Huawei taille dans ses effectifs aux Etats-Unis et mise sur l’Europe

Le géant chinois des télécoms et des smartphones, qui essuie les foudres de Washington sur fond de soupçons d’espionnage, va supprimer des effectifs aux Etats-Unis. En parallèle, Huawei a annoncé de gros investissements en Italie.
Pierre Manière
Ce lundi, Huawei a annoncé de gros investissements en Italie, à hauteur de 3,1 milliards de dollars.
Ce lundi, Huawei a annoncé de gros investissements en Italie, à hauteur de 3,1 milliards de dollars. (Crédits : Rodrigo Garrido)

La séquence illustre la stratégie de Huawei. En grande difficulté aux Etats-Unis, le fleuron chinois des télécoms et des smartphones a décidé, selon le Wall Street Journal, de tailler à la hache dans ses effectifs outre-Atlantique. Dimanche dernier, le quotidien américain a affirmé que ces suppressions de postes, qui pourraient s'élever à plusieurs centaines, devraient toucher Futurewei Technologies, un centre de recherche et de développement du groupe chinois, qui compte 850 collaborateurs. Les employés chinois se sont vu offrir la possibilité de rentrer au pays afin de préserver leur emploi.

Depuis des mois, Huawei est confronté à une fronde de Washington, qui le soupçonne d'espionnage pour le compte de Pékin. Les Etats-Unis ont d'abord banni Huawei du marché de la 5G, la prochaine génération de communication mobile. Les services de renseignement américains craignent que les infrastructures du groupe chinois soient détournées de leur fonction, et soient utilisées par Pékin à des fin d'espionnage ou de cyberattaques. Mais Donald Trump est allé plus loin. Au printemps dernier, dans un contexte de guerre commerciale et économique avec la Chine, il a décidé d'interdire à Huawei de se fournir en technologies américaines.

L'Europe, un marché clé pour Huawei

Depuis, le locataire de la Maison Blanche a quelque peu adouci sa position. Il a permis aux entreprises américaines de vendre certains composants électroniques au dragon chinois. Mais les relations entre les Etats-Unis et Huawei demeurent extrêmement tendues. Les Etats-Unis mènent un intense lobbying anti-Huawei sur le Vieux Continent. Le pays de l'Oncle Sam cherche à convaincre ses alliés européens de bannir, comme lui, le groupe chinois du marché de la 5G. Si Washington arrivait à ses fins, cela porterait un très rude coup à Huawei, qui est leader dans cette technologie où il a énormément investi ces dernières années.

De son côté, Huawei multiplie les interventions et déclarations en Europe pour rassurer sur ses produits. Après avoir perdu les Etats-Unis, il ne veut surtout pas être défait sur le très stratégique Vieux Continent. Il met maintenant les bouchées doubles pour préserver, voire renforcer, ses positions. Ce lundi, Huawei a annoncé d'énormes investissements en Italie, à hauteur de 3,1 milliards de dollars. Thomas Miao, le directeur général de Huawei Italia, a détaillé ce programme :

« Ces trois prochaines années, nous investirons 1,9 milliard de dollars en Italie pour l'acquisition de fournitures, et 1,2 milliards de dollars en opérations et en marketing, avec 52 millions de dollars en recherche et développement », a-t-il affirmé.

Plusieurs pays européens restent méfiants

Ces investissements permettront de créer 1.000 emplois directs et 2.000 emplois de manière indirecte, promet le dirigeant. Lequel jure que les déboires du groupe aux Etats-Unis n'ont pour l'heure pas de conséquence sur ses affaires italiennes.

« Jusqu'ici, nous menons nos activités comme avant, a-t-il lancé. Nous parlons avec nos partenaires comme avant », a-t-il lancé.

La partie est toutefois loin d'être gagnée pour Huawei en Europe. Plusieurs pays, comme la France, restent méfiants à l'égard du groupe chinois. Dans l'Hexagone, l'exécutif a récemment choisi de limiter l'influence de Huawei dans les prochains réseaux 5G via la loi. Le géant chinois marche désormais sur des œufs.

Pierre Manière

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Commentaires 3
à écrit le 18/07/2019 à 8:20
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Les américains sont contents leur plein emploi raréfiant la main d'oeuvre. Hé oui tout est bien plus facile au sein d'une économie prospère.

à écrit le 17/07/2019 à 16:38
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il faut exiger qu'ils fassent des coentreprises qu'ils detiendront a 49% et ou ils feront les transferts de technologie en europe ah, le vent tourne! a nous d'appliquer les memes methodes au nom de notre exception culturelle!

le 18/07/2019 à 11:25
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La Chine promettait entre autres le futur premier marché mondiale avec 1.4 milliards de consommateurs et un coût de fabrication bien inférieur pour réexporter vers les autres pays en échange des co-entreprise. La France, elle propose quoi ?

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