La 5G a-t-elle, enfin, trouvé son public ? C'est ce que laisse penser la dernière étude de l'Arcep sur le marché des télécoms en France. Au quatrième trimestre 2022, le régulateur a recensé quelque 8,2 millions d'utilisateurs actifs sur les réseaux 5G. Ce chiffre est surtout en forte progression. Ce sont 2 millions d'utilisateurs supplémentaires par rapport au trimestre précédent. Un record depuis le lancement de cette technologie en novembre 2020.
(Crédits: Arcep)
S'agit-il du point de bascule que les opérateurs comme Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free, qui dépensent chaque année des milliards d'euros pour déployer ces nouveaux réseaux, attendaient tant ? Possible. Jusqu'à présent, la 5G a surtout fait l'objet de critiques, voire de railleries. Certains estiment notamment que ses performances en matière de débits ne constituent pas franchement un argument suffisant pour inciter les clients à s'y convertir. La 4G est, aujourd'hui, jugée très efficace, y compris pour les usages les plus « datavores », comme le streaming ou les jeux en ligne.
« Rendez-vous en 2023 »
La faible appétence des clients pour la 5G plusieurs mois après son arrivée n'a guère surpris Orange. En juin 2021, Michaël Trabbia, le directeur de l'innovation de l'opérateur historique, rappelait à La Tribune « qu'au début, il est normal que le démarrage soit lent, qu'il y ait peu de volumes ».
« Pour que les clients passent à cette technologie, encore faut-il qu'ils disposent d'un terminal compatible, précisait-il. Or, nous n'en changeons pas tous les mois. »
A l'époque, le dirigeant affirmait que les choses allaient « s'accélérer ». « Cela deviendra exponentiel », renchérissait-il, promettant une vitesse d'adoption « supérieure à celle des générations précédentes », et de donner « rendez-vous en 2023 ».
La 5G suscite-t-elle, alors, davantage d'engouement que la 4G à son lancement ? Il est, en réalité, difficile de répondre à cette question. Le démarrage de la 4G a été très long avant que le nombre d'utilisateurs n'explose. SFR et Orange ont été les premiers à proposer cette technologie en novembre 2012. Mais la portée de leurs offres était pour le moins limitée. Celles d'Orange se limitaient alors à une poignée de villes (Marseille, Lyon, Lille, Nantes, mais pas Paris) et ne s'adressaient qu'aux entreprises. Celles de SFR, elles, concernaient également le grand public. Mais elles n'étaient disponibles que dans la capitale des Gaules.
Quand Bouygues et Free lançaient la bataille de la 4G
Les deux géants des télécoms françaises se sont, ensuite, contentés d'ouvrir progressivement leurs réseaux dans plusieurs villes à leur rythme, en prenant leur temps... Jusqu'à l'arrivée fracassante de Bouygues Telecom. Au mois d'octobre 2013, soit un an plus tard, l'opérateur de Martin Bouygues dégaine ses offres lors d'une soirée en grande pompe, place Vendôme à Paris. Celui-ci annonce couvrir pas moins de 63% de la population, quand Orange et SFR n'était respectivement qu'à 45% et 40%.
Bouygues Telecom avait, quelques mois plus tôt et au grand dam de ses rivaux, décroché l'aval de l'Arcep pour émettre en 4G sur des fréquences auparavant utilisées pour le GSM. Dans la foulée, peu avant Noël, Free, alors petit nouveau dans le mobile et que personne n'attendait aussi tôt sur la 4G, allume lui aussi son réseau, et casse les prix en facturant cette technologie au prix de la 3G.
Cette fin d'année 2013, animée donc, peut être considérée comme le vrai démarrage de la 4G en France. L'Arcep ne comptabilise, d'ailleurs, les utilisateurs actifs sur cette technologie qu'à partir du premier trimestre 2014. Il en décompte, à cette période, 3,7 millions. Il faudra attendre six mois supplémentaires - soit un an après le vrai coup d'envoi général - pour atteindre les 7,8 millions d'utilisateurs. Soit un niveau comparable à celui de la 5G aujourd'hui.
On notera, tout de même, que l'adoption de la 4G a ensuite été ébouriffante, avec des gains d'utilisateurs titillant les 2,5 à 3 millions à chaque trimestre. Fin 2015, ils étaient pas moins de 22 millions à s'être convertis à cette technologie. La 5G peut-elle faire aussi bien ? Voire mieux ? Les prochaines études de l'Arcep seront, sous ce prisme, particulièrement éclairantes.
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