sa mine d'or sur le CRM pour devenir un puissant acteur global du cloud pour les entreprises, un domaine où son principal concurrent est un Microsoft en pleine ascension grâce à la diversité de ses offres.

(*) Salesforce ne communique pas sur son nombre de clients.

Sylvain Rolland

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