Sony renonce à lancer un géant du streaming en Inde

Après deux années marquées par des négociations tendues entre les deux parties, Sony a annoncé avoir renoncé au projet de fusion en Inde entre sa filiale locale et le géant indien des médias Zee Entertainment Enterprises.
Selon des informations de médias, Sony voyait d'un mauvais œil la baisse des résultats financiers de Zee depuis l'annonce de la fusion.
Selon des informations de médias, Sony voyait d'un mauvais œil la baisse des résultats financiers de Zee depuis l'annonce de la fusion. (Crédits : DADO RUVIC)

Netflix n'aura finalement pas de nouveau concurrent sur ses traces en Inde. La filiale indienne de Sony et Zee Entertainment, avaient annoncé fin 2021 leur intention de fusionner pour créer un géant du divertissement dans le pays, capable de rivaliser avec les leaders du streaming et valorisé autour de 10 milliards de dollars.

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Pour Sony, les conditions de l'accord « n'ont pas été remplies », Zee se défend bec et ongles

Mais les conditions de cet accord « n'ont pas été remplies » avant la date limite fixée, écrit le groupe japonais dans un communiqué. Selon des informations de médias, il voyait d'un mauvais œil la baisse des résultats financiers de Zee depuis l'annonce de la fusion. Pour sa part, Zee Entertainment a signalé dans un communiqué avoir été informé par Sony de sa décision, indiquant que le japonais lui demandait 90 millions de dollars de frais de résiliation « en raison de violations présumées des conditions de l'accord ».

Le groupe indien « réfute catégoriquement toutes les revendications et affirmations » de Sony et « prendra toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder les intérêts » de ses parties prenantes, « y compris en engageant les actions juridiques appropriées », a-t-il martelé.

La réputation sulfureuse du patron de Zee a refroidi Sony

Selon les termes de l'accord initial, Sony devait prendre la majorité du capital du nouvel ensemble (50,86%), appelé à être coté en Bourse en Inde, tandis que la famille fondatrice de Zee devait en détenir environ 4%. L'accord prévoyait aussi que Punit Goenka, patron de Zee et fils aîné de son fondateur, prenne la tête du nouvel ensemble.

Sony a aussi changé d'avis notamment en raison de la réputation de plus en plus sulfureuse de Punit Goenka, qui fait l'objet d'une enquête de l'autorité financière indienne sur des accusations d'abus de biens sociaux.

Le responsable « avait accepté de se retirer dans l'intérêt de la fusion », a souligné Zee Entertainment lundi. Le groupe souhaitait cependant qu'un processus indépendant soit mis en place pour trouver un directeur général du nouvel ensemble. De son côté, Sony souhaitait placer N.P. Singh, le patron de sa filiale indienne, aux commandes.

« L'accord que j'ai passé deux ans à envisager et à travailler est tombé à l'eau, en dépit de mes efforts les plus honnêtes », a réagi le patron de Zee sur le réseau social X.

Selon le quotidien indien The Economic Times, Sony avait aussi été irrité de ne pas avoir été mis dans la boucle d'un accord de licence stratégique pour la diffusion de matchs de cricket signé par Zee auprès de Disney en 2022 pour environ 1,5 milliard de dollars.

L'entreprise japonaise a précisé dans son communiqué que l'impact de l'éventuelle acquisition n'avait pas été incorporé dans ses prévisions de résultats financiers pour l'exercice qui se terminera le 31 mars, et que le groupe ne prévoyait donc pas de répercussions sur ses estimations. Zee, en revanche, va « devoir revoir sa copie » après avoir tablé sur un succès de cette fusion, a commenté l'analyste Vivekanand Subbaraman de Ambit Capital, interrogé par l'AFP, car « Sony allait injecter 1,3 milliard de dollars dans la fusion », souligne-t-il.

Disney est en embuscade

Le marché indien du divertissement, qui représente des dizaines de milliards de dollars, est déjà l'un des plus importants au monde, et devrait continuer à se développer dans les années à venir avec l'adoption massive des smartphones. L'échec de l'accord va rendre Sony et Zee plus vulnérables, à un moment où l'indien Reliance, dirigé par le magnat asiatique Mukesh Ambani, négocie une fusion avec l'unité indienne de Disney, selon des informations de l'agence Bloomberg.

Début 2023, Disney+ avait annoncé une chute du nombre de ses abonnés dans le monde pour la première fois, principalement à cause du marché indien.

Netflix retire un film à succès après des pressions des militants hindous

Un film populaire indien, « Annapoorani : The Goddess of Food » qui retrace le parcours d'une jeune fille qui aspire à devenir le meilleur chef cuisinier de l'Inde, a été retiré début janvier de la plateforme Netflix après une campagne des nationalistes hindous. Ceux-ci stigmatisent les scènes qui montrent la consommation de viande ainsi qu'une idylle entre l'héroïne hindoue et un jeune homme musulman. En décembre, le Washington Post avait rapporté que Netflix et la plateforme Amazon Prime avaient écarté plusieurs projets en Inde pour ne pas heurter les sentiments des hindous dans ce pays officiellement laïc.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 22/01/2024 à 11:44
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Un article où l'on apprend beaucoup, merci. On peut aussi se dire que l'Inde étant le nouvel eldorado des actionnaires esclavagistes du monde entier ils ont intérêt à garder leurs entreprises au lieu de les vendre à des puissances financières dont en...

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