De toutes les dispositions attaquées par les pourfendeurs de la loi Macron, votée le 10 juillet dernier, l'article 129 est certainement celui qui a fait le moins de bruit. Et pourtant... Ce texte, qui modifie l'article L35-1 du Code des postes et des communications téléphoniques, officialise une petite révolution. Il signe définitivement l'arrêt de mort des cabines téléphoniques, déjà bien entamé ces dernières années. Comme l'a révélé le Parisien le 17 octobre, ce sont ainsi pas moins de 41.300 cabines téléphoniques - soit la totalité du parc français - qui seront conduites à la décharge d'ici à... la fin 2017.
1 minute d'utilisation par jour et... par cabine
En supprimant du service universel des télécommunications l'obligation d'assurer la gestion des cabines, la loi du 6 août 2015 a répondu à une demande persistante d'Orange qui dénonce depuis plus de 5 ans les frais élevés de maintenance et l'absence de rentabilité des cabines qu'il est chargé d'entretenir.
En 2014, leur gestion aura coûté 8 millions d'euros à l'opérateur, contre 14 millions l'année précédente. Question rentabilité, les résultats n'y sont pas. Selon l'opérateur cité par Le Parisien, "la moyenne d'utilisation est de moins d'une minute par jour et par cabine" et la fréquentation aurait chuté de 95% entre 2000 et 2013... En comparaison, en 1997 et bien avant le déferlement de la téléphonie mobile sur la France, le pays comptait pas moins de 300.000 cabines.
L'opérateur a donc tout à y gagner. En contrepartie, Orange s'est engagé avec les autres grands opérateurs français à couvrir les zones blanches de l'Hexagone, c'est-à-dire les bourgs et villes où le mobile ne passe toujours pas.
Quid de l'élargissement de la couverture mobile?
Si certains élus et responsables d'associations s'inquiètent de voir disparaître ces figures familières du paysages urbain - seul rempart fiable en cas de coupure électrique, disent certains - c'est aussi sur la couverture des zones blanches que la menace plane. En effet, à la mi-septembre, les trois opérateurs historiques - dont Orange - menaçaient déjà de ne pas appliquer leur engagement respectif à couvrir les fameuses zones blanches, suite à l'annonce d'une augmentation de la taxe sur les fournisseurs d'accès à internet pour financer l'audiovisuel public. Reste à voir si la possibilité ouverte à Orange d'abandonner les coûteuses cabines, suffira à faire passer la colère de son patron Stéphane Richard, qui voyait en la "taxe télécoms" - encore en septembre dernier - une "forme de mépris" contre son secteur.
Sujets les + commentés