Depuis quelques mois, le gouvernement américain s'efforce de convaincre ses alliés européens de renoncer aux services du chinois Huawei pour construire leur réseau 5G, pointant des risques en matière de cybersécurité et n'hésitant pas à taper du poing sur la table pour se faire entendre. Dans un discours prononcé en Hongrie en février dernier, Mike Pompeo, secrétaire d'État de l'administration Trump, a ainsi affirmé que son pays pourrait refuser de déployer des troupes dans les pays travaillant avec Huawei. L'ambassadeur des États-Unis en Allemagne, Richard Grenell, s'est quant à lui fendu d'une lettre menaçante adressée au gouvernement allemand, dans laquelle il affirme que Washington pourrait limiter drastiquement le partage d'informations stratégiques avec l'Allemagne si celle-ci ne renonçait pas à collaborer avec Huawei autour de la 5G.
Acronyme désignant la cinquième génération de standards pour téléphonie mobile, la 5G incarne une nouvelle étape dans l'histoire des télécommunications. 100 fois plus rapide que la 4G, elle promet de révolutionner l'Internet des objets, avec des usages autour de la robotique, des infrastructures connectées et de la voiture autonome. Les premiers smartphones équipés de la 5G doivent être mis sur le marché dans le courant de l'année.
La force des firmes chinoises: une meilleure qualité à moindre prix
Officiellement, Washington affirme que travailler avec Huawei poserait de sérieux problèmes en matière de cybersécurité, du fait des liens étroits qui unissent l'entreprise au gouvernement chinois. L'administration Trump dénonce ainsi une loi récemment mise en place dans l'empire du Milieu, obligeant les entreprises des nouvelles technologies à échanger des informations avec le gouvernement. Selon Washington, cette loi permettrait à Pékin d'espionner individus, entreprises et gouvernements des pays où Huawei serait impliqué dans la construction des infrastructures 5G.
Mais beaucoup voient derrière cet argument sécuritaire une guerre commerciale déguisée. Si plusieurs grandes entreprises américaines, dont Verizon et AT & T, comptent bien offrir l'accès à la 5G dès cette année, elles ne sont pas compétitives face aux entreprises chinoises comme Huawei, qui promettent un service de meilleure qualité à des prix plus faibles, et sont déjà bien implantées en Europe.
Investissements chinois: Merkel et Macron sur la même ligne
Pour l'heure, aucun pays européen n'a cédé aux pressions américaines (à l'inverse de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, qui ont toutes deux banni l'entreprise de leurs réseaux 5G). Lors de la récente visite de Xi Jinping sur la Côte d'Azur, Emmanuel Macron a affirmé que les investissements chinois étaient les bienvenus en France, tandis qu'Angela Merkel assurait que l'Allemagne n'exclurait pas Huawei des appels d'offres pour les contrats 5G.
Un rapport émis par le gouvernement britannique a, quant à lui, pointé des défaillances de sécurité dans les produits Huawei, mais sans lier ces dernières à une quelconque malveillance du gouvernement chinois, et Theresa May a annoncé que son pays travaillerait avec Huawei pour construire son réseau 5G. La Chine semble donc bel et bien partie pour remporter la guerre de la 5G en Europe, au grand dam de Washington.
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