Au sortir du RER A, la gare de Noisy-Champs, en Seine-Saint-Denis, apparaît comme un point névralgique du Grand Paris Express (GPE). Ce terminus de la future ligne 15 Sud, l'une des quatre nouvelles lignes de ce projet titanesque à 40 milliards d'euros, est déjà coiffé d'une immense double spirale, œuvre de l'architecte Jean-Marie Duthilleul. La gare, que ce dernier a également signé, est extérieurement en partie en travaux. Mais impossible, pour le voyageur, de se douter de ce qui se passe sous terre, où l'essentiel du chantier se déroule.
Plusieurs dizaines de mètres plus bas, la future ligne 15 Sud est déjà bien avancée. Les tunnels ont été creusés, les voies ont été posées. Longue de 33 kilomètres et comptant 16 gares jusqu'à Pont de Sèvres, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) cette nouvelle artère doit entrer en service fin 2025. Elle sera, aussi, la première du GPE, qui n'est autre que le plus grand chantier d'infrastructures d'Europe, à être entièrement connectée en 5G.
Des antennes tous les 200 à 300 mètres
Les techniciens et ouvriers de Totem, la filiale d'Orange dédiée aux tours télécoms, ont commencé à y déployer cette technologie. Celle-ci doit permettre d'apporter partout une connectivité dernier cri aux voyageurs. Thierry Papin, le président de Totem, explique que des « points d'émission », des infrastructures dotées de quatre antennes-relais, sont installées tous les 200 à 350 mètres selon les besoins. Tous ces équipements sont reliés entre eux par des autoroutes de fibre optique.
Aux yeux de Thierry Papin, ce déploiement, dont il refuse de préciser le coût, a tout d'un défi. « C'est complexe parce que nous devons travailler sur un chantier où des trains circulent, et où bien d'autres ouvriers sont présents », détaille-t-il. Le déploiement a aussi été pensé pour apporter une connexion Internet stable et sans coupure à des clients dans des rames qui circuleront en moyenne entre 55 et 65 km/h, avec des pointes à 110 km/h. C'est bien plus rapide que les trains des lignes parisiennes les plus anciennes, qui n'excèdent, pas, en moyenne, les 27 km/h.
Ne pas perturber les systèmes des trains
Le travail de Totem ne s'arrêtera pas au déploiement du réseau. A l'instar des nouvelles lignes 16, 17 et 18 également en construction, les trains seront, ici, complètement automatisés grâce à un système de communication sans fil indépendant. Les ingénieurs de Totem devront, via une batterie de tests, impérativement s'assurer que le nouveau réseau 5G ne le perturbera pas.
Totem n'est pas le seul acteur du mobile à déployer la 5G sur le Grand Paris Express. D'autres cadors du mobile sont également sur le pont. D'après Thierry Montalant, responsable de l'unité numérique au sein de la Société des grands projets (SGP), qui a la charge du GPE, les lignes 16 et 17 sont équipées par l'espagnol Cellnex. La Ligne 18, elle, est la chasse gardée de TDF. Au final, l'ambition est d'apporter le très haut débit mobile sur l'intégralité de ce réseau. Long de 200 kilomètres et desservant 68 nouvelles gares, celui-ci nécessitera d'installer pas moins de 5.000 antennes-relais. Les Totem, TDF et Cellnex ont, en clair, du pain sur la planche.
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