« Tester, tester, tester. » Outre le manque de réactifs, la nouvelle doctrine gouvernementale en matière de dépistage du coronavirus risque de se heurter à un autre écueil : la course contre la montre. Explication. Entre l'acheminement d'un échantillon jusqu'à un laboratoire, son analyse et la délivrance du résultat, il s'écoule souvent deux à trois jours durant lesquels un patient positif est laissé dans la nature avec le risque qu'il contamine ses proches.
Du chien à l'homme
Une biotech caennaise pourrait bien avoir trouvé la parade. Experte dans l'analyse de l'ADN, Loop Dee Science a transposé au Covid-19 une technologie d'amplification moléculaire qu'elle avait initialement développé à des fins vétérinaires pour dépister le Sida du chat et... le coronavirus du chien. Elle a conçu une sorte de mini-laboratoire portatif et un kit de diagnostic capable de détecter la présence de l'ARN du virus en trente minutes. Le tout directement au chevet du patient.
Actuellement testé sur une cohorte de mille personnes avec la complicité du service de virologie du CHU de Caen lui même expert en coronavirus, la méthode a donné d'excellents résultats lors des essais théoriques « équivalents à ceux des tests PCR tels qu'ils sont réalisés aujourd'hui », assure Stefan Gallard, l'un des co-fondateurs de la société.
Un procédé gagnant-gagnant
Outre sa rapidité et son coût très raisonnable - moins de 1.000 euros par appareil et moins de 30 euros par diagnostic -, le procédé présente un autre intérêt. Il utilise un mix de réactifs produits en Europe pour lesquels il n'existe aucun risque de pénurie. De quoi aiguiser l'intérêt de l'Institut Pasteur qui vient de lancer une étude dans l'idée de transférer la véloce technologie caennaise sur les énormes thermocycleurs qu'utilisent les laboratoires de référence pour analyser les échantillons naso-pharyngés. Avec à la clef, possiblement, un important gain de temps... et d'argent.
En attendant, Loop Dee Science continue de plancher sur l'industrialisation de son appareil. S'il obtient le feu vert des autorités sanitaires, ce qui en France ne relève pas de la promenade de santé, le LoopX sera fabriqué par Eldim, une autre PME normande, qui fournit à Apple le système de reconnaissance faciale de l'iPhone X. Les premiers exemplaires pourraient être livrés dans le courant du mois de mai.
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